Affaire Legrand-Cohen : CNews est "une chaîne d'extrême droite", accuse la patronne de France Télévisions

"Il faut admettre que CNews est un média d'opinion. Qu'ils assument d'être une chaîne d'extrême droite !", a déclaré Delphine Ernotte Cunci, qui emploie pour la première fois ce qualificatif au sujet de la chaîne de Vincent Bolloré, dans un entretien au "Monde".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
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Temps de lecture : 3min
La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris, le 8 juillet 2025. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris, le 8 juillet 2025. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

CNews est "une chaîne d'extrême droite", accuse la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, dans une interview au Monde publiée jeudi 18 septembre. "Il faut admettre que CNews est un média d'opinion. Qu'ils assument d'être une chaîne d'extrême droite !", déclare la dirigeante du groupe public, qui emploie pour la première fois ce qualificatif au sujet de la chaîne d'info, première de France en part d'audience.

Pascal Praud, figure de CNews, a rapidement réagi : jeudi,"dans les manifestations, il y aura des journalistes de CNews sur le terrain. Elle leur met une cible sur le dos, elle les met en danger", a-t-il déclaré à l'antenne.

Cette prise de parole de Delphine Ernotte Cunci intervient en plein conflit entre l'audiovisuel public et les médias de la galaxie Bolloré au sujet de l'affaire Legrand-Cohen. La patronne de France Télévisions et son homologue de Radio France, Sibyle Veil, ont été entendues mercredi par l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, au sujet de l'affaire. Les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen sont accusés de connivence avec le PS après la diffusion, début septembre, par le magazine conservateur L'Incorrect, d'une vidéo les montrant en pleine conversation avec deux responsables socialistes.

"La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l'audiovisuel public"

Cette affaire a provoqué un conflit inédit, à un an et demi de la présidentielle de 2027. D'un côté, les médias privés dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews et la radio Europe 1, accusent l'audiovisuel public de parti pris pour la gauche. De l'autre, France Télévisions et Radio France contre-attaquent et en appellent à l'Arcom et aux pouvoirs publics. "La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l'audiovisuel public, réclame sa privatisation, et l'exprime avec violence (...). A un moment, il faut dire stop", tonne Delphine Ernotte Cunci dans Le Monde. "Ce qui m'inquiète désormais, c'est qu'une partie du personnel politique prend pour argent comptant ce qui est affirmé, et repris sur les réseaux sociaux, sans vérifier ce qui s'est vraiment passé ; c'est ce qu'on appelle la post-vérité", poursuit-elle, en faisant le parallèle avec les Etats-Unis de Donald Trump.

Interrogée sur le fait de savoir si l'audiovisuel public était suffisamment soutenu par l'Etat et les politiques, elle répond : "Je pose la question." "Si ce soutien consiste à garantir l'indépendance de l'audiovisuel public, donc un financement pérenne, alors on ne l'a pas", développe-t-elle, dans un contexte de fortes restrictions budgétaires. Par ailleurs, la présidente de France Télévisions affirme qu'elle n'est plus favorable au projet de rapprochement des entreprises de l'audiovisuel public sous une holding commune, porté par la ministre de la Culture démissionnaire Rachida Dati. "J'ai toujours défendu l'union, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les conditions ont changé. L'urgence est de donner des garanties sur notre indépendance", explique la patronne de France Télévisions pour justifier ce revirement.

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