Jack Lang se souvient du débat Mitterrand-Giscard de 1981 : "Nous étions assez méfiants, nous avions toute une série de conditions"
Jack Lang, ancien ministre de la Culture, avait conseillé François Mitterrand lors du débat du deuxième tour de la présidentielle, en 1981. Il était l'invité de franceinfo mercredi.
Le débat d'entre-deux-tours de la présidentielle a lieu mercredi 3 mai entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Les deux candidats se sont mis d'accord sur la température du studio (environ 19°C) et la largeur de la table (2,50 m). Ils ont aussi choisi les journalistes, tandis que le réalisateur de l'émission sera entouré par un représentant de chacun des candidats.
Beaucoup de ces exigences datent de 1981 et du débat entre François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing. "Nous étions très méfiants", raconte sur franceinfo Jack Lang, qui avait conseillé François Mitterrand. Si l'ancien ministre de la Culture considère que d'habitude ce genre de débat n'a pas beaucoup d'impact sur les électeurs, il estime que celui de 2017 pourrait influencer les électeurs, en particulier les abstentionnistes.
franceinfo : Dans ces débats, le moindre détail compte-t-il ?
Jack Lang : En 1981, nous étions nous-mêmes très méfiants, parce qu'en ce temps-là, le gouvernement exerçait une tutelle assez étroite sur la télévision. Nous avions donc énoncé toute une série de demandes, de conditions. Parmi ces conditions, il y a celle qui est aujourd'hui remise en cause : l'interdiction de plans de coupe. On pensait qu'à travers eux, il y avait le risque que les cameramen ou le responsable de l'émission puisse donner une version déformée de l'image des uns et des autres. Et dans ces cas là, une image vaut tout un discours. Nous avions aussi obtenu que le réalisateur soit choisi d'un commun accord, les journalistes aussi, et que le régisseur soit épaulé par un représentant de chacune de deux équipes.
Ce sont ces règles qui subsistent encore aujourd'hui ?
Absolument. C'est ce qui fait que ce débat présidentiel est à la fois sérieux, solide, et parfois un peu trop classique ou conventionnel.
Des détails ont-ils fait basculer les débats ?
Oui et non. Il y a eu la fameuse formule que nous avions préparée en coulisses pour François Mitterrand s'adressant à Giscard d'Estaing, disant "vous n'êtes pas seulement l'homme du passé, vous êtes aussi l'homme du passif". Je ne sais pas si ce genre de formules qu'on retient souvent change la donne. L'expérience montre, mais ce n'est pas assuré pour le débat de ce soir, que les gens sont décidés, leur opinion est cristallisée et le débat ne fait que confirmer leur sentiment. Ce soir il n'est pas impossible que le débat joue un plus grand rôle qu'à l'accoutumée.
Pour quelle raison le débat de ce soir peut-il jouer un plus grand rôle que d'habitude ?
Parce qu'à la différence des autres scrutins, il y a une zone d'indécision qui est relativement grande, entre les partisans de l'un, les partisans de l'autre, et surtout ces personnes qui hésitent à s'abstenir, ou à voter blanc ou nul. Il n'est pas impossible que ce soir, le débat emporte l'adhésion vers l'un ou vers l'autre de façon beaucoup plus franche.
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