Tour de France femmes 2025 : Kim Le Court, un maillot jaune qui vient de loin
Première coureuse africaine leader de la course, après la 2e étape, dimanche, la Mauricienne de 29 ans n’a rejoint le peloton professionnel que l’an dernier.
La veille du Grand Départ à Vannes, son grand sourire n’avait d’égal que sa motivation. Kimberley Le Court s’imaginait déjà porter le maillot jaune. "C'est un rêve pour moi et pour les Mauriciens. Je crois qu'ils seraient encore plus fiers de me voir porter le maillot jaune que celui de championne nationale même s’il y a déjà un peu de jaune dessus", s’était-elle amusée. Deux jours plus tard, le rêve est devenu réalité à Quimper. En prenant la troisième place de la deuxième étape du Tour de France femmes 2025, au sprint, dimanche 27 juillet, elle a détrôné Marianne Vos malgré une égalité parfaite au temps.
A l’évidence, elle n’avait pas en tête le point de règlement qui lui permet de passer devant la Néerlandaise (en cas d’égalité parfaite, c'est le cumul des places dans les différentes étapes qui départage les concurrentes). Elle n’a appris la nouvelle qu’une fois arrêtée par la consultante de France Télévisions, Marion Hérault-Garnier, après la ligne d’arrivée. "Je ne m’y attendais pas du tout. C’est magique. Jamais je n’aurais cru réaliser ce rêve", a-t-elle retracé en zone mixte, quelques minutes après son passage sur le podium, pressée de fêter le moment avec son mari et son frère.
Tout va très vite pour la Mauricienne de 29 ans, qui consacrait sa carrière au VTT, en Afrique, avant de faire le saut pour le cyclisme sur route, sous les couleurs d’AG Insurance-Soudal, pour la saison 2024. Un saut qui s'est produit à la dernière minute fin 2023. "Elle devait se marier. Le contrat est arrivé une semaine avant le mariage. Elle a dû écourter sa lune de miel. Le lendemain du mariage, elle a dû partir en stage à 7 heures du matin. Ce n'était pas du tout dans ses plans", rapporte son frère Olivier, présent sur le Tour. Un arrière-goût d'inachevé a poussé sa soeur à accepter la proposition. "J’avais atteint tous mes objectifs en VTT. J’avais envie d’un challenge", explique celle qui a notamment été médaillée d’or de cross-country marathon aux Jeux africains en 2019.
Elle a failli renoncer au vélo il y a dix ans
Kim Le Court avait déjà tenté sa chance dans le peloton en 2015 à 19 ans. "Les choses ne s’étaient pas du tout bien passées. J’abandonnais ou je finissais dernière ou avant-dernière à chaque course. Ce n’était vraiment pas mémorable", raconte celle qui a porté les couleurs des équipes Matrix Fitness et Bizkaia-Durango. Après son abandon dès la deuxième étape du Giro en 2016, Kim Le Court a acté l'échec de son projet européen et fait son retour en Afrique du Sud, le pays où elle s’est installée après la fin de ses études dans une école française de l’île Maurice.
Dimanche, elle s’est souvenue du soutien que lui avait apporté Marianne Vos lors du Tour de Grande-Bretagne 2015, terminé largement dernière, à presque 30 minutes de l’avant-dernière : "Elle m’avait attendue plus d’une heure. Certains ont dit que je lui avais volé le maillot jaune aujourd’hui, mais je pense qu’elle doit surtout être fière. Il y a dix ans, j’étais à deux doigts de tout arrêter et aujourd’hui je suis assise devant vous avec le maillot jaune sur les épaules", savoure celle qui devient la première Africaine à porter la prestigieuse tunique, trois mois après son succès tout aussi historique sur Liège-Bastogne-Liège.
"Être la première coureuse africaine n’a jamais été un but dans mon esprit. Mais ça rend évidemment la chose encore plus spéciale, ça va peut-être motiver plus de jeunes à se mettre au vélo et à croire que c’est possible", a noté celle qui est née à 9 500 km de la France mais qui s'exprime dans un très bon français. Sur l'île Maurice, le vélo est loin d'être un sport national. Enfant, Kim Le Court était surtout passionnée de football et se prenait pour Wayne Rooney sur le terrain, au milieu des garçons. Si elle n'avait pas choisi le cyclisme, elle aurait accepté une bourse universitaire pour jouer aux Etats-Unis. Elle a suivi les traces de son frère Olivier, qui a tenté sa chance en Europe avant elle.
Garder le jaune jusqu'à quand ?
"J'ai fait mon petit parcours. Je n'ai pas réussi. Elle vit mon rêve à ma place, explique celui qui a couru en France à l'US Montauban 82 ou encore au GSC Blagnac 31. Depuis qu'elle est petite, je vois qu'elle est au-dessus du lot. Elle a ce talent et ce tempérament. Quand on regardait les dessins animés quand on était petits, c'est elle qui avait la télécommande. Si elle veut quelque chose, elle va se battre pour l'avoir. Sa place, c'est sa place", assure Olivier.
"Si on veut vraiment briller dans le vélo, il faut quitter l’île Maurice. C'est dommage, mais c'est ce que j'ai fait", assume Kim Le Court, dont le statut ne cesse de grandir au sein du peloton. Sans cesse confondue par certains spectateurs avec Lotte Kopecky, la porteuse du maillot arc-en-ciel de championne du monde (qui ressemble beaucoup au maillot de championne de l'île Maurice), la Mauricienne sera en jaune et bien identifiable, lundi au départ de La Gacilly.
"Je vais essayer de le garder le plus longtemps possible", a déjà promis l'intéressée, qui devra apporter des réponses quant à son niveau réel en haute montagne. Son frère Olivier croit fort en ses chances : "Elle peut le porter jusqu'au bout. Elle a le niveau. Il faudra qu'elle gère la pression parce que cette situation est assez nouvelle pour elle. Cela se jouera surtout sur le plan mental". Avant de se projeter sur la montagne en fin de semaine prochaine, Kim Le Court n'est pas sûre de conserver le maillot jaune lors de la troisième étape. Si elle termine derrière Marianne Vos (même sans perdre de temps) à Angers, sur un tracé favorable à la Néerlandaise, elle devra céder sa tunique.
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