"Ils sont sur les mêmes rayons" : des professionnels alertent sur la confusion entre science et bien-être autour des livres sur la santé mentale

Au rayon psychologie ou développement personnel, les auteurs scientifiques sont mélangés avec les autres, pouvant créer une confusion pour les lecteurs.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)
  (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)

Faut-il mettre en place une distinction entre les livres écrits par des scientifiques et les autres ? En ce mois de septembre beaucoup de nouveautés sortent en librairie, notamment au rayon psychologie ou développement personnel. Il s'agit de livres écrits aussi bien par des scientifiques que par des influenceurs ou des coachs. Alors attention au mélange des genres préviennent des spécialistes de la santé mentale.

Les Français achètent autant des livres de psychologie ou de développement personnels que des romans policiers ou des livres pour enfants indiquent la dernière enquête Ipsos du centre national du livre. Mais attention prévient le chercheur en santé publique, Mickaël Worms-Ehrminger, dans cette catégorie il y a toutes sortes d'auteurs. "On a un peu un fourbi, qui mélange des livres de développement personnel, des livres un peu ésotériques, les livres de sorcellerie aussi ou de magie. Ils sont sur les mêmes rayons, les mêmes étalages en tête de gondole à côté des livres qui sont sérieux, écrits par des psychiatres ou des psychologues."

Pour le chercheur, "ce serait peut-être bien d'avoir une remise à plat de ce qu'on entend par santé mentale et de ce qu'on est censé mettre dedans ou pas." Mickaël Worms-Ehrminger estime que certains ouvrages peuvent conduire à des dérives sectaires ou des retards de soins. Dans une lettre ouverte adressée au syndicat national de la librairie, ce chercheur réclame une plus grande distinction entre science et développement personnel. 

"On est des commerçants, on a les livres qu'on nous demande"

Son courrier a reçu le soutien de la fédération française de psychologie et de 1 700 signataires. Mais pour Nathalie, responsable du secteur adulte de la librairie Chantelivre à Paris, faire le tri n'est pas toujours simple, y compris pour les clients. "Le mot développement personnel est récurrent. En fait quand on creuse on se rend compte que les gens ne savent pas trop ce qu'ils veulent. Après nous on est libraires, pas médecins. Donc on essaie de les orienter au mieux mais on ne peut pas aller plus loin", reconnaît la libraire.

Dans la librairie Chantelivre, les livres sont rangés côte à côte mais avec des étiquettes bien lisibles : psychologie, philosophie, développement personnel. Et pour la directrice, Alexandra Flacsu, l’offre doit rester ouverte : "On est des gens curieux. On s'intéresse et on essaie de promouvoir des choses qui nous semblent de qualité. Après on est aussi des commerçants, et on a les livres qu'on nous demande. Je pense que ce n'est pas à un libraire de faire la leçon à un lecteur. Un libraire écoute ses besoins et propose un panel de choses qu'il a. Et il laisse la personne choisir", indique Alexandra Flacsu.

Valider le sérieux d'un livre, c'est aussi le rôle des maisons d'édition rappellent plusieurs libraires. Selon eux, la diffusion d'ouvrages ambivalents découle aussi de certains excès marketing.

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