Dermatose nodulaire : l'interdiction d'exportation de bovins est "contraignante" mais "à la hauteur des enjeux", défend le gouvernement

Le premier syndicat agricole de France a demandé un assouplissement de cette interdiction, mais le gouvernement persiste et signe. La France suspend ses exportations de bœuf durant 15 jours.

Article rédigé par franceinfo
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Cette maladie non transmissible à l'être humain a déjà provoqué l'abattage de près de 2 000 bêtes (Photo d'illustration). (FABRICE COFFRINI / AFP)
Cette maladie non transmissible à l'être humain a déjà provoqué l'abattage de près de 2 000 bêtes (Photo d'illustration). (FABRICE COFFRINI / AFP)

"Cette mesure est contraignante parce qu'elle est à la hauteur des enjeux", a défendu sur franceinfo samedi 18 octobre Olivier Debaere, directeur de crise au ministère de l'Agriculture, alors que la France suspend ses exportations de bœuf durant 15 jours pour faire face à la propagation de la dermatose nodulaire.

 "Récemment, alors que la maladie était sous contrôle dans les Savoie, elle s'est étendue à grande distance dans le Jura", rappelle Olivier Debaere. "Et ça, ça change la donne et ça change le calendrier", se justifie-t-il, saluant la "décision courageuse" de la ministre de l'Agriculture. Lors d'un déplacement dans le Jura vendredi, où trois foyers ont été détectés ces dernières semaines, Annie Genevard a confirmé l'interdiction des exportations d'animaux vivants et les rassemblements d'animaux dans toute la France pendant quinze jours.


Fermer les frontières aux bovins pour lutter contre la propagation de la dermatose nodulaire, c'est aussi "une question de confiance vis-à-vis des autres pays sur la capacité de la France à bien gérer cette maladie".

"On ne pourra pas éradiquer cette maladie avec des assouplissements, on doit l'éradiquer avec une mesure plus forte"

Olivier Debaere, directeur de crise au ministère de l'Agriculture


En colère contre cette mesure, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), premier syndicat agricole de France, a demandé un assouplissement de cette interdiction, en permettant par exemple d'autoriser l'exportation des jeunes bovins vaccinés depuis les zones réglementées.

"On fait des dérogations et des assouplissements, notamment en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Savoie, où cette maladie est arrivée et s'est développée et ensuite a été complètement maîtrisée grâce à la vaccination", souligne Olivier Debaere. Mais depuis les nouveaux foyers détectés dans le Jura, il a fallu "prendre des mesures au contraire renforcées", plaide le directeur de crise au ministère de l'Agriculture.

Éviter un embargo de la Commission Européenne

Invitée de franceinfo ce samedi, Manon Pisani, référente sanitaire du syndicat Jeunes Agriculteurs, a dénoncé un "manque de concertation avec la profession". Olivier Debaere répond que l'apparition de la dermatose nodulaire dans le Jura a été un phénomène "soudain" et qu'il fallait "très rapidement réagir", afin d'éviter "une mesure d'embargo sur la production française de la part de la Commission européenne". 
 
Près de 2 000 bêtes ont été abattues depuis le mois de juin. En 2024, la France était le premier exportateur mondial d'animaux vivants et de génétique (2,8 milliards d'euros en 2024) et a envoyé à l'étranger près de 1,3 million de jeunes bovins, selon l'Institut de l'élevage, pour plus d'un milliard d'euros selon les douanes.
Ces animaux partent principalement en Espagne et en Italie pour être engraissés, pour parfois revenir en France à l'abattage.

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