Vrai ou faux Instagram et Facebook ont-ils abonné leurs utilisateurs aux comptes de Donald Trump et J.D. Vance à leur insu ?

Le groupe Meta a assuré qu'il n'avait pas obligé les utilisateurs de ses réseaux sociaux à suivre les comptes des nouveaux président et vice-président américains après leur investiture. Il est probable que les internautes qui suivaient déjà les pages officielles de la présidence américaine aient été surpris de voir les profils actualisés.

Article rédigé par Linh-Lan Dao
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Meta, maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram, assure ne pas avoir abonné ses utilisateurs aux pages de Donald Trump et J.D. Vance contre leur gré. (JAAP ARRIENS / NURPHOTO / AFP)
Meta, maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram, assure ne pas avoir abonné ses utilisateurs aux pages de Donald Trump et J.D. Vance contre leur gré. (JAAP ARRIENS / NURPHOTO / AFP)

Des utilisateurs de Facebook et d'Instagram ont exprimé leur étonnement sur les réseaux sociaux, mardi 21 janvier, au lendemain de l'investiture du président américain Donald Trump à Washington. Ils ont découvert qu'ils étaient abonnés aux comptes du nouvel occupant de la Maison Blanche ou de son vice-président, J.D. Vance. Certains ont suspecté le groupe Meta de les avoir forcés à suivre les deux dirigeants, y voyant un nouveau signe du virage conservateur pris par le patron de l'entreprise, Mark Zuckerberg. Ce dernier avait d'ailleurs assisté la veille à la prise de fonction du républicain aux côtés d'autres patrons de la tech. Mais ces accusations sont-elles fondées ?

Capture d'écran de la page officielle du président américain sur Instagram le 22 janvier 2025. (INSTAGRAM)
Capture d'écran de la page officielle du président américain sur Instagram le 22 janvier 2025. (INSTAGRAM)

Andy Stone, responsable de la communication du groupe Meta, a répondu sur le réseau social Threads, afin de couper court aux rumeurs. "Les gens n'ont pas été obligés de suivre automatiquement les comptes Facebook ou Instagram officiels du président, du vice-président ou de la Première dame", a-t-il assuré, expliquant : "Ces comptes sont gérés par la Maison Blanche, donc, avec une nouvelle administration, le contenu de ces pages change." Et le porte-parole du géant d'assurer dans un autre message : "Il s'agit de la même procédure que celle que nous avons suivie lors de la dernière transition présidentielle. Il faudra peut-être un certain temps pour que les demandes de suivi et de désabonnement soient traitées lorsque ces comptes changent de mains."

Les comptes officiels de la présidence sortante archivés

A la suite de l'investiture, la nouvelle administration a toiletté les réseaux sociaux gérés par la Maison Blanche. Sur Facebook comme sur Instagram, les photos et les noms de Donald Trump et J.D. Vance ont remplacé ceux et celles de leurs prédécesseurs, les démocrates Joe Biden et Kamala Harris, sur les comptes officiels, comme ici ou . Les utilisateurs de ces réseaux sociaux qui y suivaient déjà ces pages officielles durant la précédente présidence ont donc pu croire qu'ils avaient été abonnés aux pages personnelles des nouveaux élus (celle-ci ou celle-là par exemple), sans se rendre compte qu'il s'agissait en réalité des pages officielles dédiées à leurs fonctions.

Capture d'écran de la page Facebook officielle du vice-président des Etats-Unis, le 22 janvier 2025. (FACEBOOK)
Capture d'écran de la page Facebook officielle du vice-président des Etats-Unis, le 22 janvier 2025. (FACEBOOK)

Quant aux comptes officiels de leurs prédécesseurs démocrates, ils ont été archivés par Meta. Sur Instagram par exemple, les comptes de Joe Biden et Kamala Harris restent accessibles sous les noms potus46archive et vp46archive – le chiffre correspond au fait qu'ils étaient les 46es dépositaires de ces fonctions.

Une ex-employée de Facebook, Katie Harbath, a confirmé sur Threads que son ancienne équipe avait mis en place en 2016, lors de la première arrivée au pouvoir de Donald Trump, le système permettant de transférer et d'archiver les contenus des comptes officiels de la Maison Blanche publiés sous la présidence du sortant, Barack Obama. "La même chose a été réalisée lors du transfert de Trump à Biden, a-t-elle assuré. Les anciens [posts] vont sur un compte archivé et les abonnés restent, mais le flux est effacé. La plupart des plateformes procèdent de cette façon."

Un "problème" sur le mot-clé #democrats

D'autres internautes ont remarqué que lorsqu'ils tapaient sur Instagram le mot-clé #democrats, ils recevaient pour toute réponse : "Nous avons masqué ces résultats", avec pour justification : "Les résultats pour le terme que vous avez recherché peuvent contenir du contenu sensible." Là encore, Andy Stone a apporté une explication technique. "Il y a un problème qui affecte la capacité des gens à rechercher un certain nombre de mots-clés sur Instagram – pas seulement ceux [relatifs] à la gauche. Nous travaillons rapidement pour résoudre ce problème", a-t-il assuré dans un post en réponse à un internaute.

Le problème semble avoir été résolu. Franceinfo a réalisé une recherche sur Instagram avec le mot-clé #democrats et obtenu en réponse des publications à consulter. Mais les autres mots-clés suggérés en complément de cette recherche sont peu flatteurs pour les démocrates : "#democratssuck" ("les démocrates sont nuls"), #democratsdestroyamerica ("les démocrates détruisent l'Amérique"), #democratsfortrump ("les démocrates pour Trump").

Des changements de pratiques qui attisent les soupçons

Si les soupçons sur Meta ont circulé avec autant de facilité, c'est que la maison mère d'Instagram, Facebook et Threads avait déjà suscité la méfiance par le passé, sur fond d'accusations d'ingérence politique. Instagram avait ainsi annoncé en février 2024 sur son site limiter la quantité de contenu politique mis en avant par les algorithmes. "Nous ne souhaitons pas non plus recommander de manière proactive du contenu politique provenant de comptes que vous ne suivez pas", avait plaidé le réseau social.

Six mois plus tard, une enquête sur Meta et Google avait été initiée par le camp républicain pour des allégations de censure concernant la tentative d'assassinat de Donald Trump. Meta avait notamment été accusé de cacher des informations sur cet événement à travers son outil d'intelligence artificielle. Les deux entreprises se sont défendues de tout parti pris, selon l'institut Poynter. Depuis l'investiture de Donald Trump, toutefois, le parti pris de Meta est devenu visible. Mark Zuckerberg a semblé donner un certain nombre de gages pour s'attirer les faveurs du nouveau président, abandonnant son programme international de fact-checking, fragilisant la modération et revendiquant les bienfaits de "l'énergie masculine".

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