Ligue 1 : un record d'affluence historique pour l'OM, qui a mis le Vélodrome au cœur de son projet économique

L'affiche entre l'Olympique de Marseille et l'AS Saint-Etienne de ce samedi 15 février, pour le compte de la 22e journée de Ligue 1, est entrée dans l'histoire du championnat. Pour l'occasion, 66 199 spectateurs ont garni les travées du stade Vélodrome, dépassant ainsi le précédent record du championnat, datant de mars dernier lors... d'OM-PSG (66 046 spectateurs).

L'enceinte phocéenne étant la plus grande du championnat de France, l'Olympique de Marseille enregistre par le même coup la plus grande affluence pour un match de Ligue 1, hors rencontres délocalisées au Stade de France (le 7 mars 2009, 78 056 spectateurs avaient assisté à un Lille-Lyon à Saint-Denis). Mais, plus qu'un chiffre pour pavoiser, ce record est l'aboutissement d'un long travail pour l'OM, qui cherche à faire de son stade un véritable atout sportif et économique, encore plus dans ce contexte d'incertitudes autour des droits TV.

L'OM dans le top 10 mondial

Depuis trois ans, malgré sa taille, le stade Vélodrome a pris l'habitude de jouer à guichets fermés. Sur les 64 dernières rencontres du club phocéen, c'est arrivé à 54 reprises : soit autant qu'entre 2004 et 2022. Cette saison, l'OM n'a d'ailleurs pas démarré un de ses 11 matchs devant son public avec les guichets ouverts, ce qui fut également le cas en 2022-2023. Une particularité que l'on retrouve également du côté de Lens et Strasbourg, avec des stades de moindre envergure (38 223 places à Bollaert, 27 500 à la Meinau). 

Selon le nombre de supporters adverses présents (les Stéphanois sont interdits de déplacement ce samedi, ce qui permet à l'OM de vendre les places du parcage visiteurs à ses supporters), la moyenne de spectateurs au Vélodrome est donc de 63 863 par match, même en tenant compte des quelques huis clos infligés. 

Depuis 2022, l'évolution est nette. Elle est le fruit d'une volonté : celle de Pablo Longoria. En privé, le président espagnol de l'OM explique depuis longtemps qu'avoir un stade plein, quitte à baisser les prix, est une priorité. "Ce changement peut être expliqué par la volonté du Président de se rapprocher des supporters avec - à sa demande - des actions visant à multiplier les interactions entre les joueurs et les supporters", confirme-t-on au club. Une plateforme de revente a également été lancée, pour que les abonnés absents un jour de match puissent revendre leur place.

Or des abonnés, l'OM en compte un nombre certain : 45 000 pour la saison 2022-2023, 48 000 en 2023-2024, et 49 000 cette saison, du jamais-vu en France. Un plafond au-delà duquel le club n'ira pas, "avec toujours cette volonté de conserver un nombre de places conséquent pour les supporters qui viennent de plus loin", explique-t-on du côté de la Commanderie. Et qui s'explique aussi par le prix des abonnements (à partir de 180 euros, contre 460 euros à Paris ou 230 euros à Lyon) : en L1, seuls le Havre, Montpellier et Angers ont des tarifs moins élevés.

C'est simple, parmi les autres enceintes de Ligue 1, seul le Groupama Stadium de Lyon pourrait accueillir les abonnés de l'OM. Tout cela réunit place même l'Olympique de Marseille à la 10e place du top 10 mondial des affluences moyennes sur l'année 2024, tandis que le Vélodrome s'est installé durablement dans le top 10 européen depuis dix ans, au milieu de mastodontes continentaux,  selon l'UEFA.

Un atout sportif et économique

Au point que l'enceinte du boulevard Michelet est devenue un lieu de passage obligé pour les groundhoppers européens. Mais il n'y a pas que ces touristes du ballon rond amoureux des stades qui sont séduits par "le Vél". Car si avoir un stade plein était la priorité de Pablo Longoria à sa prise de pouvoir, c'est aussi pour l'aspect sportif.

Courtisé par Manchester United l'été dernier, l'entraîneur actuel de l'OM, Roberto De Zerbi, a ainsi choisi la Canebière pour son ambiance, après y être passé en coupe d'Europe avec Brighton à l'automne 2023. "Je ne suis pas venu pour la Ligue 1, mais pour entraîner dans ce stade, pour vivre ce genre de match, pour voir exploser le stade", expliquait ainsi l'Italien après la victoire de l'OM contre Lyon, le 2 février.

"Je me sens privilégié et chanceux d'être l'entraîneur de l'OM, parce que ce stade est vraiment unique en Europe, et j'en ai quand même vu des stades... Bien qu'on soit payés pour travailler ici en tant que professionnels, il faudrait que nous-mêmes achetions le billet les soirs de match pour voir ce spectacle."

Roberto De Zerbi, entraîneur de l'OM

après OM-OL

Côtés joueurs, aussi, cela a contribué à attirer plusieurs gros noms ces dernières saisons, à l'image d'Adrien Rabiot et Pierre-Emile Hojbjerg cette année, mais aussi d'Alexis Sanchez ou Pierre-Emerick Aubameyang, qui ont tous loué l'ambiance du Vélodrome. Des opérations également rendues possibles par la bonne santé financière du club, elle aussi en partie due au taux de remplissage du stade Vélodrome. En effet, si l'OM ne communique pas ses recettes de jour de match, le club "fait savoir que l'Orange Vélodrome représente un pilier majeur de ses revenus".

En témoigne la Deloitte Football Money League, une étude qui place Marseille dans le top 20 des clubs européens générant le plus de chiffre d'affaires, pour la deuxième année consécutive, avec un bon de 11% en un an. Ce que l'OM reconnaît devoir en partie au "soutien inconditionnel du Peuple Bleu & Blanc, des partenaires et des clients du club". Car si les records ne valent pas des titres, ils peuvent aider à les conquérir.