: Témoignage Réforme des retraites : "J'ai peur de ces deux années supplémentaires", redoute une infirmière qui a vu son âge de départ repoussé à 63 ans
La réforme des retraites entre en vigueur le 1er septembre. Franceinfo a recueilli le témoignage de Valérie Maintbert, infirmière qui va devoir quitter ses fonctions plus tard que prévu.
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La réforme des retraites entre en vigueur le 1er septembre 2023. L'âge légal de départ en retraite passera à 64 ans. Malgré sa mise en application, la réforme passe toujours mal. Surtout auprès de ceux qui approchaient de leur âge de départ et qui voient l'échéance s'éloigner de deux ans. C'est le cas de Valérie Maintbert, infirmière à l'hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen.
Même chez elle, Valérie ne s'éloigne jamais trop de son téléphone en cas de demande de remplacement d'urgence. "A Nantes, il y a plus d'un an d'attente pour être hospitalisé en pédopsychiatrie", dénonce le médecin Philippe Bizouarn. "Des fois, ça va jusqu'à onze à douze demandes dans la journée", explique-t-elle.
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Entrée à 20 ans au centre hospitalier du Rouvray, spécialisé en santé mentale, elle en a aujourd'hui 57. De secrétaire à infirmière, en passant par aide-ménagère, aide-soignante. Elle y a fait toute sa carrière, mais elle voit sa retraite s'éloigner d'une réforme à l'autre. "Quand je suis rentrée à l'hôpital, je devais partir à l'époque à 55 ans", souligne Valérie Maintbert.
"En 2010, ils nous ont déjà changé le programme : on partait à 58 ou 62 ans, mais là, aujourd'hui, je peux partir à 63 et six mois. Alors oui, oui, j'ai hâte. Je vais perdre sur ma vie."
Valérie Maintbert, infirmièreà franceinfo
Victime d'un accident du travail qui la gêne pour marcher, Valérie appréhende de devoir travailler plus longtemps. "Je suis en psychiatrie, je ne sais pas si je vais être en capacité de gérer des situations d'urgence de type agressivité, tentative de fugue. Parce que quand ça clashe, ça clashe", alerte-t-elle. "Est-ce que moi, à ce moment-là, je vais pouvoir courir derrière un patient ? Est-ce que je suis capable de faire une injection en urgence ?, poursuit-elle. Et oui, j'ai peur de ces deux années supplémentaires."
Manque de temps pour s'occuper des patients
Deux années en plus, donc, qu'elle va, qui plus est devoir faire au sein d'un hôpital qui a changé. "On manque cruellement de monde, on n'a pas le temps de faire les choses correctement". "Moi, ce temps me manque, le temps de prendre le temps avec le patient, tout ça".
"On ne peut plus faire de sorties avec les patients comme on le faisait avant et les patients ont besoin de nous. Ils ont besoin de parler. La psychiatrie, c'est quand même un travail qui est basé sur le relationnel."
Valérie Maintbertà franceinfo
Pourtant, malgré son travail de nuit, elle n'a plus de points de pénibilité. "Avant, par exemple, on faisait dix ans de quart, on gagnait une année. Aujourd'hui, ça n'existe plus parce que dans la pénibilité du travail, ils ont retiré plein de petites lignes, regrette-t-elle, alors que c'étaient des points de bonus pour pouvoir partir plus tôt.
Dans sa maison du Rouvray, Valérie rêve de voyages et peut être un jour de petits enfants. Fatiguée ou pas, elle garde tout de même son téléphone en main au cas où. Si elle pouvait recommencer sa vie, elle serait infirmière. "Ça reste un beau métier pour moi, ça reste un beau métier", conclut-elle.
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