: Vidéo Capteurs, foils, aérodynamisme... On est monté à bord du maxi-trimaran d'Armel Le Cléac'h, F1 des mers avant le départ de la Transat Café L'Or
Le skipper dévoile à franceinfo son multicoque équipé des dernières technologies et d'un savoir-faire artisanal lors d'une navigation de préparation au large de Lorient. Un bateau tellement performant, que "le risque est de se faire dépasser par la puissance de la machine...", confie -t-il.
Armel Le Cléac'h entre dans la dernière ligne droite. Depuis plusieurs mois, le skipper breton prépare, avec son coéquipier Sébastien Josse, la Transat Café L'Or (ex-Transat Jacques Vabre), une transatlantique en double qui partira du Havre, dimanche 26 octobre, pour la Martinique. Le duo a déjà remporté cette course en 2023 au terme de 14 jours de navigation dans la catégorie des "Ultimes", les immenses multicoques.
Son bateau, Banque populaire XI, 32 mètres de long sur 23 mètres de large, pourrait accueillir quatre terrains de tennis. À bord de cette Formule 1 des mers, Armel Le Cléac'h, vainqueur du Vendée Globe (2016) et de la Solitaire du Figaro (2020), repart à l'aventure. Franceinfo a pu embarquer lors d'essais libres au large de Lorient.
franceinfo : Pourquoi caractérise-t-on votre bateau de "Formule1 des mers" ?
Armel Le Cléac'h : Tout d'abord, les Ultimes sont les bateaux parmi les plus rapides au monde. Banque populaire XI atteint des vitesses assez incroyables, et ce, avec peu de vent. À partir de 12-13 nœuds (22-24 km/h), on peut déjà le faire décoller. On arrive à des pointes autour de 50 nœuds, soit quasiment 100 km/h. En voile, c'est très, très rapide. Il s'agit d'un bateau qui demande beaucoup de préparation et de maîtrise technique, il est bourré d'électronique. Toute une équipe travaille avec moi pour faire en sorte qu'il soit le plus fiable possible. Donc il y a à la fois des techniciens, des mécaniciens, des ingénieurs. Tout cela ressemble effectivement beaucoup à l'univers de la Formule 1.
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Pour gagner en vitesse, Banque Populaire XI est équipé de nouveaux foils, dont le maniement impose beaucoup de savoir-faire. Pouvez-vous nous expliquer la subtilité nécessaire, quand on est au volant du bateau, afin d'exploiter tout son potentiel ?
Le foil est une pièce qui nous permet de faire sortir la coque hors de l'eau, ce qui retire les frottements et résistances qu'on avait avec les bateaux des anciennes générations, sans foil donc. Le but est d'aller chercher une hauteur de vol qui soit stable. Il ne faut pas voler trop haut, sinon, à un moment, on décrocherait. Le foil sortirait de l'eau et le bateau se retournerait violemment. Et il ne faut pas non plus que la coque "colle" dans l'eau parce que l'on retrouverait du frottement. Je dois donc trouver la bonne hauteur de vol pour avoir un bateau stable avec une vitesse importante et surtout sur une longue durée. Ce sont des choses complexes à réunir.
À ce niveau de performance, tous les détails face aux concurrents comptent. On retrouve sur votre bateau des technologies issues de l'automobile, là encore. Lesquelles ?
On est attentif à l'aérodynamisme puisque nous sommes tout le temps en "mode volant", donc on regarde l'écoulement de l'air autour du bateau, comme en voiture, comme en avion aussi. Nous regardons le moindre détail qui peut gêner, qui peut engendrer de la perte de vitesse, afin de le travailler avec les ingénieurs et techniciens de Banque Populaire. Nous sommes très vigilants au poids du bateau. Plus il sera léger, plus il sera rapide. Mais il faut qu'il soit aussi suffisamment solide pour ne pas casser.
Nous avons aussi développé un simulateur pour tester sur ordinateur des configurations, avant de les mettre en place sur le bateau. Cela permet de passer du temps à naviguer virtuellement pour comprendre certains réglages ou différent design de foils, de jouer sur plein de détails.
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Des détails qui se cachent jusque dans le soin apporté aux coutures qui assemblent les voiles et les toiles.
Il y a effectivement plein de petites coutures sur le bateau qui relèvent là d'un savoir-faire artisanal. Elles doivent être résistantes parce qu'il y a des efforts importants, de plusieurs tonnes sur les voiles, par exemple. Il faut aussi que les coutures soient suffisamment lisses et discrètes pour éviter de perdre de l'aérodynamisme.
Ce bateau est-il finalement facile à prendre en main ?
Il prend du temps à être utilisé à 100%. Il a été mis à l'eau en 2021 et il nous a fallu presque deux saisons complètes pour le maîtriser. Ces efforts nous ont notamment permis de gagner la dernière Transat Café L'Or. Et depuis, on continue à le faire progresser. On navigue tous les jours à Lorient avec l'équipe, tout est analysé. Il y a plus de 250 capteurs sur l'ensemble de la plateforme, sur les foils, le mât, les voiles... Plusieurs centaines de données sont enregistrées chaque seconde. Cela permet de comprendre le comportement du bateau, mais aussi de surveiller si la structure n'est pas trop sollicitée. Par exemple, des alarmes nous signalent si on commence à atteindre le point critique d'une pièce et nous préviennent d'une éventuelle casse.
Quels sont les risques à bord ?
Le risque avec ce bateau, c'est de se faire dépasser par la puissance de la machine. Si le vent commence à forcir et que l'on n'a pas suffisamment réduit la puissance en diminuant la surface des voiles, on risque effectivement de se faire dépasser et là, ça devient dangereux. Le bateau va devenir quasiment immaîtrisable. Il faudrait alors changer les voiles et comme le vent va être fort, ça va être très difficile de le faire physiquement et ça peut conduire au chavirage. Le bateau se retourne entièrement et là malheureusement c'est "game over", car il n'y a pas de possibilité de remettre le bateau à l'endroit quand on est au large.
Et qu'est-ce qui vous anime dans la préparation de la Transat Café L'Or ?
Moi, ce qui me fait kiffer, c'est à la fois le défi technologique, mais aussi le défi humain, monter un projet avec un bateau qu'on a construit et sur lequel on travaille tous les jours. Puis bien sûr, d'essayer de décrocher la victoire ensemble. Quand on gagne, ce sont des moments incroyables parce que tout notre travail est récompensé, à la fois pour nous, le sponsor et les gens qui nous entourent.
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