Reportage "C'est invivable, insupportable" : dans le Tarn, un village coupé en deux par l'A69 attend la décision de la cour administrative d'appel

La cour administrative d'appel de Toulouse examine à partir de 10h, mercredi, le recours de l'Etat pour reprendre le chantier de l'autoroute A69, à l'arrêt depuis fin février.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le village tarnais de Saint-Germain-des-Prés, coupé en deux par le chantier de l'A69, le 5 janvier 2025. (ED JONES / AFP)
Le village tarnais de Saint-Germain-des-Prés, coupé en deux par le chantier de l'A69, le 5 janvier 2025. (ED JONES / AFP)

C'est une décision très attendue par les habitants de Saint-Germain-des-Prés, dans le Tarn – village de 900 habitants traversé par le chantier de l'A69. La cour administrative d'appel de Toulouse examine à partir de 10h, mercredi 21 mai, une demande de l'Etat pour reprendre les travaux de cette portion d'autoroute de 50 km entre Toulouse et Castres. Le chantier est à l'arrêt depuis fin février après une décision du tribunal administratif de Toulouse qui avait annulé. L'État demande plus précisément un "sursis à exécution", qui permet de suspendre les effets d'un jugement dans l'attente de l'audience en appel.

"On a coupé le village en deux. C'est le mur de Berlin votre autoroute !", s'amuse Gérald, un habitant de Saint-Germain-des-Prés qui préfère rire de cette balafre dans la campagne qui sépare le centre du village d’une partie de ses hameaux, même si elle l’oblige à faire des détours.

Plus sérieux, le maire Raymond Frede regrette, lui, que l'arrêt des travaux ait aussi provoqué une pause dans la construction du pont tout neuf qui devait enjamber l'autoroute et résoudre tous ses problèmes. "De l'autre côté, il y a des hameaux. La route, elle est fermée", explique l'élu. "Au lieu d'avoir 500 mètres ou 1 km, ils font 5 ou 6 km. Il n'y a plus d'accès", précise-t-il.

"Il est temps que ça s'achève. On ne peut pas rester comme ça. Même les gens qui étaient anti-autoroute s'en aperçoivent maintenant. Il faut en finir. On ne peut pas laisser un chantier comme ça."

Raymond Frede

à franceinfo

"Des ennuis permanents"

En attendant, la plupart des villageois font des détours pour amener les enfants a l’école par exemple, même si certains préfèrent prendre des raccourcis. "On a pris le parti récemment, depuis que les travaux sont arrêtés, de prendre le chemin qui continue jusqu'au rond-point", confie Aurore. "Évidemment, il est un peu défoncé... On n'a peut-être pas le droit, mais on le prend", ajoute-t-elle.

Tous ici attendent la décision de la cour administrative d’appel de Toulouse. Membre de l’association des opposants, Saint-Germain sans bitume, Marie-Claude aimerait en finir une fois pour toutes. "On ne sait pas du tout comment ça va tourner, souligne cette habitante. On ne sait pas, parce qu'on nous souffle le chaud et le froid en même temps. Toutes les semaines, il y a des nouvelles informations."

Pour Marie-Claude, comme pour beaucoup d'autres, le chantier de l'A69, "depuis le début, ce sont des ennuis permanents", mais aussi "des tensions" entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. "Et puis, les travaux, c'est une abomination : des centaines de camions qui passent toute la journée sur ces routes, qui défoncent les routes... Quand il pleut, c'est invivable. C'est insupportable", explique Marie-Claude.

Dans son avis communiqué lundi 19 mai aux différentes parties, le rapporteur public, magistrat ayant vocation à éclairer la juridiction saisie et dont les positions sont en général suivies, s'est prononcé en faveur d'une reprise du chantier.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.