: Reportage "Je prends confiance en moi et ça fait du bien" : dans l'Aisne, cette blanchisserie associative accompagne des femmes en réinsertion
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Chaque année, une vingtaine de femmes précaires, aux parcours de vie souvent difficiles, lavent et repassent du linge, tout en bénéficiant d'un accompagnement social, grâce à l'association Savoir Fer, à Bohain-en-Vermandois, dans l'Aisne. Ce qui leur permet de se relancer sur le chemin de l'emploi.
La Dares (le service statistique du ministère du Travail) doit publier le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail au 2e trimestre 2025 mardi 29 juillet. Une précarité dont les femmes sont les premières victimes. Toujours en première ligne des temps partiels contraints et des emplois précaires, elles représentent 54% des personnes pauvres en France.
Pour les aider, de nombreuses initiatives sont mises en place un peu partout en France. Comme à Bohain-en-Vermandois, une commune rurale de l'Aisne où 31% des habitants sont au chômage. Depuis près de 30 ans, la blanchisserie associative Savoir Fer propose aux chômeurs, et surtout chômeuses, des contrats d'insertion.
Derrière sa planche à repasser, Wendy fait chauffer son fer. Pendant trois ans, cette mère célibataire de trois enfants, était au chômage et commençait à baisser les bras. Et puis, il y a cinq mois, la jeune femme de 28 ans découvre cette blanchisserie associative. "Avant, je n'aimais pas trop repasser. Maintenant, j'aime bien... à force de le faire", avoue-t-elle. Désormais, elle travaille 26 heures par semaine. "On repasse, on plie le linge, et après, on fait le ménage de temps en temps."
"Identifier les compétences" des bénéficiaires
Tout cela sous le regard avisé de Marie-Jo Tonnelier, la responsable de l'atelier. Elle forme les salariés avec bienveillance et évalue leurs compétences et leurs comportements. "On ne va pas faire d'elle des repasseuses professionnelles, reconnaît-elle. Il y a très peu d'emplois sur le secteur. Par contre, c'est d'identifier des compétences sur le chantier qu'on va pouvoir transférer à leur idée de projet professionnel, comme 'est-ce qu'elles respectent les consignes qu'on va donner ?"
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Comme arriver à l'heure, être rigoureuse et appréhender le travail en équipe. "On est une entreprise apprenante", répète ainsi Marie-Jo. Avec pour objectif, derrière, de les aider à construire un projet professionnel, voire à se reconvertir. C'est le cas par exemple de Colline, 28 ans. Elle est arrivée il y a moins d'un an, après quelques expériences d'intérim dans la vente. "Grâce aux chantiers, j'ai découvert le métier d'assistante administrative et, du coup, je suis partie sur cette idée de projet là et j'aimerais rester là-dedans."
Apprendre à endosser des responsabilités
En parallèle de son contre chez Savoir Fer, elle va pouvoir ensuite faire des stages d'immersion en entreprise. "J'ai eu l'occasion de discuter avec des responsables dans des grandes entreprises, d'avoir des responsabilités. En septembre, par exemple, c'est moi qui serai en charge de la permanence de tout l'atelier. Je prends plus confiance en moi et ça fait du bien, ça fait de la mise en valeur."
Coline retrouve petit à petit la motivation et le sourire. "Depuis que je suis sortie du lycée, j'ai toujours eu des longs moments de creux, où je trouvais un travail et je n'en trouvais pas. On perd confiance, on n'ose pas trop sortir de chez soi. Là, on a une situation plus stable."
"On peut de temps en temps se faire un peu plaisir. On a pu acheter notre maison, on vit mieux, forcément."
Colineà franceinfo
Wendy aussi retrouve confiance en elle. "Je sors de chez moi, je me suis fait des copines", se réjouit-elle. Elle raconte que même son aînée remarque un changement d'attitude : "Elle est contente, elle est fière de moi".
Un accompagnement global et sur le long terme
L'association fait aussi de l'accompagnement social pour aider ces femmes à lever les freins à l'insertion, explique Catherine Gavériaux, directrice du plan local pour l'insertion et l'emploi du Vermandois et directrice de l'association Vermandois Emploi. "On va travailler sur la garde d'enfants en mobilisant le relais assistantes maternelles. Et puis nous avons une plateforme mobilité qui permet de travailler sur des ateliers code de la route."
Des cours que suit Wendy, qui veut faire se lancer dans le secteur de l'entretien des locaux. Sauf que sans permis, c'est impensable, lance-t-elle : "Il faut se déplacer, parfois en dehors de Bohain", ajoute-t-elle. Elle explique suivre notamment des cours "une heure le lundi matin, une heure l'après-midi", et occasionnellement à d'autres moments. "La patronne est arrangeante", salue la jeune maman.
Un suivi qui ne s'arrête pas à la fin du contrat d'insertion. "Vous pouvez tout à fait avoir quelqu'un qui va avoir retrouvé un travail, qui d'un seul coup, patatra, la voiture est en panne, et se dire ' je ne vais plus pouvoir aller travailler', ça, ce n'est pas possible. Nous, avec notre plateforme mobilité, on sort la carte ! Vous pouvez louer une voiture électrique le temps de réparer votre voiture."
"L'accompagnement de longue durée, il est important pour éviter les ruptures."
Catherine Gavériaux, directrice de l'association Vermandois Emploià franceinfo
L'association ne veut pas simplement aider ces femmes à retrouver le chemin vers une activité, mais leur donner de l'autonomie et des clés pour retrouver un emploi durable. Ce dispositif fait d'ailleurs ses preuves, assure Marie-Jo Tonnelier qui a une liste en tête de ces femmes passées par Savoir Fer et devenues indépendantes. "Elles sont plus belles" quand elles ont fini leur contrat ici, "elles s'embellissent par le travail".
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