Interview "Je reviens pour faire un dernier Wimbledon, aller chercher mon tableau final à la force du poignet", annonce Alizé Cornet, de retour à la compétition

A 35 ans, la Française a annoncé sortir de sa retraite pour notamment viser un dernier Wimbledon dans ce qui sera, elle l'assure, sa toute dernière année sur les terrains.

Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Alizé Cornet quitte le court après sa défaite au premier tour face à Qinwen Zheng, le 28 mai 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
Alizé Cornet quitte le court après sa défaite au premier tour face à Qinwen Zheng, le 28 mai 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Elle va retrouver les courts. Dix mois après avoir annoncé sa retraite des terrains, Alizé Cornet va retrouver le goût de la compétition. Dans un message publié sur son compte Instagram lundi 24 mars, l'ancienne numéro 11 mondiale a annoncé son retour raquette en main pour quelques tournois au printemps, avec un dernier Wimbledon dans le viseur. Elle confie à Tout le sport, mercredi 26 mars, les raisons qui ont motivé sa décision et ses sensations.

TLS : Vous avez annoncé votre retraite, et vous revenez sur le circuit. Qu'est-ce qui vous a pris ?

Alizé Cornet : Le tennis m'a beaucoup manqué, surtout à partir de la fin de l'année dernière. J'ai vraiment pris six mois sabbatiques après Roland-Garros, où j'ai fait le tour de France en fourgon. J'ai fait plein de choses que je n'avais pas eu le temps de faire avant, et vers novembre-décembre ça a commencé à me titiller un peu. J'avais envie de jouer tous les jours, comme une gamine à qui la passion manque. J'ai commencé à me réentraîner, je voyais que je sentais bien la balle, que physiquement ça allait.

J'avais, dans un coin de ma tête, de faire un dernier Wimbledon un jour, c'est pour ça que j'avais bloqué mon classement après Roland-Garros. L'aspect le plus compliqué, c'était de voir comment le corps allait répondre à ces charges d'entraînements. Et comme il a répondu présent, au-delà même de mes espérances, je me suis dit : 'S'il y a l'envie, le corps qui répond présent, le détachement qui arrive enfin dans ma vie, pourquoi ne pas essayer un dernier tour de piste'. 

Vous est-il venu à l'idée d'avoir annoncé votre retraite trop tôt, ou est-ce justement parce qu'il y a eu la retraite que tout ça est possible ?

Je pense que j'ai annoncé ma retraite parce que j'étais convaincue, à ce moment-là, que j'allais arrêter. J'étais vraiment au bout de mon aventure, très lasse, fatiguée de cette vie, je n'avais plus envie de jouer. Le fait d'avoir arrêté pendant tous ces mois, le manque a créé l'envie, et je me suis rendu compte que j'aimais toujours autant le tennis. Là, je ne garde que le meilleur, je m'entraîne seulement pour le plaisir, je n'ai plus d'objectif, plus d'enjeu, plus vraiment d'attente. C'est fantastique de pouvoir jouer avec cette âme d'enfant qui avait un peu disparu sur la fin de ma carrière.

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Quelles sont vos sensations physiques et techniques ?

J'ai changé de raquette grâce à mon équipementier qui a été très réactif. Cette raquette, incroyable que j'adore, me donne plus de longueur, plus de lourdeur dans mes frappes. Physiquement, je ne me suis presque jamais sentie aussi bien. Il me manque peut-être un peu d'explosivité. Je ne suis pas aussi rapide que quand j'avais 20 ans, peut-être pas aussi endurante, mais je ne le vois pas beaucoup. Je me sens bien, je n'ai pas de douleurs, ça me donne envie de jouer, de me comparer aux autres. Je crois que je suis vraiment prête à retourner à la compétition et retrouver cette petite flamme de l'adrénaline.

Arrivez-vous à vous évaluer par rapport à ce qui se fait au haut niveau ?

J'ai fait des sets d'entraînement avec des filles classées entre la 100e et la 150e place mondiale, et pour l'instant je les ai tous gagnés. Alors on va dire que ce n'est que l'entraînement, mais ça prouve quand même qu'il y a le niveau, que physiquement ça tient, que techniquement et tactiquement, tout est revenu comme à l'époque. Donc ça me donne une bonne base et une bonne vision de là où en est mon jeu quand je joue avec des filles qui sont 100e mondiales. Sur les premiers tournois, ce sont des filles comme ça que je vais rencontrer. Après, il va falloir gérer le petit stress qui va quand même arriver. 

"Je vais être beaucoup plus détendue qu'avant mais je ne vais pas non plus être totalement dénuée de ce trac. C'est aussi pour ça que je reviens : j'ai envie de le ressentir."

Alizé Cornet

à Tout le sport

Quel est le programme à venir ?

Dans quelques jours, je vais partir en Espagne pour faire mon tournoi de reprise, un WTA 125. Mon objectif principal c'était de revenir à Rouen [du 12 au 20 avril], mais je voulais essayer de faire un, deux ou trois matchs avant pour ne pas arriver dans le grand bain et jouer tout de suite une fille du top 50. Ensuite il y aura Rouen, les qualifications de Rome, peut-être les qualifications de Madrid. Et après, je vais aller jouer sur gazon, parce qu'avant tout, je reviens pour aller faire un dernier Wimbledon. C'était l'objectif principal. Donc je vais aller faire une dernière tournée sur gazon, et après ça, j'improviserai.

De toute façon il n'y aura qu'une année. Je ne vais pas repartir l'année prochaine, ça, je peux déjà le dire. J'ai dix tournois à jouer grâce à mon classement protégé. Là, je n'ai plus de classement pour rentrer dans ces tournois-là, mais j'ai bloqué mon classement (elle est 102e) ce qui va me permettre de rentrer dans plusieurs tournois. Pour Wimbledon, je risque de devoir aller jouer les qualifications, mais ça ne me dérange pas. Je vais prendre mon courage à deux mains, essayer de me qualifier et d'aller chercher mon tableau final. C'est un super objectif. Il n'y a aucune honte à jouer les qualifications d'un Grand Chelem, au contraire, c'est presque aussi prestigieux qu'un tableau final. Donc je vais aller faire preuve d'humilité et aller chercher mon tableau final à la force du poignet.

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