: Vidéo "Les réseaux sociaux nous font croire que c’est mieux à l’autre bout de la planète" : Simon Gosselin, le traileur qui privilégie le train à l'avion

"Le premier métier que je voulais exercer quand j’avais une dizaine d’années, c’était conducteur de train." Depuis, Simon Gosselin a changé de voie et vit désormais de sa passion pour le sport de haut niveau. Il est devenu ultra-traileur et entraîneur, une des figures françaises de cette discipline qui se pratique en pleine nature et sur de longues distances. Installé près de Beaufort (Savoie), il a toutefois continué à entretenir son amour pour le train.

"Quand je pars courir à l’étranger, j'adore prendre ce moyen de transport. Je trouve agréable de voir défiler le paysage et c’est super rapide", confie-t-il à franceinfo. Le jeune homme de 29 ans prouve qu’il est possible d’enchaîner les compétitions grâce au ferroviaire : la Croatie en 2024, le Pays de Galles, cet été. Il vise aussi le 90 km du Mont-Blanc, qui aura lieu vendredi 27 juin. "Le but est d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement", justifie-t-il.

Le Covid comme moment de bascule

À l’origine de cette résolution, il y a la pandémie de Covid-19. La période lui offre alors le temps de se plonger dans les études scientifiques consacrées à l'environnement. "Je n’ai jamais beaucoup utilisé l’avion et je trouve finalement que ça n’a pas de sens quand d’autres solutions existent, avance-t-il, quand tu vois également qu’il y a de moins en moins de neige en montagne." 

"Ces choix de courses et de trajets correspondent à mes valeurs et je suis sûr que ça sert mes performances." 

Simon Gosselin, traileur

à franceinfo

Alors, quand d'autres coureurs ou journalistes lui parlent de la Diagonale des fous, l’ultra-trail mythique de la Réunion, ou de la Hardrock 100 aux États-Unis, Simon Gosselin a tendance à passer son tour. "La communication, les réseaux sociaux... beaucoup de choses poussent à nous faire croire qu’à l’autre bout du monde, ce serait mieux, qu’il y aurait de meilleures expériences à vivre. Pour moi, ce n’est pas un renoncement, il y a déjà plein de courses que j’adorerais faire en France et je n’y arrive pas, faute de temps."

Dans les traces d'autres traileurs

Simon Gosselin se rapproche donc de sportifs investis dans la défense de la nature, comme l’Espagnol Kilian Jornet, qui a créé sa fondation pour la préservation des montagnes. Ou les Français Xavier Thévenard et Olivier Crouvizier, qui a publié Ultra simple (éditions Mons), récit de son cheminement vers un trail plus vertueux.

Ce dernier est passé "de coureur transcontinental, passeport toujours à portée de main, à aventurier de mon pâté de maisons muni d’un simple billet de TER", résume-t-il. "Il en va non seulement de notre terrain de jeu et de nos événements, remis en cause par le dérèglement climatique (...) mais aussi plus globalement de notre discipline et de ses pratiquants", poursuit-il dans son ouvrage. Le Britannique Andy Symonds, lui, avait refusé, en 2022, de participer aux Championnats du monde de trail, parce qu'ils se déroulaient en Thaïlande. Il avait calculé, graphique à l'appui partagé sur Instagram, qu’environ un tiers de son empreinte carbone provenait de ses déplacements.

"Mon propos n’est pas dire de ne plus jamais prendre l’avion, mais ce n’est pas forcément prendre l’avion pour une course et revenir aussitôt, conclut pour sa part Simon Gosselin. On peut prendre plus de temps, en profiter pour découvrir une culture... J'ai moi-même acheté un vol l’année dernière avec ma copine car nous avions l’opportunité de partir trois mois outre-Atlantique, de courir tout en voyant des amis sur place. On a chacun à penser différemment et de manière nouvelle, c'est ça que je trouve ultra motivant."