Six nations 2024 : critiqué puis décisif, le taulier Gaël Fickou ressurgit au bon moment

A le voir exulter dans l'en-but au milieu d'Anglais médusés, on se serait cru de retour en février 2014. Lorsque, au milieu des années de plomb du rugby français, le jeune Gaël Fickou offrait un peu de réconfort aux Bleus en inscrivant son premier essai international pour terrasser l'Angleterre (26-24). Une décennie plus tard, au soir de sa 90e cape, le trois-quarts centre a retrouvé l'insouciance de ses 20 ans pour galoper dans l'en-but et remettre les Français devant, dans un Crunch indécis et remporté (33-31) par les Français, samedi 16 mars à Lyon.

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L'épilogue heureux, pour le centre du Racing 92, d'un Tournoi aux allures de montagnes russes. Si l'on en venait à caricaturer, on dirait presque que les Bleus ont été, cet hiver, un miroir de leur "capitaine de la défense" : d'abord sans idée lorsqu'il était éteint, puis revigorés lorsqu'il a retrouvé du peps, comme à Cardiff (45-24) ou face à l'Angleterre. Est-ce à dire que quand Fickou va, tout va ? Critiqué, remis en question, il a en tout cas montré qu'il pouvait encore rendre de fiers services.

Dans un match difficilement lisible au global pour son équipe, tout n'a pas été parfait. "Je rate un plaquage, je prends pour moi", a-t-il admis sur France 2 à propos du premier essai anglais, consécutif à une percée d'Ollie Lawrence dans sa zone. Mais offensivement, il n'a cessé de se proposer et termine avec neuf courses ballon en main pour 62 mètres parcourus. Son meilleur total depuis trois ans en équipe de France, alors que ses standards oscillaient autour de la trentaine de mètres sur ce Tournoi.

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Forcément gonflée par sa chevauchée solitaire sur son essai (60e), la statistique témoigne de la disponibilité de Fickou. Comme, par exemple, sur cette prise d'intervalle gagnante à l'origine du premier essai de Nolann Le Garrec (20e). Elle illustre aussi la puissance de Fickou, souvent dominant dans ses duels frontaux pour fixer plusieurs défenseurs.

Conservé malgré Gailleton et Barassi

Déjà auteur de deux essais en Ecosse puis au pays de Galles, il termine ainsi le Tournoi avec trois passages dans l'en-but adverse, son record personnel en 11 participations. Après avoir conclu un effort collectif en bout de ligne à Edimbourg puis Cardiff, le Racingman s'est cette fois présenté au soutien de Damian Penaud. À chaque fois dans un registre de finisseur plus que de perforeur, comme si l'on avait retrouvé le Fickou virevoltant de ses jeunes années toulousaines. Il a, en ce sens, été favorisé par l'évolution du plan offensif au fil du Tournoi, passant d'un jeu de dépossession à outrance à un équilibre entre pied et main le mettant davantage en valeur. 

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Alors qu'il était tentant de condamner la paire de centre entière après la suspension de son compère Jonathan Danty face à l'Italie, le staff lui a maintenu sa confiance. Comme depuis le début de l'ère Galthié, et ce malgré les Emilien Gailleton (20 ans) et autre Pierre-Louis Barassi (25 ans) et en dépit d'une Coupe du monde inégale pointée par Fabien Galthié. "Il m'a clairement dit qu'il me trouvait moins transcendant, il m'a manqué ce petit truc en plus", avouait Fickou à L'Equipe mi-janvier.

Et ce dernier de prévenir : "Mais attention, je ne suis pas devenu mauvais ! À moi de retrouver mon gaz." Deux mois plus tard, il a montré qu'il n'était pas encore fini pour le plus haut niveau international. C'est que, depuis ce fameux essai contre l'Angleterre en 2014, Fickou fait tellement partie des meubles qu'on en oublie qu'il n'aura que 30 ans le 26 mars prochain.