Coupe du monde : Teani Feleu, étoile montante du XV de France et l'une des têtes d'affiche du rugby de Futuna

La troisième ligne internationale, qualifiée avec les Bleues pour les demi-finales de la Coupe du monde, a grandi sur l’île de Futuna, avec sa soeur Manae, à 16 000 kilomètres de la métropole.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La Française Teani Feleu, ballon en main, lors du match de poules de la Coupe du monde face à l'Italie, le 23 août 2025, à Exeter (Angleterre). (GLYN KIRK / AFP)
La Française Teani Feleu, ballon en main, lors du match de poules de la Coupe du monde face à l'Italie, le 23 août 2025, à Exeter (Angleterre). (GLYN KIRK / AFP)

C'est une joueuse au parcours un peu particulier qui fait briller le maillot de l'équipe de France jusque dans le Pacifique. Révélation du Tournoi des six nations 2025 dans le camp tricolore, Teani Feleu est devenue un élément clé du pack des Bleues. Samedi, la joueuse de 22 ans tentera de mener le XV de France vers une qualification historique pour une finale de Coupe du monde, pour son troisième match seulement dans la compétition. Avec, sans doute, une pensée pour son histoire et son île d'origine.

Le rugby comme histoire de famille

Si elle est née à Mâcon (Saône-et-Loire), Teani Feleu a grandi à Futuna, l'île d'origine de son père, à 16 000 kilomètres de la métropole. C'est là qu'elle a commencé le rugby, en famille, dans le club d’Afili Futuna Rugby, géré par son père Nisié. Teani a suivi les pas du grand frère Niué (aujourd’hui âgé de 28 ans et qui évolue à Nuits-Saint-Georges, en Fédérale 1). "Mon frère jouait déjà depuis tout petit et un jour, j'avais un entraînement d'athlé qui s'est annulé et mon père m'a dit de venir m'occuper à son entraînement de rugby. J'ai tout de suite adoré et je n'ai jamais arrêté depuis, ça m'a plu", se souvient-elle auprès de franceinfo: sport.

"A Futuna, depuis que je suis toute petite, le rugby fait partie de ce que je fais en dehors des cours. C'est un peu ce qui dynamise ma vie."

Teani Feleu

à franceinfo: sport

Aux côtés du volley, de l'athlétisme et du va'a (sport de course de pirogues), le rugby est un sport important à Wallis et Futuna, comme dans de nombreuses îles du Pacifique. La jeune Teani, tonique et puissante, fait ses gammes lors des affrontements entre les trois clubs de l'île, présents dans chacun des deux royaumes coutumiers. Avant de quitter Futuna à 14 ans pour aller étudier au lycée en Nouvelle-Zélande. "Au tout début, ce n'est pas forcément pour le rugby que je quitte Futuna. C'est déjà aussi un peu une obligation de quitter le territoire pour continuer ses études", explique-t-elle. Mais elle continue à jouer, découvre le rugby à 15, et participe avec son équipe au championnat des provinces. 

Alors qu'elle n'a pas encore 18 ans, elle rejoint ensuite Grenoble, à l'été 2020, en compagnie de sa sœur Manae, et fait ses débuts en Elite 1, au sommet du rugby français. "Niveau adaptation, c'est vrai que c'était pas du tout le même niveau que là où je jouais en Nouvelle-Zélande [...] ça m'a permis de savoir qu'il y avait quand même du gros boulot à faire pour être au niveau, c'est ça aussi qui m'a aidé à me pousser, à me dire que j'ai vraiment envie de me donner le plus possible au rugby", se remémore-t-elle.

Filière pour plusieurs internationaux tricolores

Désormais au plus haut niveau du rugby international, elle est devenue l'une des têtes d'affiche du rugby de Wallis et Futuna, l'une des filières qui fait émerger des talents jusqu'au XV de France, masculin (les Bordelais Yoram Moefana et Sipili Falatea, qui ont démarré eux aussi à Afili), comme féminin. 

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Une histoire que Teani partage avant tout avec sa sœur Manae, de deux ans son aînée, au parcours similaire, et aux côtés de qui elle a disputé son premier match international, face à l'Italie, lors du Tournoi des six nations 2024. "J’étais content pour mes filles, fier pour mes filles, mais en fait j’avais une pensée pour tous les Futuniens qui essayent de réussir", se souvient le père Nisié Feleu, dans le documentaire d'Outre-mer la 1ère "Manae Feleu, captain Futuna". "J’ai adoré voir mes filles chanter la Marseillaise. Là au moins, on fait partie de la patrie. On arrive à redonner à la France ce que la France donne."

Dans le groupe des 32 présentes en Angleterre depuis la mi-août, les sœurs Feleu sont également accompagnées de deux autres jeunes joueuses prometteuses aux origines wallisiennes et futuniennes : les deuxièmes lignes Hina Ikahehegi, fan du Néo-Zélandais Jonah Lomu, et Taïna Maka, qui a déjà disputé les Jeux du Pacifique avec Teani Feleu. "C'était trop bien de représenter l'île, c'était trop cool. On a forcément une fierté sur ça aussi. Après je sais qu'elles (les sœurs Feleu) ont toujours un drapeau futunien avec elles", dévoilait-elle avant le tournoi dans une vidéo de la FFR.

La connexion se vit aussi au quotidien en club, à Grenoble, où évolue également Taïna Maka. "Ça fait toujours plaisir d'avoir des gens des îles. Même si Taïna a toujours habité en France, il y a quand même des choses similaires et c'est toujours bien d'avoir un petit côté de chez nous", assure Teani Feleu. La Grenobloise et ses deux coéquipières seront toutes présentes sur la feuille de match face à l'Angleterre, pour tenter d'écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du rugby français.

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