: Reportage Les magasins bio, comme Biocoop, retrouvent le chemin de la croissance

La filière bio retrouve des couleurs après une chute des ventes pendant la crise inflationniste, quand un consommateur sur deux était freiné dans ses achats à cause du prix. La consommation repart à la hausse, du moins dans les magasins spécialisés, en particulier chez Biocoop, le leader des enseignes bio en France.

Les dirigeants de Biocoop ne boudent pas leur plaisir, avec un chiffre d’affaires proche d'1,7 milliard d'euros en 2024, en hausse de 8,5% par rapport à l'année précédente. Et pour 2025, les prévisions annoncent encore 2 à 3% de progression. Après des fermetures de magasins en série - une quarantaine en 2023 au plus fort de la crise -, il y a eu dix ouvertures l'an dernier.

Les consommateurs achètent donc à nouveau bio, mais pas dans tous les commerces. Au moment de l'envolée des prix, la grande distribution a fait le choix de réduire ses rayons bio, parfois d'un quart. Jusqu'à aujourd'hui, les hypermarchés n'ont pas changé de stratégie et certains clients le regrettent. "Dans les supermarchés, on voit que les rayons sont vraiment réduits, déplore Catherine. C'est dommage parce que les gens les voient moins et y vont moins. Ça ne pousse pas à manger des produits bio."

Le prix reste un frein

Les clients à la recherche de produits bio changent donc de magasin. Ce sont les nouveaux porteurs d'une carte fidélité dans les magasins spécialisés, mais même pour ces consommateurs, le prix reste un frein à l'achat du bio. C'est pourquoi Biocoop annonce une baisse de 7% en moyenne pour 400 produits bio dans le courant du mois d'avril : jus de pomme, riz en vrac, mozzarella, boîte de maïs ou même lessive. Parce qu'il faut encore chouchouter les clients, pas vraiment remis d'une inflation de 20% sur les produits alimentaires.

De son côté, la filière bio dans son ensemble est encore en convalescence. La pente est compliquée à remonter pour les quelque 3 000 fermes bio qui fournissent la coopérative, à tel point que Biocoop a décidé de donner un coup de pouce à ces agriculteurs en difficulté, trois millions d'euros versés en 2024 et la même somme encore cette année.

Un moyen d'aider les fermes bio, qui restent fragiles. "Quand vous avez un marché qui est en difficulté, comme c'était le cas en 2023, les premiers touchés, ce sont évidemment les magasins, mais certains paysans ont été très touchés, avec des baisses de revenus considérables, relève Henri Godron, président de Biocoop. Ils vont globalement mieux, mais on a toujours des difficultés dans certaines filières, pour l'élevage notamment, et c'est lié à une perte de consommation sur les viandes. On a encore des producteurs en difficulté."

On estime qu'en 2023, 5% des fermes en France ont abandonné le bio pour revenir à une agriculture conventionnelle.