Rassemblement interdit contre l'autoroute A69 : pourquoi la tension autour de la mobilisation de ce week-end est montée d'un cran
La manifestation contre la prolongation de cette infrastructure entre Castres et Toulouse, prévue ce week-end à l'appel d'associations écologistes, a été interdite sur la demande du ministre de l'Intérieur.
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C'est un rassemblement qui s'annonce "particulièrement mobilisateur", selon les renseignements territoriaux. Plusieurs milliers d'opposants écologistes, selon les organisateurs, moins de 2 000 personnes selon la préfecture, ont rejoint Puylaurens (Tarn), samedi 8 juin, pour un week-end de mobilisation contre l'autoroute A69 Castres-Toulouse. Contrairement au mois d'avril, où la manifestation avait été autorisée et n'avait pas entraîné de dégradations, les rassemblements contre le chantier ont cette fois-ci été interdits par les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne, sur ordre du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
La manifestation, organisée notamment à l'appel des Soulèvements de la Terre – dont Gérald Darmanin avait ordonné la dissolution, retoquée par le Conseil d'Etat –, s'annonce "extrêmement violente" avec "jusqu'à 5 000 personnes" attendues, a justifié le ministre de l'Intérieur, mercredi. Parmi elles, "600 black blocs (...) qui veulent en découdre avec les forces de l'ordre, s'en prendre aux biens, attaquer des personnes", selon lui.
Quelque 1 600 gendarmes et policiers ont été dépêchés aux abords de Puylaurens, avec l'objectif de contenir les manifestants sur le terrain du campement. Samedi, un hélicoptère de la gendarmerie survolait en continu la zone du rassemblement. Avant même la mobilisation, huit personnes avaient été interpellées, a annoncé vendredi soir le préfet du Tarn, Michel Vilbois. Par ailleurs, "148 objets à destination d'arme" avaient été saisis à cette date depuis lundi, dont des "planches à clous", des "couteaux de toutes tailles", des "frondes" ou des "serpettes", selon ses termes. Mais aussi du matériel de bricolage, des casques ou des lunettes de piscine.
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Il s'agit d'"objets destinés non pas à venir de manière sympathique et à refaire le monde autour de l'écologie, mais bien d'agresser les forces de l'ordre", a jugé le préfet. Il a par ailleurs évoqué la présence de "dix personnes fichées S" parmi les quelque 1 500 personnes contrôlées par les forces de l'ordre en amont de l'événement.
"Une manifestation massive et populaire"
Les arrêtés d'interdiction préfectoraux ont été contestés par les associations devant le tribunal administratif de Toulouse, qui a rejeté leurs recours vendredi soir. Pour autant, "on maintient la manifestation. Cette interdiction est une atteinte démesurée aux libertés fondamentales. Cela marque un virage autoritaire de la part du gouvernement", dénonce auprès de l'AFP Etienne Fauteux, un des porte-parole de La Voie est libre, collectif écologiste local.
"Interdire, c'est disproportionné et injustifié. [Gérald Darmanin] veut installer un climat de peur alors que c'est une manifestation massive et populaire. Les gens viennent pour lutter contre la destruction de leur territoire."
Etienne Fauteux, porte-parole de La Voix est Libreà l'AFP
"Notre objectif reste de faire la fête, d'accueillir les gens de façon pacifique. S'il y a des débordements, ce sera le fait des forces de l'ordre", avance aussi Daniel Coutarel, de la Confédération paysanne, cité par Le Monde. "La désobéissance civile, c'est notre ADN. Ce projet va à l'encontre de l'intérêt des vivants. La légalité, ce n'est pas la légitimité. Nous avons la légitimité", argumente auprès du quotidien une activiste d'Extinction Rebellion Toulouse, en lutte contre un projet "écocidaire et antisocial".
Pour l'une des avocates des opposants à l'A69, Claire Dujardin, "il y a une sorte de banalisation, de généralisation des interdictions de manifester dès qu'il s'agit de militants écologistes". "On vient interdire la manifestation en annonçant qu'il va y avoir des violences, alors que ça ne repose sur rien. L'interdiction va créer du coup la possibilité d'organiser une opération de maintien de l'ordre extrêmement développée, d'utiliser la force et les armes et de créer de fait des affrontements", ajoute-t-elle auprès de l'AFP.
L'ONU demande à la France de protéger les militants écologistes
Depuis plusieurs mois, la construction de cette portion d'autoroute de 53 km, qui est destinée à réduire d'une vingtaine de minutes le trajet Castres-Toulouse, fait l'objet d'une importante contestation, y compris sur le plan juridique. Ces dernières semaines, plusieurs engins utilisés pour les travaux de construction ont été incendiés sur le chantier, relate France 3 Occitanie. Plus d'une centaine de plaintes pour dégradations ont en retour été déposées par Atosca, futur concessionnaire de l'autoroute et opérateur du chantier. Les ouvriers ont "reçu des jets d'urine, des jets d'excréments, on a été caillassés (...), on en a plus que marre", dénonce aussi auprès de France 3 Charles-Alexandre Lepeltier, directeur grands chantiers d'Atosca. En prévision du week-end agité, l'entreprise a assuré samedi, sur franceinfo, avoir "tout fait pour renforcer totalement la sécurisation du site et le regroupement du matériel".
Fin mai, plusieurs militants ayant organisé en décembre une manifestation contre l'autoroute, émaillée d'incidents, ont été placés en garde à vue pour "complicité de destruction de bien d'autrui" ou "complicité de violence" sur gendarme. "Ce qui m'est reproché est totalement fallacieux", a déclaré le militant écologiste et défenseur des arbres Thomas Brail, relâché quelques heures plus tard. "Il y a une volonté de dissuader les personnes de nous retrouver dans une semaine à la manifestation. C'est pour ça qu'ils ont ciblé les représentants d'associations", a-t-il ajouté.
De son côté, le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, Michel Forst, a demandé à la France de prendre des "mesures immédiates" afin d'assurer la protection des militants. Il évoque la "gravité des observations" qu'il a pu faire sur place, fin février, pendant les différents rassemblements à proximité du site dit "de Crem'Arbre". Dans un rapport, contesté par la préfecture du Tarn, il réclame notamment "une enquête et des sanctions pour les actes de privation de sommeil, de combustion de matériaux, d'allumage de feux et de déversement de produits a priori inflammables par les forces de l'ordre, qui ont pu mettre en danger" la vie des militants installés dans les arbres.
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