Coupe du monde de rugby 2023 : la Cour des comptes dénonce "des dysfonctionnements" dans l'organisation et des "engagements financiers mal maîtrisés"

"L'Etat n'a ni pu, ni su, ni voulu assurer le contrôle nécessaire sur les décisions prises", relève notamment la Cour des comptes dans son rapport dévoilé mardi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un rugbyman court sur un terrain pendant la Coupe du monde de rugby, le 8 août 2023 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (FRANCK FIFE / AFP)
Un rugbyman court sur un terrain pendant la Coupe du monde de rugby, le 8 août 2023 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (FRANCK FIFE / AFP)

La Cour des comptes dénonce dans un rapport publié mardi 8 avril "des dysfonctionnements" dans l'organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 et "des engagements financiers auprès de World Rugby mal maîtrisés et insuffisamment expertisés quant à leur mise en œuvre opérationnelle". Dans ce document, que la direction des sports de Radio France a pu consulter, les magistrats de la rue Cambon mettent l'accent sur les manquements "qui ont marqué la gestion du dossier de candidature, comme la gouvernance et le fonctionnement du comité d'organisation France 2023".

L'événement a été un succès sportif et populaire en France, mais il n'a pas bénéficié à la Fédération française de rugby (FFR) qui espérait un ruissellement des résultats escomptés. Si World Rugby, "fédération internationale propriétaire de l'événement, a réalisé en 2023 le meilleur résultat financier de son histoire (proche de 500 millions d'euros)", le "résultat final s'établit" à un déficit de "35 millions d'euros" pour le groupement d'intérêt économique (GIE) en charge de l'organisation, pointe sévèrement la Cour des comptes. C'est "bien en deçà de l'objectif de 68 millions d'euros avancés lors de la candidature" de la France.

En cause selon ce rapport, des "engagements excessifs" qui "ont durablement pesé sur l'organisation de la Coupe du monde. Le soutien de l'État à la candidature de la FFR a été apporté sans examen préalable approfondi de la soutenabilité et de la cohérence du budget de candidature", regrettent les auteurs du rapport. Par ailleurs, "les principaux choix stratégiques liés à l'organisation de la Coupe du monde ont été décidés selon des procédures opaques et sans études préalables sérieuses".

L'Etat pointé du doigt

Si Claude Atcher, le premier patron de la candidature de la Coupe du monde, est épinglé dans ce rapport, l'Etat est aussi largement désigné pour expliquer ce désastre. Il est reproché à Claude Atcher, directeur général du comité d'organisation jusqu'à sa révocation en octobre 2022, "des choix décidés selon des procédures opaques", "à l'origine des pertes substantielles". Selon la Cour des comptes, l'Etat porte une grande part de responsabilité, avec un soutien accordé souvent "sans examen approfondi" et résumé ainsi : "L'Etat n'a ni pu, ni su, ni voulu assurer le contrôle nécessaire sur les décisions prises".

Une délégation de pouvoirs disproportionnée a par exemple été accordée à Claude Atcher par une convention signée notamment par le Premier ministre de l'époque. Des comités d'éthique et d'audit avaient certes été mis en place, mais ils étaient dépendants "des informations parfois superficielles" transmises par la direction générale. La Cour des comptes estime, en conclusion, que "le manque de transparence du directeur général ne saurait excuser l'aveuglement de l'Etat".

La FFR cherche des responsables

Dans la soirée, la FFR a réagi à la publication de ce rapport, indiquant que "la FFR ne peut ignorer le constat sévère dressé par la Cour des comptes à l’encontre de la gouvernance du comité d’organisation GIP France 2023 et de la gestion du GIE Hospitalité & Voyages. Le rapport met en lumière de graves défaillances structurelles, un manque de transparence et des engagements financiers mal évalués, ayant conduit à des pertes substantielles notamment pour la FFR qui enregistrerait une perte sèche de - 13 M€, pouvant atteindre jusqu'à - 29 M€", précise la fédération dans un communiqué.

Elle ajoute avoir engagé "une démarche nécessaire pour rechercher la responsabilité des anciens dirigeants de ces deux structures (GIP France et GIE), en poste entre 2018 et août 2022. Cette demande a été acceptée par les membres concernés en prenant une délibération commune datée du 1er avril 2025."

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