"On est animés par la même passion" : la Transat Paprec joue la carte de la mixité dans le milieu des courses au large

Pour la deuxième édition de suite, les organisateurs de la course en double entre Concarneau et Saint-Barthélémy ont imposé la mixité : une femme et un homme à bord des Figaro 3. En 2023 il n'y avait que 11 duos, ils sont 19 cette année.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Julie Simon et Davy Beaudart (HelloWork)
Julie Simon et Davy Beaudart (HelloWork)

Sur le pont de son Figaro 3 violet, amarré à Lorient, Davy Beaudart se prépare pour une nouvelle transatlantique : peut-être sa "quinzième", s'amuse-t-il sans savoir combien précisément. Cette fois, ce sera en duo et une navigatrice avec lui. "Est-ce que j’aurais choisi une femme si la course n’avait pas été mixte ?", s’interroge le marin qui fêtera ses 40 ans au lendemain du départ, le dimanche 20 avril. "Peut-être, sûrement", poursuit-il, assis tranquillement dans son bateau de dix mètres de long.

Le format de la mixité est devenu obligatoire mais ça lui convient plutôt bien. "Le duo homme-femme est quelque chose qui fonctionne très bien, avec des tempéraments différents certaines fois."

Davy Beaudart, qui dirige un chantier naval à Hennebont (Morbihan), se met donc en quête de son binôme : ce sera Julie Simon, 34 ans et un parcours atypique. "Ce n’était pas écrit d’avance pour moi car je suis consultante en finances d’entreprises, explique la jeune femme originaire de la Baule. Tous les parcours mènent à la voile, tous les profils et toutes les qualités font des bons marins. On a la chance de faire un sport où on n’est pas obligés de commencer à 10 ans par du dériveur à haut niveau. Il y a tous les types de marins qui existent."

Julie Simon et Davy Beaudart (HelloWork)
Julie Simon et Davy Beaudart (HelloWork)

Julie Simon et Davy Beaudart ne se rencontrent qu'en novembre dernier. Depuis, les navigations se sont enchaînées, histoire de peaufiner les automatismes. Mais cette Transat Paprec, exigeante, sera leur première expérience commune en course. "On est animés par la même passion : la course au large et l’envie de performance, insiste Davy Beaudart. Partant de ce principe-là, je ne vois pas trop comment ça pourrait mal se passer. Au contraire, je pense que ça va être de plus en plus sympa de naviguer avec Julie."

En 2023, c'était la première fois qu'une course d'un tel calibre imposait un format mixte. Faute de combattantes, il y avait peu de bateaux à l’époque : à peine 11, la plus faible affluence pour une épreuve née en 1992. Cette fois, le plateau est plus étoffé et sur les 38 marins au départ, 29 sont des bizuths, comme Julie Simon qui y voit un tremplin presque inespéré. Elle n'avait pas pu naviguer la saison dernière sur le circuit Figaro, par manque de sponsors et de partenaires. "C’est une formidable opportunité pour moi d’avoir ce type de course, s'enthousiasme-t-elle. Si ça avait été non mixte, Davy, avec son réseau, aurait eu plein de personnes en tête. Et le fait que ce soit mixte réduit le champ des possibles. Ça me permet de naviguer. C’est facilitateur pour les femmes pour pouvoir naviguer à haut niveau."

"La mixité sera gagnée quand la totalité de nos événements auront intégré un maximum de femmes."

Julie Coutts

à franceinfo

Et même si la majorité des projets sont encore portés par des hommes (12 sur les 19 au départ à Concarneau), le pari est gagné pour les organisateurs de la course. "La mixité pour nous n’est pas signe d’équilibre total, développe Julie Coutts, directrice générale d'OC Sport Pen Duick. Le fait qu’il n’y ait plus de difficulté de rencontre, que la mixité de sorte plus dans les problématiques ou dans les barrières à l’inscription montre notre succès." Et la prochaine étape ? Elle est toute trouvée aux yeux de l’organisation et de Julie Coutts. "À notre sens, la diversité doit aller au-delà des marins et doit s’accompagner dans toutes les sphères de la course au large, de la gestion de projets aux techniciens et aux préparateurs. Cette mixité sera gagnée quand la totalité des prismes de nos événements auront intégré un maximum de femmes."

Les organisateurs de la Transat Paprec voient les choses en grand : ils visent 30 bateaux pour la prochaine édition en 2027. En attendant, pour cette 17e édition, Davy Beaudart et Julie Simon partent avec de grosses ambitions : "Ça va être très serré et Julie est comme moi, hargneuse sur l’eau, on va plutôt bien se battre aux avant-postes", pronostique le Breton.

Les plus rapides accosteront sous le soleil de Gustavia, la ville principale de l’île de Saint-Barthélémy, dans moins de trois semaines.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.