"Volonté d'amnésie" ou "mépris" : un sénateur s'interroge sur la défense de Michel Aubier, jugé pour avoir menti sous serment sur ses liens avec Total
Le professeur Michel Aubier est jugé pour ne pas avoir déclaré sous serment avoir été rémunéré par le groupe Total, devant une commission sur la pollution de l'air. Pour le sénateur Jean-François Husson, président de cette commission, "il faut faire attention à ne déplacer le problème".
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Le procès du pneumologue Michel Aubier s'ouvre mercredi 14 juin au tribunal correctionnel de Paris. Le médecin est accusé d'avoir menti sous serment en 2015 devant une commission d'enquête menée par le Sénat. Le professeur Michel Aubier avait assuré qu'il n'avait pas de liens avec l'industrie pétrolière. Or, il était salarié par le groupe Total depuis 1997.
Le Sénat s'est porté partie civile dans l'affaire. Jean-François Husson, sénateur de la Meurthe-et-Moselle, est le président de la commission sénatoriale qui a enquêté sur le coût économique et financier de la pollution de l'air."Vous devinez que quand une personne prête serment devant les représentants d'une des deux assemblées parlementaires, vous êtes un peu K.-O. debout" au moment d'apprendre, via les médias, qu'elle a pu mentir sous serment, a-t-il confié mercredi sur franceinfo. Le professeur Michel Aubier avait prêté serment devant la commission, et assuré qu'il n'a "aucun lien d'intérêt avec les acteurs économiques".
L'avocat du professeur Aubier, maître François Saint-Pierre, a qualifié l'affaire d'"absolument ridicule" et maintient que Michel Aubier a exercé au sein de l'entreprise Total un travail de médecin, sans lien direct avec les intérêts pétroliers. "Quand on vient devant la justice pénale, c'est une épreuve de vérité, a prévenu Me Saint-Pierre. Et je pense que le Sénat a mal réfléchi aux conséquences de sa plainte."
Le sénateur Jean-François Husson conteste cette ligne de défense et rappelle que le Sénat, dans le cadre de la commission d'enquête, agit "en toute objectivité". "Il n'y a eu absolument aucune pression. Le rôle de la commission d'enquête, c'est évidemment d'assurer la crédibilité et le sérieux des travaux.
J'ai le sentiment qu'il y a dans les propos de la défense une volonté d'amnésie et de déplacer le problème. J'espère que ce n'est pas du mépris.
Jean-François Hussonà franceinfo
"Il faut faire attention à ne déplacer le problème, a expliqué Jean-François Husson. Que la défense réponde à la question : est-ce qu'après avoir avoué sa faute, il y aurait une rétractation du professeur Aubier ? Je n'en ai pas le sentiment. Le professeur Aubier n'est pas revenu sur son aveu."
Le sénateur Jean-François Husson défend les travaux de la commission d'enquête du Sénat : "Nous avons procédé à plus de 70 auditions, des spécialistes, des experts, des acteurs du monde économique. Le coût économique et financier de la pollution a été évalué à 100 milliards d'euros par an en France. Si on veut balayer d'un revers de main ce type de faute, c'est dangereux. Nous avons besoin de nous assurer que [l'omission du professeur Aubier] n'a pas entaché la qualité et le sérieux des travaux que nous conduisons en toute objectivité et en toute indépendance."
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