"A Nantes, il y a plus d'un an d'attente pour être hospitalisé en pédopsychiatrie", dénonce le médecin Philippe Bizouarn
50 médecins, psychologues et patients signent une tribune pour réclamer un accueil digne dans les services de psychiatrie.
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"À Nantes, il y a plus d'un an d'attente pour être hospitalisé en pédopsychiatrie", dénonce vendredi 21 juillet sur franceinfo Philippe Bizouarn, médecin réanimateur au CHU de Nantes, père d’un enfant qui a été interné en psychiatrie et signataire d'une tribune publiée vendredi dans Le Parisien sur une prise en charge trop souvent défaillante des malades en psychiatrie. Les 50 médecins, psychologues et patients signataires de cette tribune appellent d’urgence à un sursaut et alertent sur les dangers d’une prise en charge dégradée.
franceinfo : On peut lire dans cette tribune que "Quand la folie n’est pas accompagnée dignement, elle peut se transformer en furie". Aujourd'hui, l'accompagnement des malades n'est pas digne de ce nom ?
Philippe Bizouarn : Non. Je suis parent d'un schizophrène qui s'est suicidé il y a une dizaine d'années à l'hôpital psychiatrique. La furie, c'est la furie sur lui-même. Il a connu des internements successifs sur une année, avec des séances de "soins intensifs" comme ils disent, ces fameux lieux d'isolement dans les moments de crise. Certes, ils doivent être traités, mais on parle d'un jeune qui, quand on appelait SOS médecins, était immédiatement interné. Il faut savoir que lorsqu'on appelle SOS médecins au moment de ces crises délirantes, la police vient également. La dernière fois que je l'ai vu, c'était menotté. C'était comme ça que ça se passait la plupart du temps : les menottes à l'hôpital et puis la salle d'isolement pendant quelques jours, pour essayer de le calmer. Ce n'était pas lui qui demandait l'internement. Il restait généralement deux semaines, puis sortait car on considérait qu'on n'avait plus à le garder. Il sortait sans aucun accompagnement, sans aucun accompagnement des familles. C'est quelque chose que je dénonce.
La situation s'est-elle aggravée depuis le suicide de votre fils ?
Ça fait 13 ans et j'ai l'impression que c'est toujours un peu la même chose. D'après les témoignages de mes collègues, c'est pire. Il y a de moins en moins de places, des attentes terribles pour des lits de psychiatrie, notamment pour les enfants. À Nantes, il y a plus d'un an d'attente pour être hospitalisé en pédopsychiatrie. Ces enfants suicidaires ne sont pas pris en charge immédiatement et sont ramenés chez eux puisqu'il n'y a plus de lits pour les accueillir. Je ne sais pas si les lits dans les hôpitaux sont toujours la bonne solution, mais l'attente à Nantes est catastrophique, avec des pédopsychiatres qui donnent l'alerte depuis longtemps. On a fermé des lits.
"Les conditions d'accueil des malades psychiatriques se sont certainement aggravées selon mes confrères psychiatres, notamment à Nantes. C'est quelque chose de l'ordre de la catastrophe."
Philippe Bizouarnà franceinfo
Est-ce aussi l'approche de ces maladies qu'il faut changer ?
Je ne suis pas psychiatre, mais en tant que parent, je sens bien qu'un internement n'est certainement pas la meilleure solution. Un accompagnement un peu plus serré, notamment à domicile et dans les lieux de vie, serait une réponse idéale pour les parents et pour les jeunes patients. C'est l'internement psychiatrique qui est considéré comme maltraitant. Je ne dis pas que nos confrères psychiatres et que les soignants à l'hôpital psychiatrique font du mauvais travail, ils font ce qu'ils peuvent, avec une impossibilité d'offrir aux patients un accompagnement à la sortie de l'hôpital. L'hospitalisation reste, dans des cas extrêmement lourds, comme pour mon fils, quelque chose d'important, mais l'accompagnement est clairement insuffisant. Pour avoir des consultations en CMP, c'était la croix et la bannière, des appartements thérapeutiques, quasiment impossible.
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