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Reportage "Demander à Dieu qu’il fasse plus que nous" : face à la sécheresse, des habitants de Barcelone prient tous les soirs pour le retour de la pluie

Des fidèles catholiques de la capitale catalane s’en remettent désormais à la religion pour mettre fin à la sécheresse qui frappe la région. Depuis quelques jours, un petit groupe se réunit tous les soirs dans une église pour prier.

franceinfo - Henry de Laguérie

Radio France

Publié le 06/03/2024 08:54 Mis à jour le 06/03/2024 10:40

Temps de lecture : 3min

Un petit groupe de fidèles se réunit tous les soirs dans cette église de Barcelone pour demander le retour de la pluie. (Henry de Laguérie)

"Fait en sorte que la pluie, si désirée, tombe du ciel sur la terre aride." Devant une vingtaine de fidèles, au pied de la croix du Christ du sang, le prêtre implore le retour de la pluie. Depuis quelques jours, des fidèles se réunissent tous les soirs dans cette basilique de style gothique de Barcelone, à quelques mètres de la Rambla, pour demander à Dieu le retour de la pluie. Cela fait trois ans qu’il ne pleut pas ou du moins pas assez en Catalogne. Les autorités ont déclaré l’état d’urgence et limitent drastiquement la consommation en eau.

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"Indépendamment des gestes qu’on réalise à titre individuel pour économiser l’eau, qu’est-ce qu’on peut bien faire de plus en tant que chrétien ?, interroge Albert Cortes, le sacristain de la basilique Santa Maria del Pi. Et bien on peut demander à Dieu qu’il fasse plus que nous !" Cela fait près de 70 ans que ces rogations n’avaient plus lieu ici. Pour Emili Tost c’est avant tout un moment de recueillement : "Je ne vois pas cela comme de la superstition, c’est plutôt un moment de réflexion. On doit être conscient d’une chose : les êtres humains, nous ne détruisons pas la planète. En réalité, nous sommes en train de nous détruire nous-mêmes."

Ce tract annonce des prières pour la pluie, le 9 mars 2024, à Barcelone. (Henry de Laguérie)

"C'est très préoccupant"

La région affronte la sécheresse la plus grave de son histoire récente. Les parcs et les jardins ne sont plus arrosés, les fontaines et les douches à la plage sont fermées. Les habitants doivent limiter au maximum leur consommation en eau. "Ça me fait vraiment souffrir, se désole Quim Puigventos, la trentaine, qui participe tous les soirs à la prière. Des sécheresses aussi graves que celle-là, on en a déjà vécu et même des pires. Mais à l’époque, en Catalogne, il n’y avait qu’un million d’habitants. Aujourd’hui, on est 8 millions ! Comment on fait pour répartir entre 8 millions de personnes la même quantité d’eau que celle qu'on avait pour un million de personnes ? C’est préoccupant, très préoccupant."

En Catalogne, il y a de moins en moins de croyants mais ces prières pour la pluie sont bien accueillies par les élus politiques de tous bords. "Je ne suis pas croyant et en tant que politique, face au manque de pluie, je dois penser à des plans B. Mais ces prières sont les bienvenues ! Que tout le monde aille prier pour la pluie !", commente Isaac Salvatierra, engagé à gauche et dirigeant de Tiana, une ville en banlieue de Barcelone, particulièrement touchée par le manque d’eau. Cette semaine de prière se conclura, samedi, par une procession avec la croix du Christ du sang au cœur du quartier gothique.

Face à la sécheresse, des habitants de Barcelone prient tous les soirs pour le retour de la pluie. Le reportage d'Henry de Laguérie