: Transparence Quelles sont les règles des rédactions de France Télévisions en matière de rectificatifs ?
Quand on se trompe, il faut le dire. Cette règle déontologique de bon sens s'applique à tout journaliste dans tout média, selon les chartes d'éthique des journalistes. A France Télévisions, des règles écrites existent.
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Non, Dominique Bernard n'avait pas montré à ses élèves les caricatures du prophète Mahomet. Les présentateurs des JT de 13H et 20H et leurs équipes ont commis une erreur en affirmant l'inverse le 13 octobre 2025. La rédaction renouvelle ses excuses au public, aux collègues et à la famille de Dominique Bernard, professeur de lettres assassiné à Arras le 13 octobre 2022. Cette erreur aurait dû être rectifiée très vite. Elle ne l'a été que tardivement. La rédaction, à la suite de plusieurs dysfonctionnements qui font l'objet d'un audit, n'a pas respecté ses propres règles. Dans le cadre de notre page "Une information transparente", nous détaillons ces règles.
Pourquoi une charte interne ?
La charte d'éthique professionnelle du journaliste, qui s'impose à tout journaliste, et que la rédaction de France Télévisions place en tête de ses textes de référence, est très claire dans son article 5 : "Le journaliste dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révélerait inexacte". La charte de Munich, autre texte de référence de France Télévisions, dit la même chose dans son article 6 : "[Le devoir du journaliste] est de rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte".
Dès lors, pourquoi ajouter un texte interne ? Historiquement, France Télévisions a appliqué correctement les règles du rectificatif, sans besoin d'un texte particulier. Les quelques incartades étaient souvent suivies de réprimandes, voire de sanctions, et d'ajustements pour que cela ne reproduise pas. Mais une observation attentive des cas passés nous a laissé penser qu'une application plus normée était nécessaire. Ce besoin de norme s'est révélé d'autant plus fort lorsque France Télévisions a postulé au label Journalism Trust Initiative, qu'elle a été le premier média français à obtenir en 2020. Ce label déontologique très exigeant pousse les médias à écrire leurs règles, même lorsque celles-ci sont empiriquement respectées, dans l'oralité. Le rectificatif faisait partie de ces règles orales. Il a fallu y remédier.
Autre raison de l'écriture d'un texte spécifique : les détails de son application.
Un texte applicatif clair
Nous reproduisons ici la charte, qui fait partie d'un guide déontologique des éditions et des services, à usage de tous les journalistes de France Télévisions.
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Rectifier le plus vite possible
Une vieille et mauvaise habitude de la télévision consistait, lorsque l'erreur avait été détectée trop tard pour un rectificatif pendant l'édition concernée, d'attendre la même édition le lendemain, pour les chaînes généralistes. La rapidité de la diffusion des informations est telle aujourd'hui que cette habitude doit être bannie. Il faut rectifier dès que possible, sur tous les canaux à notre disposition, numériques ou linéaires. Evidemment, une édition doit pouvoir rectifier l'erreur de la précédente. "Les éditions rechignaient jusqu'alors à s'excuser pour l'erreur commise par une autre équipe. Ce temps est révolu", reconnaît une ancienne rédactrice en chef.
La rédaction a appris avec le temps que le public comprend l'erreur, humaine par définition. Il prend en revanche très mal l'absence de rectification, d'explications, voire d'excuses.
Une exigence en hausse
D'autant que l'exigence du public en matière d'exactitude et de transparence a considérablement augmenté ces dernières décennies. "La société française a changé", explique Jean-Marie Charon, sociologue des médias. "On a affaire à un public beaucoup plus compétent. La critique part en général de son domaine de compétence. 'Moi je suis juriste, moi je suis médecin', etc. (...) S'ajoute à cela une politisation : des médias d'opinion ont fait du travail des autres médias un sujet en soi, avec une mise en cause particulière du service public audiovisuel."
Expliquer les suppressions de replays
La charte consacre aussi le principe d'expliquer le retrait des vidéos de rattrapage (replay). A ce jour, ce principe est peu appliqué, parce que la plupart des suppressions n'ont rien à voir avec l'exactitude du contenu, mais le plus souvent avec des questions de droits audiovisuels acquis pour un usage ou une durée restreints. Un travail est en cours pour distinguer les quelques cas dans lesquels le contenu journalistique du sujet est en cause, et expliquer le retrait en conséquence.
Une marge d'appréciation
La charte du rectificatif laisse aux équipes une marge d'appréciation, lorsque l'inexactitude concerne un petit détail, et surtout lorsqu'elles sont responsables d'une inexactitude plus que d'une erreur factuelle incontestable. Revenir en cours de journal ou d'émission sur une simple inexactitude est souvent impossible. Il faudrait reprendre les détails d'un reportage, alors que nous serions passés entre-temps à une tout autre actualité. Le risque d'apporter plus de confusion que d'éclaircissement serait alors grand. Dans ces cas-là, un retour sur le sujet un autre jour peut être envisagé, ou des précisions sous le replay, dans le cadre de nosSources, par exemple.
Mais aucune charte ne prévoit tous les cas de figure, et son respect dépend du sérieux de son application dans une activité, le journalisme, éminemment humaine, donc faillible.
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