Mondiaux de volley : les Françaises montent en puissance et redécouvrent une compétition qu'elles n'avaient plus connue depuis plus de 50 ans

Pour la première fois depuis 1974, l’équipe de France féminine de volley-ball va disputer les championnats du monde, du 22 août au 7 septembre, en Thaïlande.

Article rédigé par Amandine Berraz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
L'équipe de France féminine de volley-ball célébrant un point lors du match face à la Chine en Ligue des Nations, le 7 juin 2025. (LUO YUAN / AFP)
L'équipe de France féminine de volley-ball célébrant un point lors du match face à la Chine en Ligue des Nations, le 7 juin 2025. (LUO YUAN / AFP)

Objectif, "sortir de la phase de groupes". Les Bleues, qui n’ont plus connu les championnats du monde depuis plus de 50 ans, s’avancent conquérantes vers leur premier match des Mondiaux 2025 (du 22 août au 7 septembre), en Thaïlande. Face à Porto Rico, vendredi 22 août, "il faudra répondre présent d’entrée", avait assuré le nouvel entraîneur espagnol de l'équipe de France, César Hernandez, en mai.

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C’est vrai qu’on a souvent des difficultés à rentrer dans une compétition, donc ce match va être clé, il peut tout faire basculer" confirme à franceinfo: sport la capitaine et réceptionneuse-attaquante Héléna Cazaute, sélectionnée en équipe nationale depuis 2015. En cas de défaite, rien ne sera perdu pour les Françaises mais elles devront alors battre la Grèce, 30e mondiale et surtout rivaliser face aux Brésiliennes, vice-championnes du monde en titre, dès le deuxième match.

Des résultats en Ligue des Nations de bon augure pour le Mondial

Une tâche qui s’annonce difficile sur le papier mais les Bleues ont déjà montré qu’elles étaient capables de mettre en difficulté des grosses équipes. Lors de la Ligue des nations 2025 - compétition où les Françaises ont terminé 9es sur 18 équipes, avec cinq victoires pour sept défaites -, les joueuses de César Hernandez ont effectivement emmené les Brésiliennes jusqu’au tie-break, avant de craquer dans les derniers instants du match (25-23, 21-25, 25-17, 21-25, 11-15). Quelques jours auparavant, c’est face à la Serbie, double championne du monde en titre, que les Tricolores ont réalisé une performance de grande qualité, en s’imposant après cinq sets de haute intensité (21-25, 25-16, 16-25, 25-15, 15-13). Puis face aux Etats-Unis, vice-championnes olympiques en titre, elles ont failli réitérer l’exploit, s’inclinant finalement au tie-break (22-225, 24-26, 25-20, 25-21, 13-15).

La capitaine Héléna Cazaute lors de la rencontre face à la Serbie en Ligue des Nations, le 22 juin 2025. (SIPA)
La capitaine Héléna Cazaute lors de la rencontre face à la Serbie en Ligue des Nations, le 22 juin 2025. (SIPA)

"Ça nous booste, parce qu'il y a quelques années de ça, accrocher le Brésil, c'était quelque chose de plus ou moins impensable, donc de voir qu'on a été capable de prendre deux sets au Brésil, c'est une fierté quand même", s’est confié Héléna Cazaute, qui tempère tout de même à l’approche des Mondiaux. "Je m'attends quand même à un tout autre match dans quelques jours, parce que ça reste le Brésil et ils nous ont peut-être pris un petit peu de haut, parce qu'on a toujours été l'équipe en dessous". Malgré une évolution nette, passant de la 56e à la 15e place mondiale en huit ans, les Françaises manquent encore d’expérience au plus haut niveau mondial. Il faut dire que le groupe actuel n’a pour le moment vécu que les Jeux de Paris 2024 comme compétition internationale, où elles ont terminé dernières de leur groupe avec zéro match gagné, ni même de set remporté pour leur première compétition olympique de l’histoire.

