: Reportage "Il faut se calmer, ce n'est pas si grave !" : en Belgique, l'introuvable coalition en France fait sourire et rappelle des souvenirs
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Depuis les résultats des législatives, le contexte politique se tend en France, alors qu'un nouveau Premier ministre n'est toujours pas désigné pour former un gouvernement. Une situation familière pour les Belges, qui partagent leur expérience des blocages politiques.
Voilà bientôt une semaine que le gouvernement français gère les affaires courantes et qu'il n'y a pas d'accord de coalition à l'Assemblée nationale. Une situation qui fait sourire nos voisins belges, passés maîtres dans l'art de composer des coalitions qui paraissent improbables. La Belgique a même traversé de très longues périodes sans réel gouvernement : 19 mois en 2010-2011, 22 mois (541 jours) entre 2018 et 2020.
Dans ces conditions, la situation française paraît dérisoire, vue de Bruxelles. Notamment de cette friterie de la place Jourdan, la Maison Antoine, une institution. "Je trouve que c'est rigolo, c'est comme la série Dallas, quand je regarde la télévision en France, plaisante David. Et ça fait des grands débats, on dirait que c'est la fin du monde en France."
"En Belgique ou d'ailleurs dans d'autres pays, on n'atteint pas les trémolos français montés tout de suite au sommet des murs. Mais c'est vrai que c'est une question d'habitude aussi", commente Arnaud, un Français qui travaille à Bruxelles. Et à ce sujet, il a lu un article très partagé qui a été publié dans le journal Le Soir, et qui donne aux Français un petit tutoriel pour réaliser des gouvernements de coalition. "J'ai trouvé que c'était assez bien vu, ce n'est pas méchant mais ça nous charrie bien comme il faut", ajoute-t-il.
Conseils : un château et "commencer petit"
L'auteur de cet article confirme : "J'avais envie de jouer un peu sur une corde très sensible qui est cette rivalité, notamment très footballistique, entre Français et Belges, explique Bernard Demonty, le chef du service politique du quotidien Le Soir. On s'est dit que, ici à Bruxelles, cette donne politique c'est la nôtre depuis très longtemps, il faut se calmer, ce n'est pas si grave ! On a connu des crises extrêmement longues et ce n'est pas après trois jours qu'il faut s'énerver."
"Ma première idée était de dire aux Français de rester zen. Ce n'est pas la catastrophe, ce qu'il vous arrive."
Bernard Demonty, chef du service politique au journal "Le Soir"à franceinfo
Bernard Demonty nous conseille également de trouver un château, parce qu'en Belgique, les responsables politiques trouvent des accords en s'enfermant dans un château, cela fait partie de la scénographie. Enfin, dernier conseil et non des moindres : "Commencez petit !" Une coalition avec deux, trois partis maximum.
Il faut dire que la Belgique vient de connaître une coalition avec de très nombreux partis et cela n'a pas forcément été efficace. Cette coalition, composée de sept partis avec quatre grandes familles politiques, était surnommée la "Vivaldi", en référence aux Quatre saisons du compositeur italien. La comparaison s'arrête là puisque ce gouvernement a connu plein de fausses notes.
Le roi belge, personnage-clé
Avec un tel écart idéologique, difficile de s'entendre. "Là où ça a été le plus compliqué, c'est avec le collègue en charge de l'agriculture, raconte Zakia Khattabi, ministre fédérale du Climat. Quelqu'un de droite à l'agriculture et une Verte aux questions environnementales et climatiques, ce n'est pas simple. Je pensais que l'accord que nous avions me permettrait de traverser [cet obstacle]. Ça n'a pas été le cas."
"Il y a des objectifs que j'ai dû revoir à la baisse et puis il y a quelques victoires que je n'aurais jamais imaginées."
Zakia Khattabi, ministre fédérale du Climatà franceinfo
Zakia Khattabi est toujours en place mais en sursis puisque le 9 juin dernier, en même temps que les élections européennes, il y a eu des élections législatives à la proportionnelle. La gauche a perdu, une coalition de droite est donc en train de se former. Elle est surnommée "Arizona" en référence aux couleurs des différents partis, les mêmes que celles du drapeau de cet État américain.
Cette semaine un négociateur a été nommé par le roi, un personnage-clé dans ces négociations.
"Vous avez [en France] un acteur central, qui est le président de la République, qui est juge et partie dans la discussion actuelle. Alors que le roi, après consultation de l'ensemble du spectre politique, désigne une personnalité qui lui semble faire consensus. Et c'est vrai qu'on n'a encore jamais vu, une fois que le roi désigne quelqu'un, une levée de boucliers de l'ensemble des acteurs qui ne le reconnaît pas. Son intérêt est plus éloigné que celui du président."
Des compromis parfois "un peu mous"
C'est aussi l'une des différences majeures : en Belgique, c'est d'abord le programme de coalition qui est débattu, le nom du Premier ministre est secondaire. Mais malgré ces mois de négociations, ces coalitions hétéroclites ont eu beaucoup de mal à réformer.
"Un problème qu'on a pu observer en Belgique depuis pas mal d'années, c'est la dynamique qui s'est mise en place avec des coalitions qui ne satisfont pas nécessairement largement la population, observe Jean Faniel, directeur général du Centre de recherche et d'information socio-politiques. Parce qu'elles doivent faire des compromis qui sont parfois un peu mous, un peu chèvre-choutistes. Et dès lors, on a vu un renforcement, d'une part de la gauche radicale, et d'autre part, de l'extrême droite."
Jusqu'à présent, les partis d'extrême droite ont toujours été exclus des coalitions. Il y a en Belgique francophone ce qu'on appelle un "cordon sanitaire" politique et médiatique.
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