: Témoignages "C'est difficile de se dire qu'on ne va pas pouvoir travailler dans ce qu'on aime" : le chômage touche aussi de plein fouet les jeunes diplômés
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Cette année, les entreprises embaucheront 16% de cadres débutants en moins par rapport à 2024, selon les prévisions de l'Apec, l'Association pour l'emploi des cadres.
Trouver un premier emploi, un véritable chemin de croix pour certains jeunes diplômés. En cause, un marché du travail qui reste sous tension. Les économistes s'attendent à une nouvelle hausse, alors que l'Insee publie, vendredi 15 mai, le taux de chômage (mesuré au sens du BIT) au premier trimestre de cette année. Et les jeunes diplômés, en bac +5, ne sont pas épargnés par le ralentissement des recrutements. Pour certains, une fois le diplôme en poche, les refus s'enchaînent. Après des mois de chômage, c'est la grande désillusion.
Depuis huit mois, Juliette, 23 ans, passe ses journées à balayer les offres d'emploi dans le secteur de la communication. "Les matins, je me concentre sur mon CV, je regarde si je peux le retravailler. Je fais beaucoup de candidatures spontanées", explique-t-elle. Malgré un BTS en communication, un bachelor en communication marketing et publicité et un master en management de la communication et ses cinq ans d'alternance, ses 150 CV envoyés et une quinzaine d'entretiens réalisés ne débouchent sur rien. "En général, on me dit que j'ai trop de diplômes et que je n'ai pas assez d'expérience. On valorise beaucoup l'alternance pendant nos études. Et en fait, quand on arrive sur le marché du travail, on me dit : 'mais vous n’avez rien fait'", regrette Juliette.
Au fil des mois, elle a l'impression de tourner en rond dans son appartement à Laval, en Mayenne, et son moral en pâtit. "J'ai fait un bac plus cinq parce que mes parents m'ont dit 'oui, vas y, tu vas voir, tu vas trouver un travail' . Et en fait, je leur en veux beaucoup aujourd'hui", confesse-t-elle.
"Je suis désespérée, je me dis comment c'est possible qu'on en soit rendu là."
Juliette, 23 ans, titulaire d'un master et sans emploià franceinfo
Elle envisage de faire, à partir de septembre prochain, une reconversion pour être conseillère funéraire. "Le premier mois de chômage, je me suis dit que ça me ferait des vacances et là j'en suis rendue à un stade où je cherche, peu importe quoi. C'est très démotivant, on se remet en question. La confiance en soi est mise à rude épreuve. On nous prépare pas du tout à ça". Aucun professeur ne l'a averti durant sa formation : "Je voudrais qu'on nous informe un peu plus pendant nos études". "Quand j'ai commencé mes études, il n'y avait personne dans la communication et maintenant tout le monde est entré là-dedans, donc il n'y a plus aucune place".
"Je ne vois pas beaucoup d'offres qui recherchent des juniors"
Un mal-être que partage également Alan, diplômé en septembre dernier en sciences des données. Il suivait des cours à Paris, avait un logement Crous et est reparti vivre chez ses parents à Nantes. Pour tenter d'obtenir un emploi et après avoir envoyé 192 CV, le Nantais de 25 ans, élargit désormais son champ de recherches : "Au début, je cherchais un peu trop précisément que de la data science ou data ingénieur. Et depuis, je pars sur tout ce qui est développement informatique, c'est-à-dire faire du code. Et puis, je me suis élargi à toute la France, Toulouse, Grenoble, Marseille, Nancy."
"En 2022, quand j'ai commencé mon master on était au pic des recrutements de data scientist et data ingénieur. Donc quand je suis rentré en master on m'a dit qu'on trouverait un travail très facilement en fin de master, alors que deux ans plus tard tout a changé. Je ne vois pas beaucoup d'offres qui recherchent des juniors", explique Alan.
Les refus se poursuivent, alors lui aussi perd espoir. "Je me sens un peu perdu en ce moment, ce n'est pas facile de se dire qu'on ne va pas pouvoir travailler dans ce qu'on aime, ça me fend le cœur, de me dire que je ne pourrai pas en faire un métier", soupire Alan. Il envisage de chercher un job alimentaire cet été "dans des grandes surfaces ou passer le Bafa".
"La porte se ferme pour les jeunes diplômés"
Ces cas sont loin d'être isolés. Cette année, selon les prévisions de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), les "entreprises prévoient d'embaucher seulement 41 000 cadres débutants, c'est-à-dire ayant moins d'un an d'expérience, soit une nouvelle baisse de 16% en un an", après une baisse de 19% entre 2023 et 2024. "Le désordre et l'incertitude [...] pourraient de nouveau pousser les acteurs économiques dans l'expectative et l'attentisme [...] Les entreprises seront par ailleurs mises à contribution pour réduire le déficit public", détaille l'association.
"Il y a un retournement du marché du travail depuis 2024, précise Gilles Gateau, le directeur général de l'Apec. Lorsqu'il y a moins d'embauches, c'est aussi souvent la porte qui se ferme pour les jeunes diplômés dans à peu près tous les secteurs, y compris dans les secteurs qui sont les moteurs traditionnels de l'emploi cadre, l'ingénierie, l'informatique, les finances. Après la situation des jeunes diplômés reste plus favorable que celle des jeunes qui n'ont pas de diplôme et plus favorable aussi que celle des cadres seniors, qui risquent d'être une variable d'ajustement", avance-t-il. L'instabilité politique et budgétaire rend, notamment, les entreprises plus attentistes et frileuses à recruter.
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