Dior, Chanel, Balenciaga, Armani, Worth, Poiret : des couturiers à découvrir en marge de la semaine de la haute couture parisienne

Pas d'invitation aux défilés de la semaine de la haute couture automne-hiver 2025-2026, qui se tient du 7 au 10 juillet ? Pas de panique : Paris accueille des événements d'envergure liés à cet univers comme ces huit expositions : Worth. Inventer la haute couture, Balenciaga par Demna, Paul Poiret. La mode est une fête, la nouvelle rotation de la Galerie Dior, mais aussi la performance Moda Povera V : les vêtements de Renée en passant par le rideau monumental, en partenariat avec le 19M, installé au Grand Palais.

Hors de l'Hexagone, d'autres expositions retiendront aussi votre attention comme celles consacrées à Chanel à Monaco et à Armani à Milan. Suivez le guide.

"Moda Povera V : les vêtements de Renée" au Grand Palais

Au décès de sa mère, l'historien de la mode Olivier Saillard décide de reconvertir sa garde-robe, en assemblant ses vêtements ordinaires pour en faire une collection haute couture : "Renée s'habillait de peu mais de choix, se fournissait dans les grands magasins en zone industrielle quand les commerces de centre-ville ont baissé un à un leur rideau." Performance hors du commun et hors du temps qui renoue avec la sobriété et la temporalité des défilés d'antan, Olivier Saillard poursuit sa réflexion sur le vêtement, le souvenir et la relation intime que chacun de nous peut entretenir avec ses propres vêtements. Dans un dispositif scénique volontairement sobre, il réconcilie l'idée d'une forme poétique de la mode, sans l'adosser au système du luxe, tout en offrant une performance très intime et extrêmement touchante, un hommage à sa mère, conductrice de taxi et couturière à ses heures.

"Moda Povera V. Les vêtements de Renée", du 10 au 13 juillet. Grand Palais. Galerie 2. Entrée Gabrielle Chanel. Avenue Winston Churchill, 75008 Paris.

"Worth. Inventer la haute couture" au Petit Palais

Le Palais Galliera s'associe au Petit Palais pour présenter une exposition consacrée à Charles Frederick Worth (1825-1895), fondateur d'une maison qui incarne l'apogée du luxe parisien. Cette figure incontournable de l'histoire de la mode, née en Angleterre et que l'on qualifie d'inventeur de la haute couture, fonde en 1858 sa maison éponyme au 7 rue de la Paix, à Paris. Symbole du raffinement et du savoir-faire français, elle s'étend sur quatre générations et près d'un siècle. Cette rétrospective exceptionnelle rassemble plus de 400 pièces – vêtements, accessoires, objets d'art, peintures et arts graphiques – mettant en lumière aussi bien les créations que les figures marquantes de la maison Worth. L'événement est d'envergure, enrichi par la collection du Palais Galliera et par des pièces rares et prestigieuses en provenance de musées internationaux tels que le Philadelphia Museum of Art, le Metropolitan Museum of Art, le Victoria and Albert Museum, le Palazzo Pitti ainsi que de collections privées. "Une rétrospective hors normes", selon Annick Lemoine, la conservatrice générale et directrice du Petit Palais.

Exposition "Worth. Inventer la haute couture" jusqu'au 7 septembre. Petit Palais. Avenue Winston Churchill, 75008 Paris.

Nouvelle rotation à la Galerie Dior

Lieu d'art(s) et de mémoire, la Galerie Dior du 30 Montaigne retrace l'épopée de la maison dans le lieu même où naissent les collections depuis près de quatre-vingts ans. Ce parcours rétrospectif de 150 modèles, associés à des croquis originaux, documents d'archives et photographies, témoigne aussi bien de la richesse du patrimoine de la maison que de sa modernité atemporelle. Treize thématiques célèbrent l'esprit et les passions inspiratrices de Dior, de la fascination pour les jardins à la féerie des bals, de la liberté créative du prêt-à-porter Miss Dior à la virtuosité des ateliers qui subliment la haute couture, en passant par la Chambre aux merveilles pensée tel un cabinet de curiosités, de l'allure Dior à l'envoûtement de J'Adore. Christian Dior – qui noue des affinités profondes avec les artistes – insuffle dans ses collections la magie de la peinture, de la musique mais aussi de la danse. Pour la première fois, une salle est consacrée à ce thème qui inspira les successeurs du couturier fondateur. En 1947, à la demande de son ami Christian Bérard, le couturier imagine les costumes du ballet Treize danses, chorégraphié par Roland Petit. À son tour, Maria Grazia Chiuri conçoit, en 2019, ceux du ballet Chapter 3: The Brutal Journey of the Heart de Sharon Eyal et Gai Behar, dévoilés ici.

Galerie Dior. 11 rue François-Ier, 75008 Paris. De 11h à 19h, sauf le mardi. Dernière entrée à 17h30.

"Balenciaga par Demna" chez Kering

Le directeur artistique Demna, arrivé à la tête des collections de prêt-à-porter et de haute couture de Balenciaga en 2015, présente le 9 juillet pendant la semaine de la haute couture sa dernière collection, celle de l'automne-hiver 2025-2026 pour la maison, avant de s'envoler pour prendre officiellement ses fonctions le 10 juillet chez Gucci où il a été nommé en mars : il présentera sa première collection en octobre lors de la Fashion Week parisienne. Pour rendre hommage à son travail, la maison Balenciaga organise Balenciaga par Demna – qui se tient jusqu'au 9 juillet au sein du siège de Kering. L'exposition s'ouvre sur une présentation des invitations aux défilés puis retrace la vision du créateur à travers 101 pièces emblématiques (vêtements, accessoires, chaussures et objets). C'est une synthèse artistique et conceptuelle d'une décennie de travail.

