Handball - Thierry Anti : "Le Portugal a une génération incroyable"
Fin connaisseur du handball portugais, surtout depuis son expérience à la tête du Sporting l’an dernier, l’actuel entraîneur d’Aix-en-Provence estime que la seleção lusitanienne a les moyens de mettre l’équipe de France en difficulté dimanche soir mais voit quand même les Bleus passer en quarts de finale.
Le Portugal représente de bons souvenirs pour vous ?
Thierry Anti : "Oui, ça a été une expérience de huit mois très enrichissante la saison passée. J’ai même l’impression que ça a duré plus longtemps que ça et j’avais la possibilité de rester une année de plus. C’était très intense. J’ai en ai bien profité même si les circonstances (la Covid-19, NDLR) ont fait qu’à la fin, c’était mieux pour moi de rentrer. Si j’ai choisi le Portugal, ce n’était pas pour le soleil mais parce que je voyais bien qu’il se passait quelque chose là-bas au niveau du hand et je voulais découvrir ça."
Comment expliquez-vous cette montée en puissance du handball portugais ces dernières années ?
T.A : "C’est une nation qui a connu des années difficiles, après le gros clash survenu à la fin du siècle dernier quand la ligue professionnelle privée, qui avait commencé à se former est entrée en conflit avec la Fédération. En représailles, celle-ci ne sélectionnait plus les joueurs en équipe nationale et n’inscrivait même plus les clubs en coupes d’Europe. Le handball portugais a eu beaucoup de mal à s’en remettre mais là, on sent un vrai enthousiasme de réapparaître avec une génération incroyable, celle des joueurs nés en 1996-97-98. Et ce n’est pas fini puisque le Portugal était, avec l’Égypte, la seule nation présente dans le dernier carré des Mondiaux il y a deux ans, à la fois en U19 et U21.
Cela résulte d’un vrai travail au sein des clubs, avec beaucoup d’investissement de la part des éducateurs qui vont chercher les jeunes joueurs parfois directement dans les écoles car le système de détection n’est pas encore aussi abouti qu’en France. Il n’y a pas un modèle économique assez puissant pour avoir autant de centres de formation que chez nous. Un peu comme au football, le handball portugais s’appuie essentiellement sur trois clubs, Porto, Benfica et le Sporting qui commencent à exister en Coupes d’Europe et comptent beaucoup de jeunes joueurs sous contrat. Ils en prêtent aussi beaucoup aux autres clubs de 1ère division. Car on oublie de le dire mais le handball portugais est encore amateur à 60-70% ! Amateur avec une moyenne d’âge très jeune. Il doit bien y avoir une trentaine de joueurs entre 16 et 19 ans qui jouent régulièrement parmi l’élite."
"Une dimension psychologique avant le TQO"
Et que pensez-vous de la sélection portugaise présente en Égypte ?
T.A : "C’est une équipe qui s’appuie sur cette jeunesse, cet enthousiasme de réapparaitre au plus haut niveau. On parle souvent des Cubains naturalisés qui apportent une assise défensive, ok, mais j’insiste vraiment sur les pépites issues de la formation portugaise comme Miguel Martins qui est pour moi l’un des meilleurs demi-centres du monde à l’heure actuelle. Cavalcanti est aussi très intéressant, bien meilleur en sélection qu’à Nantes, Andre Gomes, on commence à bien le connaître aussi. Le Portugal a vraiment plein de jeunes joueurs talentueux de cette génération 97/98 qui commencent à être reconnus au plus haut niveau. C’est une équipe complète qui a réussi l’amalgame avec quelques anciens comme Humberto Gomes, le gardien de 43 ans, encore très performant. Avec Porto, il avait fait plus de 20 arrêts contre le Sporting l’an dernier, quand j’y étais !
Il y a un bon coach, un bon travail tactique. La base défensive est très solide dans l’axe central et difficile à contourner, comme celle de Porto d’ailleurs, avec les Cubains naturalisés comme Borges, Salina, Iturriza. Et puis il y a de la variété dans le jeu en utilisant avec parcimonie et efficacité du 7 contre 6 en s’appuyant sur les joueurs de Porto qui se connaissent très bien. C’est une équipe qui peut bien t’embrouiller mais qui manque d’expérience parfois sur les derniers ballons. On a pu le voir dans ce Mondial en fin de match contre la Norvège avec notamment ce tir sur le poteau dans les toutes dernières secondes sur la balle d’égalisation. Mais ça va venir."
Cette équipe vous semble-t-elle capable d’éliminer la France en gagnant de six buts, ou sept en fonction du goal-average (et si la Norvège bat l’Islande au préalable, Ndlr.) ?
T.A : "Non, non. Ce serait une catastrophe. Mais le Portugal a juste besoin de gagner d’un but pour se qualifier et passer avec la France. Et ça, il est tout à fait capable de le faire car c’est une belle équipe qui peut battre la France un jour où celle-ci ne serait pas au top. Les Bleus peuvent aussi très bien l’emporter. Après, ne perdons pas de vue que les deux équipes vont se retrouver au Tournoi de qualification olympique dans moins de deux mois, si les JO sont maintenus bien évidemment, donc il y aura peut-être aussi la volonté de marquer des points psychologiques durant ce match en vue de ce rendez-vous."
Qu’avez-vous pensé des dernières sorties des Bleus, justement ?
T.A : "J’entends beaucoup dire que la France devrait mieux jouer mais ça veut dire quoi? Aujourd’hui, elle en est à cinq victoires en cinq matches et peut très bien être championne du monde à la fin, au même titre qu’une petite dizaine de nations à l’heure où l’on se parle. Je n’ai pas vu une équipe en particulier dominer ce championnat pour l’instant donc les Bleus ont leur chance."
Pour finir, des nouvelles de votre gardien Wesley Pardin blessé avec les Bleus durant le Mondial et rentré depuis en France, à Aix-en-Provence ?
T.A : "Wesley a encore un gros hématome et il faut attendre un peu avant de lui opérer le genou. Ce sera sans doute pour début février. Moralement c’est dur pour lui, surtout en cette année olympique. Et pour le club aussi. On cherche à engager un joker médical mais c’est compliqué d’en trouver un, à ce poste."
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