Euro de judo : un record européen, un septième titre mondial, finir en beauté à Los Angeles... Les quatre derniers défis de Clarisse Agbégnénou

La Française disputera son premier combat aux Championnat d'Europe, jeudi, avant de faire une pause en vue d'avoir un deuxième enfant. Mais elle a bien les JO de Los Angeles 2028 dans le viseur.

Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Clarisse Agbégnénou lors des Jeux olympiques de Paris, le 3 août 2024. (MICHAEL BAUCHER - PANORAMIC / AFP)
Clarisse Agbégnénou lors des Jeux olympiques de Paris, le 3 août 2024. (MICHAEL BAUCHER - PANORAMIC / AFP)

Un retour dans une grande compétition avant une longue pause. A 32 ans, Clarisse Agbégnénou sera de retour sur les tatamis aux Championnats d'Europe à Podgorica (Monténégro), jeudi 24 avril. Neuf mois après les JO, la double médaillée olympique à Paris (bronze en individuel, or en équipes) vise un record sur la scène européenne, avant de se préparer à un nouveau congé maternité. Elle manquera donc les prochains Mondiaux, en juin, mais vise une dernière danse aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. L'apothéose d'une riche carrière où il lui reste encore quelques grands objectifs.

Un 6e titre européen record

Le premier défi de Clarisse Agbégnénou commence jeudi : le chemin vers un sixième sacre européen après ceux récoltés en 2012, 2014, 2018, 2019 et 2020, ce qui constituerait un record pour une judokate française. "C'est bizarre parce que souvent, les Europe servent à préparer un Championnat du monde, un Master ou des choses comme ça. Mais finalement, il y a d'autres choses qui s'imbriquent dans ma vie. J'ai envie de finir 2025 en beauté  pour revenir de plus belle pour les autres années. Donc il faut que je laisse une petite trace, sinon ce n'est pas marrant", a-t-elle expliqué avant la compétition.

Après avoir repris la compétition à Tbilissi (Géorgie) fin mars par une médaille de bronze, l'actuelle n°3 mondiale des -63 kg entrera en lice face à l'Italienne Savita Russo, 28e mondiale, dans une partie de tableau où la Polonaise Angelika Szymanska (11e mondiale) pourrait être sa principale adversaire. "Avec les nouvelles règles qui favorisent selon moi le défensif, il faut que je m'ajuste et que je trouve une solution pour être un peu plus explosive, pour impacter directement mes adversaires."

Revenir de nouveau au top après un deuxième enfant

Peu après son titre olympique décroché aux JO de Tokyo en 2021, la judokate de 32 ans avait fait une première pause dans sa carrière pour donner naissance à une fille. Elle était parvenue à revenir au plus haut niveau en conquérant un sixième titre mondial en 2023 puis une médaille de bronze aux JO de Paris l'été dernier. "Tokyo a été très dur mentalement : avec le Covid-19 et le report des Jeux, j'étais dans une vraie dépression. Donc j'avais besoin de faire cette coupure. Tout ce que j'ai vécu avec mon petit bébé, je ne pourrai jamais le refaire. On a crée un lien qui est totalement hors du commun", expliquait-elle à "Stade 2", dimanche.

La perspective d'une deuxième grossesse dans sa carrière ne l'effraie pas la judokate, qui y a au contraire trouvé un nouveau sens. Interrogée avant la compétition sur ce qui la maintient motivée, Clarisse Agbégnénou est sans équivoque : "Mon bébé. Sans elle, je pense que ne ferais plus de judo aujourd'hui. C'est difficile, mais je veux lui montrer que tout est possible, être une athlète en même temps qu'être mère."

Elle qui a déjà annoncé qu'elle ferait l'impasse sur les Mondiaux 2025 se lance donc un nouveau défi : revenir de nouveau au top niveau une deuxième fois, après 30 ans. "Il est très important pour moi d'avoir un deuxième enfant avant les Jeux [de Los Angeles en 2028]. Donc forcément, il faut un moment se poser, reposer son corps, reposer sa tête, parce que ça ne vient pas comme ça", a-t-elle déclaré récemment au cours d'un point presse.

Un 7e titre mondial

Avec six titres mondiaux (2014, 2017, 2018, 2019, 2021 et 2023), Clarisse Agbégnénou n'est qu'à une unité de la recordwoman, la Japonaise Ryoko Tamura-Tani, qui en avait glané sept entre 1993 et 2007. Si la voir aux Mondiaux 2026 reste hypothétique, elle pourrait faire son grand retour lors de l'édition 2027, pour aller égaler le record.

Sur le plateau de "Stade 2", la Rennaise ne s'est pas encore projetée sur cet objectif, qui reste dans son viseur mais est encore lointain. "D'abord il faut que j'aligne mes six titres de championne du monde et d'Europe. Puis il me restera plusieurs championnats du monde pour l'égaler, il faut être patient" , désamorçait-elle en souriant.

Un 4e titre olympique pour ses derniers Jeux à Los Angeles

La triple championne olympique (l'or en individuel et par équipes en 2021 et l'or par équipes en 2024) l'a annoncé : alors qu'elle aura 35 ans, Los Angeles 2028 seront ses quatrièmes et derniers JO. "Je ne sais pas si ce sera ma dernière compétition mais ce seront mes derniers Jeux. Je ne ferai pas quatre ans de plus. Je commence à vieillir, il faudra faire la place aux jeunes et je n'ai pas envie de me faire pousser dehors par eux !", a-t-elle avancé sur le plateau de "Stade 2". Avec une deuxième médaille d'or individuelle, elle rejoindrait les quatre seules judokates à l'avoir fait avant elle (la Chinoise Dongmei, les Japonaises Tarimoto et Ueno, et l'Américaine Harrison). 

Mais avec un seul billet pour la France dans sa catégorie (-63 kg), elle devra composer avec l'éclosion de Manon Deketer et Melkia Auchecorne, respectivement deuxième et troisième du Grand Slam de Paris en février. "C'est ca que j'aime, les difficultés. Il y a beaucoup de concurrence, ça permet de nous pousser, et d'aller chercher des choses qu'on ne pourrait jamais aller chercher. Comme ça, je vais revenir, et on verra qui sera la meilleure", a prévenu, toujours ambitieuse, Clarisse Agbégnénou. 

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