Affaire Legrand-Cohen : la PDG de Radio France dénonce une nouvelle fois "un dénigrement permanent" et "un débat d'une grande malhonnêteté"

Après l'affaire Legrand-Cohen, Sibyle Veil dénonce le "dénigrement permanent" des médias de la galaxie Bolloré. "Leur objectif, estime-t-elle, est de délégitimer l'audiovisuel public et d'obtenir sa destruction."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sibyle Veil, PDG de Radio France, le 4 septembre 2025 (SEBASTIEN DUPUY / AFP)
Sibyle Veil, PDG de Radio France, le 4 septembre 2025 (SEBASTIEN DUPUY / AFP)

Dans un entretien publié dimanche 5 octobre dans La Tribune Dimanche, la PDG de Radio France revient longuement sur la polémique née après la diffusion de vidéos montrant les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen s'entretenant avec des responsables du PS. Sibyle Veil s'étonne que "la semaine où le pays changeait de Premier ministre, au cœur de manifestations sociales et d'instabilités internationales, CNews a réussi à consacrer jusqu'à 80% de son temps d'antenne à nous matraquer"

Selon elle, des médias privés qui appartiennent au groupe Bolloré, et au premier chef la chaîne CNews, ont vu dans cette affaire "l'occasion de nous affaiblir" en nourrissant "un débat d'une très grande malhonnêteté".

"Il est normal de défendre un service public de la nation quand des campagnes virulentes sont menées contre lui."

Sibyle Veil, PDG de Radio France

dans "La Tribune Dimanche"

 Radio France, rappelle sa PDG, s'est dotée d'un "corpus de règles très strictes en matière de déontologie et de conflits d'intérêts, qu'aucun concurrent ne possède". Elle se dit donc "très sereine" face à la réflexion lancée par l'Arcom autour de l'impartialité du service public, à la suite de cette affaire.

Au-delà, Sibyle Veil s'inquiète de la violence grandissante du débat public en France : "On ne doit pas importer en France la violence et la polarisation qu'on a vues naître aux Etats-Unis. Il est urgent de calmer le jeu, insiste-t-elle. Qu'attendent les Français : des médias qui se parlent entre eux ou des médias qui parlent d'eux ?"

L'audiovisuel public "n'a pas les moyens" de la réforme envisagée

Interrogée sur la réforme de l'audiovisuel public, portée par la ministre de la Culture Rachida Dati, Sibyle Veil souligne que ce projet est coûteux. "L'audiovisuel public n'en a aujourd'hui pas les moyens", affirme-t-elle. Elle défend l'existence d'un audiovisuel public fort, alors que des responsables à droite et à l'extrême droite appellent à sa privatisation : "Que veut-on pour notre pays, avoir des médias souverains et solides qui informent de manière fiable ou bien uniquement des médias d'opinion et des réseaux sociaux qui vampirisent le débat ?" 

La PDG de Radio France appelle les élus de la nation à avoir conscience que son groupe a consenti beaucoup d'efforts financiers ces dix dernières années. "Aller plus loin dans les économies ferait prendre le risque de casser ce service public", martèle-t-elle.

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