Coupe du monde de rugby : "C'est une joueuse dangereuse dès qu'il y a des espaces"... Joanna Grisez, le facteur X de l'équipe de France

L’ailière tricolore, qui dispute sa deuxième Coupe du monde à 15, sera l’un des atouts offensifs des Bleues pour la phase finale, notamment lors du quart de finale contre l'Irlande, dimanche.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
L'ailière du XV de France Joanna Grisez lors du match de Coupe du monde des Bleues contre l'Italie, à Exeter (Angleterre), le 23 août 2025. (SIMON KING / AFP)
L'ailière du XV de France Joanna Grisez lors du match de Coupe du monde des Bleues contre l'Italie, à Exeter (Angleterre), le 23 août 2025. (SIMON KING / AFP)

Un trou au cœur de la défense et une course folle vers l’en-but pour ouvrir le score et lancer les Bleues à la Coupe du monde. Dans un premier match en demi-teinte face à l’Italie, c’est elle qui a trouvé la solution, après presque une demi-heure de domination stérile, et inscrit le premier essai bleu en Angleterre. À 29 ans, Joanna Grisez est l’une des joueuses de premier plan du collectif tricolore, qui entame sa phase finale du Mondial par le quart de finale contre l’Irlande, dimanche 14 septembre.

Dans un Sandy Park d’Exeter que les Françaises commencent à bien connaître, la titulaire à l’aile droite sera une nouvelle fois attendue pour ses qualités de vitesse et de percussion. 

"Une joueuse très dangereuse dès qu'il y a des espaces"

Car la joueuse du Stade Bordelais, qui a basculé à 15 pour la saison 2024-2025 après la déception des Jeux olympiques de Paris (l’équipe de France féminine à 7 avait été éliminée par le Canada en quart de finale), a confirmé son rôle de titulaire indiscutable et d'individualité redoutable sur la ligne arrière. Avec sa pointe de vitesse et sa capacité à trouver des espaces, Joanna Grisez, qui définit elle-même son poste comme "électron libre", peut semer le bazar dans les défenses. A l'image de son essai de 50 mètres dans les dernières minutes de la finale des Six nations face à l'Angleterre en avril, élu plus bel essai du Tournoi, ou de son numéro contre l'Italie.

"C'est une joueuse très dangereuse dès qu'il y a des espaces. Je crois que le plus important et le plus dur pour nous, c'était d'arriver à la mettre dans ces espaces-là, et on savait qu'après elle finirait le travail, confiait le co-sélectionneur David Ortiz dans les travées de Sandy Park après la rencontre contre les Italiennes. C'est un vrai facteur X, on essaye de s'en servir en tant que tel. A nous de la propulser et de lui permettre de se sublimer plus souvent." 

Mise au repos et absente de la feuille de match contre le Brésil, elle a réintégré le quinze de départ à l'aile face à l'Afrique du Sud, dans un match où elle a inscrit un doublé, malgré un marquage serré. De quoi faire gonfler ses statistiques incroyables avec le XV de France : en 11 sélections seulement (dont sept pour des matchs de Coupe du monde), elle a inscrit 11 essais. Avec trois réalisations, elle compte parmi les meilleures marqueuses tricolores en Angleterre (derrière Emilie Boulard, 4).

Une "leader" qui ne va "rien lâcher"

Joanna Grisez, qui a alterné tout au long de sa carrière internationale entre le 7 et le 15, s'est construite, au-delà des statistiques, la réputation d'une joueuse qui n'abandonne jamais. "J'ai eu la chance depuis 2016 d'être un peu à ses côtés, de découvrir son talent rugbystique [...] C'est quelqu'un qui est déterminé, en tout cas sur un terrain, j'ai rarement vu des joueuses comme elle", pose Caroline Drouin, consultante France Télévisions, qui a partagé une Coupe du monde (2022) et un tournoi olympique (2024) avec Joanna Grisez.

"C’est vraiment un tempérament. C’est une leader, elle ne va rien lâcher. Tout ce qu’elle fait, elle le fait à fond, décrypte Marie Sempéré, consultante TF1 pour la Coupe du monde. Quand elle va au sol, elle va gratter le centimètre de plus pour libérer le ballon, quand elle a le ballon à la main pareil. Elle va aller chercher le mètre supplémentaire et cette envie d'avancer constamment. Ça se propage dans l'équipe, c'est contagieux, et Joanna amène ça."

"Ses exploits à l'aile nous font vraiment du bien, et pour l'instant, elle crève un peu l'écran donc c'est cool pour l'équipe de France de l'avoir à ce niveau-là. Je pense qu'on attend toutes que la balle arrive à l'aile pour qu'elle puisse remettre de l'avancée."

Caroline Drouin, consultante France Télévisions

à franceinfo: sport

Trois ans après avoir découvert d'un coup le rugby à 15 international et la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, une première expérience qu'elle a prise avec "beaucoup d'envie", sans trop "se poser de question" ni "se fixer d'objectif", Joanna Grisez a désormais envie de titre et d'or, plus que du haut de l'affiche. "Moi ce que je veux, c'est gagner la Coupe du monde. S'il faut que je ne touche aucun ballon et que je fasse des rucks pendant six matchs, je le ferai", assurait-elle, avec le sourire, après le match de l'Italie, interrogée sur la perspective de devenir un visage du rugby féminin, dans la lignée des Portia Woodman-Wickliffe et Ellie Kildunne qui régalent, elles aussi, sur les lignes arrières.

"Ce sont des joueuses pour qui j'ai beaucoup d'admiration et qui ont beaucoup de talent, mais je pense qu'on n'a rien à leur envier. Ce serait chouette que ce soit une de chez nous qui finisse par briller aussi, mais c'est anecdotique. Je n'ai pas besoin d'avoir ma tête en haut, avait-elle poursuivi. Tout ce que je veux c'est que cette équipe soit championne du monde, et si c'est sans mettre d'essai, ce ne sera pas un problème." Ses coéquipières et les supporters français ne diront néanmoins pas non à un ou plusieurs coups d'éclat contre le XV du Trèfle, pour se rapprocher de cet objectif final.

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