Agriculteurs : la "tolérance zéro" promise par le ministre Bruno Retailleau est-elle appliquée ?
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Le ministre de l'Intérieur avait promis la fermeté face aux débordements des agriculteurs en colère. Pourtant, malgré des dégradations de biens publics, aucune interpellation n'a été recensée.
Face à la colère des agriculteurs, c'était l'engagement ferme de Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur à la veille des manifestations. "Je leur ai indiqué trois limites : pas d'atteinte aux biens, pas d'atteinte aux personnes, (…) pas de blocage durable. Parce que sinon, ça sera tolérance zéro."
Mais sur les barrages de la Coordination rurale, la consigne semble mal passée. Lorsque l'on évoque le sujet, un manifestant n'hésite pas à insulter le ministre. Des remarques crues, peut-être parce que la consigne n'est pas véritablement appliquée par les forces de l'ordre. Selon les informations de "l'Œil du 20 heures", les forces de police ont recensé près de 13 dégradations de biens dans toute la France, pour aucune interpellation.
Exemple à Guéret, mardi, dans la Creuse. Une trentaine d'agriculteurs de la Coordination rurale convergent dans la ville. Après une rencontre cordiale avec la préfète, le cortège entre par effraction sur le parking de la MSA, la mutuelle sociale agricole, une agence publique.
Des policiers en retrait
Sur les images de France 3 et du journal La Montagne, on distingue des policiers sur le parking. Pourtant, aucun ne bouge, alors que le portail vient d'être forcé. Même scène dans le sas d'entrée, où un commissaire regarde les agriculteurs poussant des pneus de tracteur dans le hall après avoir tagué et forcé la porte d'entrée.
Les agriculteurs s'attaquent ensuite à l'Office français de la biodiversité (OFB), la police de l'environnement, chargée de les contrôler. Là encore, même constat : tags, déchets dans le couloir, et porte fracturée à coups de pied. Les agriculteurs se seraient même emparés de documents internes. Deux plaintes ont été déposées par l'OFB.
Là encore, les images montrent des policiers restant en retrait pendant l'effraction, alors qu'ils sont équipés en tenue de maintien de l'ordre. Pourquoi ne pas être intervenu ? La préfecture nie tout traitement de faveur pour les paysans, mais admet que tout ne s'est pas passé comme prévu. "Ç'a pu se produire parce que la manifestation était finalement assez peu organisée. Il était très difficile de prévoir leur trajet", assure la préfète de la Creuse, Anne Frackowiak-Jacobs.
Une réaction plus "modérée" ?
Pourtant, selon une source sécuritaire locale, les policiers avaient pour consigne de tolérer certaines dégradations. “Sur les bâtiments publics, il ne fallait pas qu'il y ait des dégradations significatives, donc là… C'est une question d'appréciation. Au début, ça paraissait être des dégradations légères. Et puis, effectivement, les portes ont cédé, car elles n'étaient pas très solides. À partir de là, on n'a pas pu empêcher des dégradations.”
De sources policières à "l'Œil du 20 heures", plus de dix actes similaires ont été recensés depuis lundi dans l'Hexagone, sans aucune interpellation décomptée. Malgré les déclarations de leur ministre, les forces de l'ordre seraient-elles plus tolérantes vis-à-vis des agriculteurs ? Sans se prononcer, Régis Debord, secrétaire national adjoint CRS - Unsa-Police, reconnaît une forme de sympathie à l'égard des agriculteurs. "Ce n'est pas le même public qu'une manifestation lambda. Et puis, la cause fait que la réaction de mes collègues est peut-être un peu plus modérée, tant qu'il n'y a pas de grosses exactions."
Sollicité, le cabinet du ministre de l'Intérieur dit maintenir l'objectif d'une tolérance zéro, et assure que la réaction policière sera plus ferme si les manifestations se durcissent. Les autorités comptent aussi sur la justice, comme à Guéret. Une enquête a été ouverte par le parquet, et les agriculteurs responsables des dégradations auraient d'ores et déjà "été identifiés", selon la préfète de la Creuse.
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