"Paul Poiret. La mode est une fête" au Mad

Le Musée des arts décoratifs (Mad) présente sa première monographie dédiée à Paul Poiret (1879-1944), figure de la haute couture parisienne du début du XXe siècle, considéré comme le libérateur du corps féminin pour l'avoir décorseté. De la Belle époque aux Années folles, l'exposition chronologique et thématique explore ses créations dans les domaines de la mode, des arts décoratifs, du parfum, de la fête et de la gastronomie au travers de 550 œuvres. Elle révèle l'étendue de son génie créatif puisque son héritage inspire les créateurs de mode contemporains, de Christian Dior en 1948 à Alphonse Maitrepierre en 2024. Dans sa maison de couture créée en 1903, il définit une esthétique du corps féminin, en mouvement et sans carcan, avec une ligne simplifiée aux tissus légers et aux couleurs vives et acides, rompant avec la silhouette en "S" du début du siècle. Le parcours est ponctué d'œuvres d'artistes l'ayant accompagné (Louis Süe, Raoul Dufy, Isadora Duncan). Il retranscrit ses impressions de voyages en Europe et au Maghreb dans ses mémoires allant jusqu'à mentionner ses expériences culinaires et olfactives et réemploie les tissus et broderies qu'il en rapporte. L'exposition rend compte des fêtes spectaculaires qu'organise ce peintre, comédien, écrivain, gastronome et musicien qui fonde deux sociétés : Martine (décoration d'intérieur) et Les Parfums de Rosine. Sont aussi évoquées ses créations dans le cinéma des années 1920. Le parcours s'achève par son influence sur les couturiers et créateurs de mode des XXe et XXIe siècles. Il a été le premier à faire appel à des artistes pour intervenir sur ses textiles, décors, illustrations et est le pionnier de ce que l'on appelle les collabs, pratique commune depuis les années 2000 entre les marques de mode et les artistes.

Exposition "Paul Poiret. La mode est une fête", jusqu'au 11 janvier 2026. Mad. 107 rue de Rivoli, 75001 Paris.

Un rideau monumental au Grand Palais en partenariat avec le 19M

Dans le cadre de sa réouverture intégrale, le Grand Palais dévoile une œuvre d'envergure : un rideau mesurant 15 mètres de haut sur 8 mètres de large, pensé comme une interface symbolique entre la nef et la place centrale de l'édifice. Laboratoire des métiers d'excellence de la mode et de la décoration, le 19M a réuni les savoir-faire de ses maisons d'art résidentes – Montex, Goossens, Lesage, Lemarié, Lognon, Maison Michel, Massaro et Paloma – pour imaginer cette création chorale. Ce rideau est le fruit de plus de 900 heures de conception et de 720 heures de travail où jeux de matières et de formes se superposent et se recomposent. La palette chromatique s'inspire de l'architecture du monument : autour du vert réséda – teinte de sa structure métallique – s'étirent des dégradés du blanc au bleu profond. 

"Les Années folles de Coco Chanel" à Monaco

L'exposition Les Années folles de Coco Chanel explore la production foisonnante de Gabrielle Chanel dans le contexte de la Côte d'Azur des années 1920. Elle se développe autour de trois axes : la vie en plein air et l'essor des loisirs balnéaires ; les Ballets russes et l'influence des cultures slaves ; et l'invention du style Riviera. En s'appuyant sur une sélection de créations textiles et d'œuvres d'art emblématiques de cette décennie, elle rend hommage au caractère visionnaire de l'approche de Chanel dans son invention de la "femme nouvelle". Réunissant plus de deux cents objets, elle met en scène un dialogue entre trente modèles et accessoires de Gabrielle Chanel et quarante œuvres d'artistes modernes – Kees Van Dongen, Pablo Picasso, Marie Laurencin, Natalia Gontcharova, Sonia Delaunay, Jean Cocteau, Mikhail Larionov, Alexandra Exter – ainsi que des photographies – Man Ray, Dora Kallmus, Edward Steichen et Roger Schall. Dans un prolongement de ce dialogue entre mode et arts plastiques, l'artiste Chloé Royer (née en 1989) a été invitée à produire des œuvres pour l'exposition. Ses sculptures en bronze, verre et céramique interrogent les représentations contemporaines du corps féminin tout en empruntant aux savoir-faire des métiers d'art de la mode.

Exposition "Les Années folles de Coco Chanel" jusqu'au 4 octobre 2025. Villa Paloma. Musée national de Monaco. 56 boulevard du jardin exotique, Monaco.

"Giorgio Armani Privé 2005-2025, 20 ans de haute couture" à Milan

Pour la première fois, des créations issues de la collection haute couture – lancée à Paris en 2005 et présentée chaque saison dans la capitale française – sont exposées. Ces créations uniques, reconnaissables entre toutes par leur style, allient pureté des formes et savoir-faire dans une célébration de la beauté. En vingt ans d'Armani Privé, Giorgio Armani a exploré une idée d'innovation moderne à travers des tissus précieux et des broderies entièrement réalisées à la main. Curatée par le créateur, une sélection de 150 robes est présentée suivant un parcours narratif mettant en lumière leur élégance intemporelle.

Exposition "Giorgio Armani Privé 2005-2025, 20 ans de haute couture", jusqu'à la fin de l'année 2025. armanisilos.com, à Milan. Italie.