Coupe du monde de rugby : Bianca Silva, de la favela au premier essai de l'histoire de l'équipe du Brésil au Mondial

L'arrière brésilienne est originaire de Paraisopolis, l'une des plus grandes favelas de São Paulo.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
La Brésilienne Bianca Silva lors du match entre le Brésil et l'Afrique du Sud sur le circuit à 7, à Madrid (Espagne), le 1er juin 2024. (AFP)
La Brésilienne Bianca Silva lors du match entre le Brésil et l'Afrique du Sud sur le circuit à 7, à Madrid (Espagne), le 1er juin 2024. (AFP)

C'est une trajectoire qui a défié toutes les attentes. En cette fin d'été 2025, Bianca Silva et ses coéquipières sont devenues les premières Brésiliennes à porter les couleurs de leur pays en Coupe du monde. Pourtant, rien ne destinait la joueuse de 27 ans, originaire de Paraisopolis, l'une des favelas les plus grandes de São Paulo, au ballon ovale et au plus haut niveau international. "Le rugby a changé ma vie. Je suis toujours heureuse d'en parler, et de ce que ça m'a apporté. Ça m'a ouvert les portes du monde entier", assurait-elle à Rugbypass peu avant le tournoi. 

Bianca Silva est tombée dans le rugby par hasard. À Paraisopolis, là où, au milieu des plus de 100 000 habitants, les plus jeunes rêvent davantage de ballon rond, elle se dirige d'abord vers le ballon ovale pour passer le temps en attendant l'école. "Le rugby est arrivé dans ma vie quand j'avais 11 ans. Ma famille est retournée à São Paulo en 2009, et on n'est pas arrivé à temps pour que je puisse m'inscrire à l'école. En attendant, je devais m'occuper, et des amies m'ont invitée à les rejoindre à un entraînement de rugby", s'est-elle souvenue auprès de Rugbypass. 

"Je n’avais aucune idée de ce qu’était le rugby. Mais ma vie a changé ce jour-là quand je suis entrée sur le terrain, et que j’ai pris un ballon de rugby dans mes mains pour la première fois."

Bianca Silva, internationale brésilienne de rugby

à Rugbypass

Les Leoas de Paraisopolis (Les Lionnes de Paraisopolis) deviennent son premier club, dans lequel évolue également Leila Silva, de deux ans son aînée, qui deviendra elle aussi internationale à 7 et à 15. "Je suis issue d'une famille modeste. Je jouais dans la rue et je m'occupais en jouant un peu à tout pour me divertir. Il n'y avait pas beaucoup de divertissements à Paraisopolis, pas beaucoup de choses positives, beaucoup de négatif. Alors je m'amusais dans les rues et à l'école", expliquait Bianca Silva avant la Coupe du monde à Acturugby

Repérée et rapidement intégrée à l'équipe à 7

Dans son club, la jeune Bianca Silva est repérée par un membre du staff de l'équipe du Brésil à 7, qu'elle rejoint à 15 ans, avant de faire ses débuts internationaux à 17 ans, lors d'un match contre la France sur le circuit mondial. En 2018, à 20 ans seulement, elle est nommée joueuse brésilienne de l'année. Elle est ensuite sélectionnée pour participer aux Jeux de Tokyo, à l'été 2021, "un rêve", comme elle le confiait alors auprès de World Rugby, puis à ceux de Paris, où elle a été nommée capitaine de son équipe. Sous ses ordres, les Brésiliennes ont terminé à la 10e place du classement final. 

Sa préparation pour les Jeux l'a laissée absente du groupe à XV qui a gagné sa qualification historique pour le Mondial face au rival colombien au printemps 2024. Mais elle a bien été sélectionnée par Emiliano Caffera pour le grand rendez-vous en Angleterre, pour son expérience et ses qualités dans le triangle arrière. Face à l'Afrique du Sud, elle a été titularisée et a disputé toute la rencontre à l'arrière, avant d'inscrire le premier essai de l'histoire du Brésil au Mondial en sortie de banc face aux Bleues, dans une ambiance folle. "Quand Bianca a accéléré, j'ai commencé à pleurer. Je savais que ça allait être notre moment. C'était notre premier essai en Coupe du monde, et quel essai", a confié Leila Silva, émue après la rencontre.

Une nouvelle étape pour continuer à faire progresser le rugby féminin dans son pays, comme Bianca Silva l'a assuré à Rugbypass : "C'est au tour de ma génération de prendre les commandes. On ne veut pas seulement avoir quelques bons résultats, notre but est de continuer à construire sur ce qu'on nous a transmis. On veut inspirer les générations futures". Et notamment celles originaires des favelas. 

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