"Ça ouvre la voie à un Far West en haute mer" : pourquoi l’exploitation minière des fonds marins envisagée par Trump inquiète
Le plancher océanique pourrait bientôt être exploité par les États-Unis, Donald Trump ayant signé un décret allant dans ce sens. Une mesure qui suscite l'ire des défenseurs de l'environnement.
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C'est un vrai passage en force de la part du président américain. Donald Trump ordonne d'accélérer le développement des moyens pour explorer et exploiter les fonds marins, notamment dans les eaux internationales. Un décret signé jeudi 24 avril par le pensionnaire de la Maison-Blanche remet directement en cause l'Autorité internationale des fonds marins.
Les fonds marins sont des zones difficiles d'accès, mais qui regorgent de ressources stratégiques : nickel, cobalt, manganèse. Ces minerais sont condensés dans ce que l'on appelle les nodules polymétalliques, des sortes de galets de métaux qui tapissent les fonds marins. On les retrouve essentiellement dans le Pacifique, entre 4 000 et 6 000 mètres de profondeurs.
Ces minerais sont incontournables pour les nouvelles technologies, notamment pour la fabrication de batteries de voiture électriques. Avec ce décret, Donald Trump permet donc à l'entreprise incontournable du secteur, la canadienne The Metals Company, de déposer officiellement une demande d'exploitation pour entamer un processus d'extraction sous-marine.
"On peut craindre que cela ouvre une brèche"
Ce décret de Donald Trump intervient dans un contexte bien particulier, car les pays du monde entier négocient depuis de longues années pour élaborer un code minier qui encadrerait cette pratique aujourd'hui interdite. Une nouvelle session décisive doit avoir lieu au début du mois de juillet à l'AIFM, l'Autorité internationale des fonds marins.
Avec ce décret, Donald Trump contourne le droit international selon Anne-Sophie Roux, activiste pour l'océan :"Non seulement les Etats-Unis seraient le premier pays à ouvrir la voie à l'exploitation [minière des fonds marins en eaux internationales] mais aussi, ils le feraient en dehors de tout cadre légal et juridique. On peut craindre que cela ouvre la brèche à d'autres pays qui peuvent se dire, si les Etats-Unis y vont, pourquoi pas nous ? La Russie, la Chine ou l'Inde par exemple. Ce serait le Far West en haute mer".
Un "Far West" qui représente, selon elle, une vraie menace pour l'océan, "ce serait la destruction directe des écosystèmes, la disparition d'espèces pour la plupart encore inconnues des scientifiques. Ce sont aussi des impacts sur des pêches. On va détruire un écosystème qu'on connaît encore très mal, qui est le pilier de la stabilité et de la régulation du climat", conclut l'activiste.
Donald Trump assure qu'il s'agit aussi d'un enjeu de compétitivité, pour contrer l'influence de la Chine dans le domaine des métaux stratégiques. La Chine, de son côté, dénonce une entorse au droit international.
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