Une équipe jeune encore en développement

Malgré ce résultat, les volleyeuses françaises n’ont pas démérité lors de ces JO à domicile, qui ont marqué une étape importante dans la politique de développement du volley-ball féminin en France, commencé en 2017. "L'équipe de France féminine était un peu déshabillée en termes de moyens financiers et humains. Il y a eu le choix du président Eric Tanguy [en poste depuis 2015] d'attribuer des moyens cohérents pour que l'équipe puisse travailler", précise à franceinfo: sport Emmanuel Fouchet, manager de l’équipe de France féminine. "Le projet a automatiquement fédéré cette équipe-là avec l'opportunité de jouer les Jeux olympiques à Paris", poursuit-il.

Les jeunes tricolores Enora Danard-Selosse (22 ans) et Iman Ndiaye (23 ans) célébrant un point lors de la rencontre face à l'Allemagne en Ligue des Nations, le 18 juin 2025. (SIPA)
Les jeunes tricolores Enora Danard-Selosse (22 ans) et Iman Ndiaye (23 ans) célébrant un point lors de la rencontre face à l'Allemagne en Ligue des Nations, le 18 juin 2025. (SIPA)

Le changement de politique de la fédération a d'ailleurs permis aux joueuses de se mettre en confiance. "Il y a plus de filles qui se sentent bien dans l'équipe, qui ont de l'assurance. C'est important pour notre évolution", estime d’ailleurs Héléna Cazaute, qui a rejoint ses coéquipières lors de la deuxième semaine de la Ligue des Nations. "Quand j'ai vu le niveau collectif à l'entraînement, je me suis dit : franchement, c'est intéressant et il y a quelque chose à faire".

Cette assurance des joueuses passe également par "leur évolution individuelle" affirme Emmanuel Fouchet. "Le fait que les joueuses s’exportent et jouent dans les plus grands championnats étrangers leur permet de se rendre compte qu'elles étaient l'égale de très bonnes joueuses." Cinq volleyeuses tricolores évoluent dans les championnats de référence - l’Italie et la Turquie - dont Héléna Cazaute, qui a signé au Vakifbank Istanbul, dans le championnat où jouent aussi Iman Ndiaye et Amélie Rotar.

"Notre objectif est d'évoluer le plus loin possible, et de se rapprocher de ce que les garçons ont fait, de créer un truc petit à petit. Ils sont clairement un exemple pour nous."

Héléna Cazaute, capitaine et réceptionneuse-attaquante de l’équipe de France

à Franceinfo : sport

À seulement 23 ans, Iman Ndiaye a d’ailleurs connu une ascension rapide en équipe de France. Sélectionnée pour la première fois lors des JO de Paris - où elle a inscrit cinq points en trois matchs - l’attaquante, qui a passé sa jeunesse aux Etats-Unis, a révélé son potentiel lors de la Ligue des Nations, terminant deuxième meilleure marqueuse de la compétition, avec 233 points marqués en 12 rencontres. La fille de Bouna Ndiaye, agent de nombreux basketteurs dont Victor Wembanyama, sera donc attendue lors de ce Mondial, épaulée de ses treize coéquipières, le collectif étant un aspect primordial pour le sélectionneur César Hernandez.

"Je ne crois pas aux équipes qui ne s’appuient que sur deux ou trois éléments. Nous sommes une équipe, un collectif, et si nous sommes performants, c’est parce que tout le monde donne le meilleur à l’entraînement et tire le groupe vers le haut" avait-il déclaré sur les réseaux sociaux des équipes de France de volley-ball. Un travail collectif qui pourrait donc permettre au groupe bleu, relativement jeune (25 ans de moyenne) de performer sur le long terme.

Le calendrier des Bleues

Porto Rico - France : 22 août, 11 heures (heure française)
Brésil - France : 24 août, 14h30
France - Grèce : 26 août, 11 heures

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