Mondial de hand 2025 : comment les Bleus, qui visent une médaille de bronze, mettent-ils en place le coaching collaboratif ?

L’équipe de France de hand affronte le Portugal en petite finale, dimanche à Oslo (Norvège), pour tenter de monter sur le podium du Mondial.

Article rédigé par Hortense Leblanc - envoyée spéciale à Oslo (Norvège)
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Guillaume Gille lors de l'entraînement de l'équipe de France de handball à Zagreb (Croatie) le 29 janvier 2025. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
Guillaume Gille lors de l'entraînement de l'équipe de France de handball à Zagreb (Croatie) le 29 janvier 2025. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Une potentielle médaille à ne pas galvauder. Passé la désillusion de la demi-finale contre la Croatie, les Bleus sont tournés vers la petite finale contre le Portugal, dimanche 2 février (15 heures). Une rencontre qu’ils ont préparée avec le même sérieux que les précédentes, assurent-ils, dans un processus où les joueurs sont très impliqués et responsabilisés par Guillaume Gille. Le sélectionneur met en place un coaching collaboratif, marque de fabrique des équipes de France puisque les féminines en font de même.

Ce coaching collaboratif, "c’est important pour moi, parce que c’est le meilleur moyen d’embarquer les garçons, que toutes les intelligences se mettent au service du projet, et des compétences, ils en ont beaucoup, assure Guillaume Gille, parfois taxé de passivité, pour expliquer sa méthode. Par moments, ils n’ont pas le recul ou la vision globale que peut avoir un entraîneur ou un staff, mais sur un grand nombre de sujets, ils sont souvent très bien placés pour aiguiller les options, réfléchir aux problématiques que l’on rencontre. Je veux que mes athlètes soient des acteurs, pas des robots pour dérouler des actions mécaniques".

Des leaders d'attaque et de défense désignés pour prendre la parole

Alors pour préparer leurs matchs tactiquement, des leaders ont été désignés au sein du groupe, en défense, avec Ludovic Fabregas, Luka Karabatic et Karl Konan, comme en attaque, avec Dika Mem, Nedim Remili, Aymeric Minne, et "parfois Melvyn (Richardson)", à en croire Mem. "Les coachs découpent des séquences vidéos sur la défense adverse, ils donnent leur avis sur ce qu’ils ont vu et ce qui peut marcher, puis nous demandent de nous exprimer et d’expliquer ce que l’on voit, ce que l’on ressent. Et ensuite ils prennent leurs décisions", explique l’arrière droit. 

Du côté de la défense, les "gros", comme les appelle Guillaume Gille en comparaison avec des piliers de rugby, se réunissent également en réunion avant chaque match. "On a des rituels avec Ludo et Karl, où on regarde chacun les images de notre côté et ensuite on a un échange pour donner nos avis, puis parler d’une voix commune au reste du groupe. Tu ne peux pas tout planifier sur un match, mais il y a des tendances qu’on repère en amont", décrit Luka Karabatic. Pour ces défenseurs, "il y a aussi une communication avec les gardiens, pour qu’ils sachent, selon le tireur, où on va essayer de gêner et d’amener le tir", ajoute Karl Konan. 

Mais si Guillaume Gille se satisfait de ces leaders qui "amènent des solutions qui permettent d’enrichir le plan de jeu et de trouver des alternatives stratégiques", les Bleus ont tout de même connu un raté contre la Croatie. Un match que l’équipe de France "a peut-être préparé trop tactiquement", selon Nedim Remili, et durant lequel elle a été surprise par la défense en 1-5 (avec un défenseur avancé), qui l’a privée de solutions offensives. "Je ne pense pas qu’on l’ait préparé trop tactiquement, rétorque Ludovic Fabregas. C’est important de préparer le match pour avoir une forme de cohésion, de mettre d’accord tactiquement pour répondre à des offensives adverses et être plus en confiance, pour que chacun sache ce qu’il a à faire".

Toujours très pointilleux dans sa préparation des matchs, le capitaine s’est tout de même donné une journée de repos, sans vidéo, vendredi, pour digérer l’élimination. Et dans cette optique de tourner la page croate, "on met les garçons en responsabilité sur cette idée de switcher, explique Guillaume Gille, mais ce sont aussi les temps d’échanges qui le permettent. Parce qu’il faut parler, partager, car la frustration a besoin de s’évacuer pour être mise au service de la suite, et on est les garants de ce processus-là"

Sur les temps morts, les Bleus ont appris des JO

Sur les temps morts, où Guillaume Gille a parfois trop laissé la parole à ses joueurs, en témoigne celui posé à la dernière minute du temps réglementaire du match perdu contre l’Allemagne en quarts de finale des JO, le sélectionneur a repris un peu la main. Et il est le premier à s'exprimer. "Il y a un temps pour moi, pour les consignes, et un temps pour les joueurs", assure-t-il. C’est alors une nouvelle fois aux leaders désignés "que revient l’opportunité de s’exprimer, de donner de la voix pour influencer les choix stratégiques, car si tout le monde y va de son petit mot, ça va nous faire perdre un peu le fil", complète-t-il.

Dika Mem, qui avait coupé la parole à ses coéquipiers pendant ce fameux temps-mort des JO, assure avoir "appris" de cet évènement. "Je laisse parler et si j’ai quelque chose à dire, je le fais avec mes mots, le plus calme possible, pour transmettre de la confiance au groupe, parce que je pense que mon erreur a été d’envoyer un message sans être vraiment confiant dans celui-ci", explique-t-il. 

Et pour montrer que l’ensemble du groupe a tiré les leçons des Jeux olympiques, pour avancer, les Bleus ne veulent plus s’appesantir sur cet échec. "Aujourd’hui c’est un nouveau groupe, une nouvelle manière de fonctionner, une nouvelle dynastie qu’on a envie de créer et une destination qu’on est en train de chercher. Ce qu’il s’est passé aux JO, c’est triste, c’est dur, mais le sportif a la mémoire courte, on n’a pas le choix. Il y a une très belle médaille à aller chercher et on va se battre", conclut Nedim Remili.

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