Si l'on arrêtait d'émettre des gaz à effet de serre, combien de temps faudrait-il pour que le climat revienne à la normale ? OnVousRépond Climat
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Faisons un rêve : imaginons que, d'un coup de baguette magique, l'humanité stoppe du jour au lendemain ses émissions de gaz à effet de serre. Au bout de combien de temps le climat de la planète reviendrait-il à la situation d'avant la révolution industrielle ? Notre climatologue Christophe Cassou vous répond.
C'est évidemment impossible, mais imaginons. Demain, d'un coup, toutes les émissions d'origine humaine de gaz à effet de serre s'arrêtent. Ni CO2 issu des transports, de la déforestation ou du chauffage. Ni méthane généré par les fuites de l'extraction d'hydrocarbures, ou par l'élevage bovin pour la consommation de viande et de lait de plus de huit milliards de personnes. La planète, évidemment, ne s'en porterait que mieux. Mais en combien de temps retrouverait-elle son climat « naturel », celui d'avant toutes ces activités humaines ?
Une stabilisation... mais pas plus
« Nous, climatologues, nous sommes posé cette question », admet Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS. Et il se trouve que « grâce à nos modèles climatiques, on peut montrer » ce qui se passerait.
Tout d'abord, « la température globale de la planète se stabilise immédiatement ». Immédiatement à l'échelle du climat bien sûr, c'est-à-dire « dans les deux ou trois ans qui suivent ». Idem pour les événements extrêmes : « les chaleurs extrêmes, les pluies diluviennes, se stabilisent également, et en intensité et en fréquence ». Mais attention, il s'agit bien d'une simple stabilisation : la situation cesse de s'aggraver d'année en année, mais pas plus.
On ne pourra pas revenir en arrière.
Christophe Cassou, climatologue
En effet, malgré ces points positifs, « on ne pourra pas revenir en arrière », explique Christophe Cassou, car la pollution générée par l'homme a des effets qui mettront très longtemps à disparaître. Ainsi, « le niveau de la mer va continuer à augmenter sur des milliers d'années, du fait de l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère ».
Les forêts et les océans, si tout se passe bien, absorberont certes peu à peu le stock de CO2 déjà émis par l'humanité. Donc le niveau de ce gaz baissera dans l'atmosphère, mais cela prendra beaucoup de temps. La température de la planète baisserait ensuite à son tour, et la fonte des glaces, qui alimente actuellement la hausse des mers, finirait par retrouver son rythme « naturel », celui d'avant le XIXe siècle.
Ne pas baisser les bras
En résumé, retenons donc que même si les émissions humaines de gaz à effet de serre s'arrêtaient, le stock de ces gaz qui se trouve actuellement déjà dans l'atmosphère continuerait à produire ses effets délétères. Faut-il alors baisser les bras ? Non ! Car plus nous faisons d'efforts, plus la hausse des températures sera limitée.
On pourrait même imaginer une reforestation massive qui, elle, retirerait bien du CO2 de l'atmosphère et, par conséquent, pourrait faire baisser les températures assez vite. Hélas, en France déjà la forêt se porte mal, et surtout la déforestation dans les pays tropicaux n'a jamais été stoppée : si cette solution du reboisement pourrait en théorie fonctionner, nous n'en prenons malheureusement pas le chemin...
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