Un rapport défend l'action des agents de l'Office français de la biodiversité, "boucs émissaires" de la crise agricole

Les agents de l'OFB, dont l'action est critiquée par des responsables politiques et syndicats agricoles, manifestent vendredi lors d'un mouvement de protestation inédit. Un rapport d'inspection interministériel, dévoilé par le média Contexte, remet en cause la mauvaise image des inspecteurs de l’OFB.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le logo de l'Office français de la biodiversité (OFB). Photo d'illustration. (RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)
Le logo de l'Office français de la biodiversité (OFB). Photo d'illustration. (RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)

Ils veulent faire entendre leur "mal-être" devant les préfectures. Les agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) lancent vendredi 31 janvier un mouvement de contestation inédit et très suivi, avec des grèves et des manifestations un peu partout sur le territoire. Depuis plusieurs mois, l'action de ces inspecteurs, chargés notamment de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, est remise en cause par plusieurs syndicats agricoles. Mais aussi par des responsables politiques, à commencer par le Premier ministre François Bayrou.

"Quand les inspecteurs de l'OFB viennent inspecter le fossé ou le point d'eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c'est une humiliation. Et c'est donc une faute", a déclaré le Premier ministre lors de son discours de politique général, il y a 15 jours.

Un rapport ministériel rendu cette semaine rapporte une tout autre vision de la situation entre les agences de l'environnement et les agriculteurs. Les ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique ont lancé début novembre une mission. L'objectif de cette mission flash était de savoir comment les inspecteurs de l'OFB se comportent réellement sur le terrain. Les conclusions, révélées par le média Contexte, sont loin de cette attitude de "cow-boy" dénoncée par François Bayrou.

Un effet de loupe sur les réseaux sociaux

Depuis 2020, c'est-à-dire en cinq ans, les contrôles de l'OFB ont occasionné 180 situations conflictuelles sur un total de 400 000 contrôles. Ce qui revient à seulement 0,045 % de comportements inadéquats de la part des inspecteurs. Sachant qu'un précédent rapport avait déjà montré que ces contrôles sont très rares. En 2023, seul un exploitant sur dix en moyenne avait reçu la visite d'un inspecteur.

Selon les auteurs, il y a eu un effet loupe des réseaux sociaux. Les témoignages de contrôles qui se passent mal ont alimenté "l'image d'un office français de la biodiversité répressif". L'OFB, comme l'Inrae (l’Institut national de la recherche agronomique) ou l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), autres agences publiques, sont les "boucs émissaires" d'un malaise agricole, dit encore le rapport. Un malaise lié, principalement, aux difficultés économiques que vivent les agriculteurs. Et puis, si les inspecteurs ont une mauvaise image, c'est aussi parce qu'ils incarnent ces nouvelles normes et ces règlements que certains agriculteurs contestent de manière virulente.

Cette mission flash fait plusieurs recommandations comme améliorer la compréhension et l'acceptation des normes environnementales avec une communication spécifique par département, pour désamorcer les points qui localement "irritent" les agriculteurs. Une autre piste consiste à organiser des "tours de ferme" afin que les policiers de l'environnement rencontrent un maximum d'exploitants agricoles. Une manière, espère le rapport, de dédramatiser les futurs contrôles.

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