Témoignages Moisissures, fuites, passoires thermiques... Des gendarmes dénoncent l'état "alarmant" de certaines casernes

Des groupes Facebook regorgent de témoignages sur l'insalubrité de certaines casernes. Depuis 2016, une association de militaires a reçu plusieurs centaines de plaintes. En 2025, 300 millions d'euros ont été alloués pour résoudre le problème.

Article rédigé par franceinfo - Anais Godard
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des volets cassés dans une caserne de gendarmerie. Photo partagée sur un groupe Facebook. (LADIE FOX / DR)
Des volets cassés dans une caserne de gendarmerie. Photo partagée sur un groupe Facebook. (LADIE FOX / DR)

Certains gendarmes parlent "d'insalubrité" pour évoquer l'état des casernes où ils sont logés. Un rapport du Sénat pointait déjà ce problème en 2024, et depuis, de nombreux gendarmes ont le sentiment que la situation ne s'améliore pas. Moisissures au plafond, traces d'humidité sur les murs : les images et vidéos que franceinfo a pu consulter brossent un portrait peu reluisant de certaines casernes de gendarmerie. 

Pour intervenir rapidement, les gendarmes vivent sur place dans des logements de fonction. C'est le cas de ce gendarme, en poste depuis 25 ans. "Vous avez des problèmes de fuite, de non-évacuation des toilettes, parce que la conception des toilettes a tellement été mal faite que l'intégralité de ce qui passe dans les toilettes remonte dans les appartements, donc c'est invivable, raconte-t-il. On a aussi une charge énergétique énorme du fait des problèmes d'isolation."

"Quand vous chauffez un appartement à 28 degrés et qu'au final, la température obtenue est de 17 degrés, c'est que vous avez quand même un gros problème de passoire thermique."

un gendarme

à franceinfo

Des centaines de témoignages sont publiées sur des groupes Facebook administrés par une certaine Ladie Fox, qui nous a mis en lien avec ce gendarme. Il assure avoir prévenu sa hiérarchie à de nombreuses reprises. "Dans 98% des cas, la réponse c'est : 'Il n'y a pas d'argent', 'taisez-vous', déplore le gendarme. On n’est pas traités de la même manière que les civils, ce qui est normal, parce qu'on est militaires. Mais justement, l'effort doit être fait pour pouvoir nous conserver dans les rangs dans de bonnes conditions. Il y a des moments où je préférais rester avec mes camarades sur une mission plutôt que de rentrer dans mon logement, oui c'est arrivé."

De la moisissure sur les murs d'une caserne de gendarmerie. Photo partagée sur un groupe Facebook. (LADIE FOX / DR)
De la moisissure sur les murs d'une caserne de gendarmerie. Photo partagée sur un groupe Facebook. (LADIE FOX / DR)

David Ramos est le président de l'association professionnelle nationale de militaires GendXXI. Depuis presque dix ans, depuis 2016, il a reçu des centaines de plaintes de gendarmes concernant leur logement. "On est dans quelque chose qui devient alarmant, parce que vous avez cette dette grise qui s'est accumulée, c'est-à-dire le déficit d'investissement nécessaire pour le maintien en état du parc immobilier, explique-t-il. Ce déficit a donc généré des situations de logement qui sont dans un état, au mieux, indécent, au pire, insalubre."

"On ne parle pas vraiment de transformer des cabanons en palaces, juste de remettre en état à un niveau de confort acceptable les logements les plus endommagés."

David Ramos, président de l'association GendXXI

à franceinfo

La sous-direction de l'immobilier et du logement de la gendarmerie indique à franceinfo que certaines casernes sont en cours de réhabilitation. En 2025, 300 millions d'euros ont été alloués pour pallier ce problème. La gendarmerie espère obtenir plus : 400 millions d'euros par an pour investir dans des nouveaux bâtiments et 100 millions d'euros pour entretenir le parc immobilier déjà existant. 

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