"Trop de femmes se mettent des barrières vis-à-vis de la pratique du cyclisme", regrette Audrey Cordon-Ragot, qui a gravi le mont Ventoux

La multiple championne de France a escaladé le mont Ventoux, lundi, en compagnie de six autres coureuses, pour mettre en lumière le cyclisme féminin, dont le Tour de France débutera le 26 juillet.

Article rédigé par Hortense Leblanc, Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Audrey Cordon-Ragot et des coureuses dans l'ascension du Mont Ventoux, le 21 juillet 2025. (KRYS)
Audrey Cordon-Ragot et des coureuses dans l'ascension du Mont Ventoux, le 21 juillet 2025. (KRYS)

Le peloton masculin n'a pas été le seul à gravir le Géant de Provence lors de cette édition. Sept coureuses ont en effet réalisé la 16e étape entre Montpellier et le Mont Ventoux afin "d'accompagner l'ascension du cyclisme féminin", lundi 21 juillet, à l'initiative du partenaire Krys. On y retrouvait notamment Audrey Cordon-Ragot, multiple championne de France, ou encore Marine Leleu, athlète et influenceuse dans le monde du cyclisme et du triathlon.

Le mont Chauve ne sera pas au programme de l'édition 2025 du Tour de France femmes, qui escaladera tout de même le col de la Madeleine et celui de Joux-Plane. Mais le passage des hommes dans ce col mythique de Provence était l'occasion de montrer que leurs homologues féminines pouvaient également le dompter. "L'idée, c'était de prouver qu'on peut le faire. J'ai fait trois fois le Tour de France, et on a monté des grands cols, le Tourmalet, l'Alpe d'Huez l'an passé. Le Ventoux fait partie de la liste des grands cols, on aimerait qu'il soit au programme et je pense que c'est dans les cartons", anticipe Audrey Cordon-Ragot.

Les cyclistes féminines lors de l'ascension du Mont Ventoux, le 21 juillet 2025. (KRYS)
Les cyclistes féminines lors de l'ascension du Mont Ventoux, le 21 juillet 2025. (KRYS)

En profitant de la caisse de résonance du Tour de France, la néo-retraitée souhaite aussi alerter sur l'accès au cyclisme pour les femmes : "Je pense qu'il y a trop de femmes aujourd'hui qui se mettent des barrières vis-à-vis du cyclisme, qui reste encore un sport un peu déserté", poursuit la septuple championne de France du contre-la-montre. Un avis partagé par Marie Patouillet, championne paralympique de poursuite C5 à Paris en 2024, qui a rejoint le groupe au pied du Ventoux pour faire l'ascension : "Il n'y a rien qu'à voir pour s'équiper. Même si maintenant il y a de plus en plus de marques qui font des cuissards, des vélos adaptés aux femmes, il y a beaucoup moins de choix pour s'habiller quand on est une femme. C'était important de participer à cet événement justement pour prendre la place et montrer qu'on existe", enchaîne celle qui a également gagné l'argent sur 500 m C4-5 aux Jeux de Paris.

La récente renaissance du Tour de France femmes, qui ne cesse de séduire, a propulsé le cyclisme féminin dans une nouvelle dimension. Mais cet essor n'a pas encore ruisselé jusqu'en bas pour Audrey Cordon-Ragot. "On manque beaucoup de conseils chez les femmes : comment s'équiper, par où commencer tout simplement. Je pense que ça fait peur et ça ne touche pas le public de femmes actives, qui, justement, ne veut pas "gaspiller" son temps. Donc on prend les chaussures de running, un short, un t-shirt et on va courir. L'accessibilité du vélo est encore trop difficile. On est venues là pour un peu désacraliser la pratique en se disant : "Si pendant tes vacances tu as envie de louer un vélo au pied du Ventoux et le monter, c'est possible.'"

"En France il y a encore une règle du 80-20. On est 85% pour les hommes en médiatisation, 15% pour les femmes. En sponsoring, 80% des financements sont pour les hommes, 20% pour les femmes."

Marie Patouillet, championne paralympique de cyclisme sur piste 2024

à franceinfo: sport

Avec une médiatisation en hausse mais encore trop inégale comme le pointe Marie Patouillet, l'objectif de cette journée, à laquelle Nikola Karabatic et Sarah Ourahmoune ont également participé (uniquement pour l'ascension), est d'inciter le grand public féminin à s'y essayer. "Je pense que le vélo est encore trop vu comme un sport de compétition. Et pas un sport juste d'épanouissement", résume Audrey Cordon-Ragot. "Il est temps d'inverser la tendance, en tout cas de rééquilibrer les vases. Et de montrer, même si ce n'était pas une question de chronométrage, que les femmes peuvent le faire aussi", conclut Marie Patouillet.

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