Vrai ou faux : les collectivités locales sont-elles victimes de surfacturation ?
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Les collectivités locales dépensent des milliards via les centrales d’achat, mais certains prix étonnent : des chaises jusqu’à cinq fois plus chères que dans le commerce, des ampoules jusqu’à vingt fois plus… La surfacturation est-elle systématique ou un simple mythe ? Vrai ou faux ?
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Pour réaliser des économies dans le budget de l'État, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy propose une solution. "Tous les marchés publics, c'est entre 10 et 30 % de surfacturation. On en a un peu parlé sur ces catalogues que les mairies sont obligées d'utiliser pour commander. On découvre des chaises qui valent 5 fois le prix, des ampoules qui valent 20 fois le prix", a-t-il déclaré lors d'une interview accordée à BFMTV le 6 octobre dernier.
Alors, les collectivités locales voient-elles flamber la facture au moment d'acheter leur fourniture ?
Une pratique dénoncée par les élus locaux
Aujourd'hui, la majeure partie des mairies, départements ou hôpitaux passent par des centrales d'achat pour s'équiper. Jean-Philippe Tanguy n'est pas le seul à le regretter. Stéphanie Von Euw, maire LR de Pontoise, dénonce également les prix affichés dans les catalogues : "À l'usage, on se rend compte, et on a plein d'exemples, qu'il y a un surenchérissement des prix qui est juste insupportable et qui, moi, m'a amené à considérer que c'était presque du racket."
Elle cite un exemple concret : "Une applique comme nous avons à la mairie revient à 480 euros hors taxe. J'invite tout un chacun à aller taper sur le site de n'importe quelle enseigne. Il va retrouver la même applique, mais il la trouvera à 200 euros TTC, c'est-à-dire un peu plus de la moitié du prix."
Les centrales d'achat sous le feu des parlementaires
Ces écarts de prix sur du mobilier, parfois du simple au double, ont attiré l'attention des parlementaires. Une commission d'enquête sénatoriale s'est penchée sur le sujet et a auditionné la principale centrale d'achat du pays, l'UGAP. Le 21 mars 2025, Edward Jossa, président-directeur de l'UGAP, justifie : "Le taux de marge moyen, je peux le donner, de l'UGAP, est de 3,76 % sur les commandes enregistrées de 2024. C'est un taux qui est en baisse."
Si les collectivités locales n'ont pas l'obligation de passer par ces centrales d'achat, elles représentent souvent une sécurité et un gain de temps pour les élus. Stéphane Saussier, professeur d'économie à l'IAE de Paris, explique : "Je suis une petite collectivité locale. J'ai besoin de me fournir en ramettes de papier. C'est aussi un moyen de se débarrasser d'un problème qu'on ne sait pas trop gérer. Le coût de l'organisation, de l'appel d’offres, de la gestion des offres, de la sélection, du suivi des contrats, etc., est externalisé vers une centrale d'achat qui a juste les moyens de le faire et le fait de manière plus efficace."
Le rapport sénatorial pointe également le manque de diversité de ces centrales d'achat. L'UGAP, par exemple, représente à elle seule près de 6 milliards d'euros de commandes l'année dernière, un chiffre en hausse de plus de 6 % en un an.
Simon Uzenat, sénateur PS et président de la commission sur la commande publique, précise : "Ce que nous avons pu constater pour les principales centrales d'achat et en particulier l'UGAP, c'est qu'il y avait très clairement un défaut de pilotage politique sur le sujet et que cette feuille de route devait être précisée. C'est ce que nous veillerons à faire dans les prochaines semaines et prochains mois avec des initiatives législatives prises en ce sens."
Après ce rapport du Sénat, un projet de loi est actuellement dans les tuyaux pour tenter de mieux encadrer le pouvoir des centrales d'achat au sein de la commande publique.
Parmi nos sources :
Articles de presse :
- La centrale d'achat de l'État dans le viseur du gouvernement et du Sénat - La Lettre (Article payant)
- Fournitures payées trop cher : Bercy demande un rapport sur les achats de l’État et des collectivités locales - Le Figaro
- 80 euros la lampe et 50 euros l’ampoule : les établissements scolaires sont-ils obligés de se fournir à prix d’or ? - Libération
- Chaises, bureaux, stylos... Ces catalogues d’achat qui coûtent très cher à l’État - Le Parisien (Article payant)
Experts / intervenants :
- Stéphane Saussier, professeur à l’IAE Paris-Sorbonne, spécialiste en économie des partenariats public privé
- Stéphanie Von Euw, maire LR de Pontoise
- Simon Uzenat, sénateur PS du Morbihan, président de la commission d'enquête sur la commande publique
Études / rapports :
- Revue de dépenses : masse salariale et achats et charges externes des collectivités territoriales - Ministère de l'économie des finances
- Commission d’enquête sur les coûts et les modalités effectifs de la commande publique et la mesure de leur effet d’entraînement sur l’économie française - Sénat
Liste non exhaustive
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