"Stimulants", "produits à éviter" : en NFL, polémique autour de l'utilisation des sels d'ammoniac

La Ligue de football américain a restreint l'utilisation des sels d'ammoniac par les joueurs. Considérés par beaucoup de sportifs comme "un booster énergétique", l'utilisation de ces sels ne procure aucun effet bénéfique selon les scientifiques.

Article rédigé par Thomas Vinclair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Maxx Crosby des Las Vegas Raiders inhale des sels d'ammoniac avant un entraînement. (ETHAN MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA via AFP)
Maxx Crosby des Las Vegas Raiders inhale des sels d'ammoniac avant un entraînement. (ETHAN MILLER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA via AFP)

L'affaire des controversés sels d'ammoniac enflamme le monde de la Ligue de football américain (NFL). Mardi 5 août, la NFL a envoyé une note qui a fait réagir, annonçant "interdire" l'utilisation des sels d'ammoniac. "Je pense à la retraite", a déclaré avec humour George Kittle, le joueur des San Francisco 49ers, qui inhale régulière ces "smelling salts". "Ligue pas marrante", a aussi écrit Spencer Brown, des Buffalo Bills, sur le réseau social Instagram.

Dès le lendemain, la NFL a finalement fait marche arrière. Les joueurs pourront donc continuer à utiliser leurs produits, mais en les achetant eux-mêmes. Les équipes n'auront cependant pas le droit de fournir les joueurs. La pratique s'est, au fil des années, banalisée dans différentes ligues professionnelles outre-Atlantique. Les sels d'ammoniac sont ainsi utilisés par les joueurs de football américain, à l'instar de la superstar Tom Brady, de hockey sur glace ou aussi de basket. En France, ces sels d'ammoniac sont parfois utilisés par des rugbymen. Beaucoup estiment que ces sels donnent de l'énergie et réveillent.

"Aucun bienfait à inhaler de l'ammoniac"

Les sels d'ammoniac se présentent généralement sous forme liquide ou en poudre. Ils sont composés de carbonate d’ammonium, ou d’un mélange d’ammoniac et d’arômes. En France, certains sites qui vendent ce produit indiquent que "l’inhalation des vapeurs provoque une stimulation immédiate du système respiratoire et du système nerveux central", de quoi provoquer, selon eux, "un boost d'énergie immédiat et une amélioration de la concentration". Cette substance n'est pas considérée comme un produit dopant par l'Agence mondiale antidopage.

Pour autant, aucune étude sérieuse n'a mis en avant d'éventuels effets bénéfiques. "Quand on le respire, c’est tellement irritant qu’on a l’impression tout d’un coup d’être revigoré et notre cœur se met à battre rapidement", détaille au Journal de Québec, Christiane Ayotte, la directrice du laboratoire de contrôle du dopage à l’INRS-Institut Armand-Frappier. Elle ajoute qu'aucune étude ne montre "les bienfaits à inhaler de l'ammoniac".

Dans un communiqué publié début 2025, le président de l'Ordre des chimistes du Québec "désapprouve le recours aux sels d’ammonium dans un contexte sportif". "Ces sels sont irritants et leur utilisation en contexte sportif n’est fondée sur aucune rigueur scientifique. Ce sont les propriétés irritantes de ces sels qui donnent l’illusion d’être vivifié." Il appelle à une régulation de la vente de ces produits.

"L’ammoniac est une substance chimique qui doit être manipulée avec précaution, et son usage détourné dans un contexte sportif pose un risque pour la santé."

Michel Alsayegh, président de l’Ordre des chimistes du Québec

au Journal de Québec

La NFL s'appuie aussi sur ce manque de littérature scientifique sur le sujet pour justifier cette prise de position. De plus, elle pourrait dissimuler des symptômes de commotion cérébrale. En 2024, l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA, Food and Drug Admnistration) a tiré la sonnette d'alarme sur l'utilisation de ces produits.

Avec les commotions cérébrales à répétition, la FDA explique que les effets des sels d'ammonium pourraient aggraver une blessure. "Tout le monde devrait les éviter, en particulier les personnes souffrant de troubles neurologiques sous-jacents, a déclaré le docteur Anthony Alessi, neurologue et spécialiste en médecine du sport à l’Université du Connecticut, sur le site de la FDA. Chez un patient victime d'une commotion, la première réaction à l’odeur âcre est de détourner soudainement la tête du stimulus. Cela peut entraîner une dislocation de la colonne vertébrale blessée et une paralysie potentielle."

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