Dérives sectaires : la Miviludes alerte sur les pratiques de soins non conventionnelles constatées dans la santé

Sur tous les signalements reçus par la mission interministérielle entre 2022 et 2024, la santé et le bien-être arrivent en tête (37%), devant les cultes et spiritualités (35%).

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un patient s'agrippe aux barreaux de son lit à Arcachon (Gironde), le 10 août 2023. (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)
Un patient s'agrippe aux barreaux de son lit à Arcachon (Gironde), le 10 août 2023. (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

Des initiatives contestées qui ont pourtant envahi les hôpitaux. La santé reste particulièrement touchée par les risques de dérives sectaires et les pratiques de soins non conventionnelles, souligne la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport d'activité publié mardi 8 avril.

En 2024, la Miviludes a reçu 4 571 saisines – soit 13,7% de plus qu'en 2021 et 111% de plus qu'en 2015. Sur tous les signalements reçus entre 2022 et 2024, la santé et le bien-être arrivent en tête (37%), devant les cultes et spiritualités (35%). Son précédent bilan, dévoilé en 2022, pointait déjà la santé comme "sujet de préoccupation majeur".

Alors que les malades du cancer restent les plus touchés par les dérives sectaires en santé, la Miviludes s'inquiète désormais du développement de pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) au sein même d'établissements de santé.

Des alternatives non approuvées scientifiquement

Souvent considérées comme "douces", "complémentaires" voire "alternatives et finalement bénéfiques pour la santé", la grande majorité de ces pratiques "n'a pas été approuvée scientifiquement", souligne-t-elle. Ainsi les soins de support, notamment en cancérologie, "connaissent, à leur tour, des dérives à caractère sectaire", détaille le rapport.

"Aujourd'hui, il est courant de trouver des séances de Reiki, de magnétisme ou encore de 'bol tibétain' dans les établissements publics de santé", décrit la Miviludes. Le risque principal repose sur "la prétention de certains pseudothérapeutes à substituer les PSNC à la médecine conventionnelle, excluant totalement le recours à celle-ci", précise l'institution.

En 2024, la Miviludes a adressé 45 signalements au parquet – contre 20 en 2021. Dans la plupart des cas, les "pseudothérapeutes" prônent un régime alimentaire draconien, incitent à la consommation de stupéfiants, de soins à base de pierres (lithothérapie) ou d'examen de tumeur "par appareil 'russe à résonance magnétique' qui contredit le diagnostic de cancer", énumère la Miviludes.

Autre sujet de préoccupation de la mission : la promotion persistante du jeûne comme remède à toutes formes de maladies. Son rapport met en garde contre des stages de jeûne "particulièrement onéreux", dont l'une des tendances les plus dangereuses consiste à allier une pratique sportive intensive et un jeûne poussé parfois à l'extrême, comme dans le mouvement "Jeûne et randonnée".

"S'il y a actuellement des débats relatifs aux effets du jeûne, notamment intermittent, jeûner n'a pas pour effet de vaincre des maladies telles que le cancer. Or c'est ce que soutiennent certains groupes", dénonce la Miviludes, ajoutant que des décès liés à des stages de ce type "ont été signalés à l'autorité judiciaire".

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