Paris Fashion Week : Anrealage offre "une nouvelle forme de beauté" à sa collection avec les artistes handicapés d'Heralbony
/2021/12/14/61b8b98b0b0d0_corinne-jeammet.png)
/2025/10/02/p6s-5657-68de2ea56c761269916886.jpg)
À l'origine d'Heralbony, trois frères nés au Japon. Enfants, les jumeaux se sont sentis mal à l'aise lorsque leur aîné, autiste, a été stigmatisé. Ils ont décidé de changer l'image du handicap grâce au pouvoir de la créativité.
Le 30 septembre, lors de la Paris Fashion Week féminine printemps-été 2026, Anrealage – maison connue notamment pour avoir signé les costumes de tournée de Beyoncé – a dévoilé sa collection réalisée en collaboration avec l'agence d'art brut Heralbony, basée entre Paris et le Japon.
"C'est avant tout un honneur et une fierté de présenter, sur la plus grande scène de la mode mondiale – la Fashion Week de Paris – une nouvelle forme de beauté qui transcende les frontières entre valides et handicapés et de partager l'essence même de la vie au-delà des étiquettes et des frontières", a indiqué Kunihiko Morinaga concernant cette collection placée sous le signe de l'inclusivité et de l'innovation.
Chacune des 27 silhouettes, présentées lors du défilé, a intégré le travail de 18 artistes en situation de handicap dont les œuvres ont dialogué avec l'univers avant-gardiste de la marque japonaise. "Grâce à Anrealage, nous avons pu explorer une expression mode que nous n'avions pas pu réaliser jusque-là dans nos propres productions. Son designer a exprimé un vif désir de rencontrer tous les artistes... Nous lui sommes profondément reconnaissants d'avoir pris le temps de découvrir leur personnalité et de les avoir intégrées dans sa démarche créative", ont souligné, de leur côté avant le défilé, les fondateurs d'Heralbony, Takaya et Fumito Matsuda.
Anrealage, maison lancée en 2003, joue sur la combinaison de trois mots : real (le quotidien), unreal (extraordinaire) et age (une époque). Son mantra : "Dieu est dans les détails." La maison japonaise a fait ses débuts à la Paris Fashion Week en 2014 et a, depuis, étendu sa présence sur la scène internationale. Son créateur travaille avec une approche méticuleuse la conception de ses vêtements et, à chaque saison, dans le cadre du calendrier de la Fédération de la haute couture et de la mode, il étudie un concept avec une approche novatrice des technologies et des nouveaux matériaux.
Si Anrealage a toujours travaillé à "rendre visible l'invisible", explique Kunihiko Morinaga, "les œuvres des artistes d'Heralbony sont des cristallisations de la vie cachée dans les moments du quotidien. Le monde que ces derniers voient peut nous paraître extraordinaire, mais il s'agit de leur réalité quotidienne. J'ai été profondément touché par la richesse et la beauté de cet univers. Alors en incarnant leur univers dans des vêtements, j'ai senti que nous pouvions exprimer la vie au-delà des vêtements eux-mêmes".
Pour cette collaboration, l'agence Heralbony a proposé plusieurs dizaines d'œuvres parmi lesquelles "Anrealage a sélectionné celles correspondant au défilé Visualization of Life. Les œuvres choisies reflètent ce concept à travers des motifs porteurs de sens, tels que la vie, le cœur ou encore les animaux."
Pour la collection printemps-été 2026 intitulée Rendre la vie visible, c'est le battement du cœur, centre de la vie, qui est à l'honneur. Chaque battement, unique à chacun, est la preuve tangible de l'existence et résonne jusqu'à son arrêt. Les pulsations cardiaques, que l'on entend dans la bande-son, sont rendues visibles à travers la lumière et la forme insufflée dans le tissu pour créer des vêtements qui semblent vivre. Le show s'ouvre avec trois silhouettes dont le tissu, au niveau de la poitrine, se soulève comme si un cœur battait au-dessous.
Dans la première partie du défilé, le battement est exprimé en lumière bidimensionnelle. Sur des hauts et sur des accessoires, chaussures et sacs équipés d'écrans LCD, les œuvres des artistes sont projetées en LED et vibrent ou s'illuminent. Dans la seconde partie, le battement prend forme en 3D : les vêtements – aux formes et couleurs créées par ces artistes, ils possèdent une force brute et singulière – se dilatent et se contractent comme des organismes vivants habités par une pulsation.
/2025/10/01/can-3562-68dd1551b3aab547380041.jpg)
"Cette collaboration m'a rappelé que l'art créé par ces artistes n'est pas seulement un acte d'expression, mais une preuve vivante de leur existence. Assister au moment où ces textiles ont retrouvé une nouvelle vie à travers les vêtements a été une expérience véritablement unique", a expliqué Kunihiko Morinaga.
Une impression partagée par Takaya et Fumito Matsuda qui considèrent que le plus important dans la production, c'est le respect des artistes et de leurs œuvres. "Nous attachons une grande importance à la reproduction fidèle des créations originales". Mais conscients qu'une collection de Fashion Week évolue souvent jusqu'à la dernière minute avant le défilé – et qu'il est parfois difficile d'imaginer la forme finale –, les deux frères étaient cependant "inquiets de la réaction de nos artistes face à une demande d'autorisation dans un tel contexte. Or, après leur avoir expliqué le projet, nous avons reçu l'accord chaleureux de chacun d'entre eux et tous ont partagé la joie de relever ensemble ce défi à Paris".
/2025/10/02/p6s-7511-68de30debf56d417992476.jpg)
Une expérience que l'agence Heralbony a vivement appréciée : "Nous avons déjà proposé, sous notre propre marque, des produits d'habillement tels que des foulards, des vêtements ou des sacs. Cependant, s'aventurer dans des créations au design véritablement mode représentait un nouveau défi pour nous. À la suite de la collaboration avec Anrealage, nous prévoyons de commercialiser des articles en co-création".
Une performance de live painting
Fondée en 2018 par trois frères originaires du Japon, Heralbony trouve son inspiration dans l'histoire familiale : l'aîné, autiste et porteur d'une déficience intellectuelle, a été trop souvent stigmatisé. Refusant cette vision réductrice, ses cadets, jumeaux, ont choisi de transformer l'image du handicap à travers la créativité, l'art et la puissance du branding.
Parmi les 18 artistes japonais représentés par Heralbony, Momoko Nakagawa – lauréate de l'Outsider Art Fair 2019 à Paris – et Shu Toriyama ont réalisé, le 1er octobre à la Galerie Christian Berst, un live painting offrant une plongée dans leur univers créatif. En parallèle, plusieurs silhouettes du défilé, mettant en valeur des textiles inspirés de leurs œuvres, illustraient le dialogue entre art brut, mode et performance.
/2025/10/02/img-1711-68de2cd941343090408224.jpg)
"Heralbony a toujours accordé une grande importance à la création d'espaces où les artistes peuvent rencontrer le public. Chez les fans d'Heralbony, il est fréquent que la rencontre avec un artiste fasse naître une empathie encore plus forte envers la marque. Par exemple, parmi nos artistes sous contrat, il y en a un qui demande sans cesse de lui gratter le dos. Assister à son processus de création, tout en lui caressant le dos, crée un lien très unique entre l'artiste et le spectateur", expliquent les deux jumeaux.
"Montrer concrètement la scène de la création en direct constitue, selon nous, le meilleur moyen de transmettre toute la richesse de ces artistes au public français et peut devenir un tremplin pour élever leur carrière vers de nouveaux horizons", poursuivent-ils.
/2025/10/02/img-1713-68de2d170d129802592187.jpg)
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter