Baisse de la consommation des produits bio : la Fondation pour la nature et l'homme pointe du doigt la grande distribution qui "ne joue pas son rôle"

Entre 2020 et 2023, les ventes de produits bio ont baissé de 12% en grande distribution, selon le rapport de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), consulté par France Inter jeudi 11 avril. Pour la FNH, les consommateurs ne sont pas les seuls responsables, la Fédération pointe du doigt en effet la grande distribution qui "ne joue pas son rôle".

La FNH a étudié les stratégies des huit principaux groupes français de distribution qui pèsent, à eux seuls, près de 60% des ventes de produits alimentaires en France. La Fondation a "conduit une revue des documents publics disponibles (rapport d'activité, supports de communication entre autres) et a réalisé des entretiens avec des distributeurs entre décembre 2024 et février 2025". Sur les huit distributeurs étudiés, cinq ont accepté d'y répondre : "Carrefour, Coopérative U, Lidl, Les Mousquetaires-Intermarché et Casino-Monoprix." Pour Aldi, Auchan et Leclerc, "l'évaluation s'est uniquement basée sur les données disponibles publiquement".

"Le bio est sorti de la feuille de route"

Le recul de consommation de bio s'explique en effet par la hausse des prix et les difficultés économiques mais pas seulement. "Comment acheter des produits bio si l'on n'en trouve pas suffisamment en magasin ? S'ils ne sont pas accessibles financièrement ? Ou si les messages publicitaires et promotions mettent en avant d'autres produits ?", questionne la Fondation.

Les résultats de la FNH montrent que sur les huit distributeurs étudiés, aucun n'affiche d'objectifs chiffrés en matière d'agriculture bio : "Le bio est sorti de la feuille de route de la plupart des distributeurs." Cinq sur huit se disent en revanche volontaires pour partager leurs stratégies bio. Globalement, les distributeurs obtiennent donc la note de F pour leur stratégie et transparence en la matière, sur des notes comprises entre A et G.

Concernant la visibilité du bio en magasin, les distributeurs obtiennent la note globale de E. Un sur huit affiche une part de produits bio supérieure à 10% et trois sur huit visibilisent clairement le bio sur les sites et drives. "Trop peu de bio disponible dans les rayons", dénonce la FNH qui ajoute que la "part d'offre connaît une forte diminution depuis la crise (avec notamment 7 à 25% de références bio en moins selon les enseignes entre 2022 et 2023)".

"Fixer, publier et piloter des objectifs ambitieux"

Sur les prix, les enseignes obtiennent la note de D. Deux sur huit ont un écart de prix bio/conventionnel évalué à plus de 70%. La grande distribution obtient ensuite la note de E pour ce qui est de la communication envers les produits bio : sept enseignes sur huit ont dédié moins de 5% de leurs investissements média au bio en 2021. La Fondation souligne que même si l'évaluation "démontre clairement que l'ensemble de la grande distribution est encore loin de prendre sa part [...] quelques démarches de progrès permettent à certaines enseignes de se démarquer".

Toutefois, pour atteindre l'objectif de 21% de surface agricole bio d'ici 2030 - selon les objectifs fixés par la loi d'orientation agricole, il faudra doubler les surfaces agricoles d'ici cinq ans pour atteindre 21% -, la FNH estime "qu'il va falloir multiplier par deux la part de bio dans la consommation à domicile, en passant de 6 à 12%". Pour y parvenir, la FNH fait plusieurs recommandations à destination des distributeurs et décideurs, parmi lesquelles "fixer, publier et piloter des objectifs ambitieux", ou encore "renforcer la communication et la formation sur le label bio". La FNH demande également, entre autres, à l'Etat d'"exiger plus de transparence sur la construction des prix bio envers les industriels et distributeurs", ou encore d'"ancrer l'objectif de 12% des ventes alimentaires biologiques dans la loi".