Vendée Globe : Météo défavorable, pandémie de Covid… pourquoi les foilers n'ont pas battu le record
Ça n’était plus arrivé depuis 1993. Et c’est une surprise. En arrivant après 80 jours, 03 heures, 44 minutes et 46 secondes de course, Yannick Bestaven (Maître Coq IV) n’a pas battu le record du Vendée Globe, une première pour un vainqueur depuis 28 ans. Pourtant de nombreux bateaux de nouvelle génération, appelés “foilers”, s'élançaient au départ avec l’ambition d'effacer des tablettes le temps effectué par Armel Le Cléac’h il y a quatre ans, mais la météo et le manque de préparation lié au Covid en ont décidé autrement.
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74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes, tel est le record que nombreux voyaient déjà effacé avant même le départ de cette édition du Vendée Globe. Pourtant, après l’arrivée, il tient encore. "La leçon de ce Vendée Globe c’est qu'en mer, ça ne se passe jamais comme prévu", note Roland Jourdain, troisième en 2001. Les “foilers”, ces monocoques de nouvelles générations capables de voler au-dessus de l’eau grâce à leurs grands appendices, n’ont pas réussi à écraser la course comme on pouvait s'y attendre. La pandémie a bousculé leur préparation alors que la météo a rebattu toutes les cartes.
Éole n’y a pas mis du sien
Dans les courses au large, les hasards de la météo jouent un rôle crucial dans la réalisation d’un record. Sur cette édition, les planètes n’étaient pas alignées. "Ce n'était pas une météo de record", assure Roland Jourdain. Selon François Gabart : "C’était juste dingue ! Du jamais vu ! Dès qu'il y avait un tout petit peu d'espace pour accélérer, la tête de course se retrouvait bloquée soit par du vent très fort, soit par des zones sans vent. C’est arrivé deux, trois, vingt fois ! Et jusqu’à l’arrivée. C’était incomparable avec d'habitude", explique le vainqueur de 2013.
Les bateaux de la nouvelle génération auraient dû trouver un terrain très favorable et faire la différence dans la descente et la remontée de l’Atlantique. "Pour que ça vole il faut une bonne piste de décollage", explique Jourdain. En résumé, une mer plutôt plate et un vent régulier de travers pour permettre aux monocoques de planer au-dessus de l’eau grâce à leurs immenses foils. Mais cette situation s’est très peu produite en début de course à cause de fréquentes zones molles, sans vent, et n’a pas permis aux “foilers” de s’envoler en tête de la course pour le plus grand plaisir de Jourdain : "Le spectacle n’a jamais été aussi beau que depuis que ça a un peu ralenti. Ça n’a jamais été aussi joueur grâce au fait qu’il n’y a pas eu beaucoup de sprint qui donnaient la prime au plus rapide."
Lors de l’édition précédente, Armel Le Cléac’h avait réalisé un nouveau record à bord de Banque Populaire IX, un bateau à foils de première génération. Ce monocoque, renommé Bureau Vallée 2 et piloté par Louis Burton cette année, a terminé à plus de huit jours du temps signé par Le Cléac’h quatre ans plus tôt. "C’est 10% de plus, c’est juste énorme", explique Yann Dollo, directeur général adjoint de CDK Technologie, entreprise qui a fabriqué ce bateau. Pour Roland Jourdain, c’est une preuve du caractère particulier de la météo cette année : "Ce n'est pas le skipper qui fait une telle différence de temps. C’est le même bateau mais on n’a pas du tout eu la même météo."
Une prise en main des innovations tronquée par la pandémie
Sur la ligne de départ aux Sables d’Olonne, de nombreux bateaux de nouvelle génération ont touché l’eau pour la première fois en 2020, une année chamboulée par la pandémie de Covid, comme L’Occitane-en-Provence d’Armel Tripon ou Corum-L’Épargne de Nicolas Troussel. "Il y a très peu de "foilers" neufs qui ont beaucoup navigué, raconte Roland Jourdain. Il faut vraiment passer beaucoup d'heures sur son propre bateau." Pour ces deux skippers, l’issue a été malheureuse. Le premier a été retardé par un problème entre le mât et la voile alors que le second a tout simplement démâté.
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Pour les autres “foilers”, le manque de navigation lié au Covid s’est également fait sentir. "Je pense que ça ne leur a pas permis de se confronter à toutes les situations auxquelles ils se confrontent d'habitude dans une vraie préparation, explique Yann Dollo. Je pense que ça leur a manqué pour faire les bons choix techniques mais les bateaux mis à l’eau récemment se sont aussi avérés difficiles à exploiter dans les mers du sud.” C’était un constat déjà tiré il y a quatre ans par Armel Le Cléac’h. Les mers du sud, leurs grosses vagues et leurs courants changeants ne semblent pas être leur terrain de prédilection.
Nombre de ces nouveaux monocoques ont connu des avaries en tout genre. Pour Yann Dollo, on est encore dans une phase de découverte : "Je pense que les bateaux vont tellement vite que ça induit des chocs bien supérieurs à ceux qu’on pouvait obtenir avant. On apprend encore avec les vitesses qui s’accroissent, les répercussions sur l’ensemble des structures." "Les progrès énormes sur les performances des bateaux ont amené une certaine fragilité c’est évident, indique François Gabart avant d’ajouter, comme toute révolution, ça change beaucoup de paramètres et c’est difficile avec cette préparation de tout maîtriser". Malgré ces contretemps, cette révolution est en marche et les foils ont de beaux jours devant eux.
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