En attend-on trop de Martin Fourcade?
Martin Fourcade a réalisé un week-end moyen pour ses standards, malgré sa formidable remontée de samedi. Pendant ce temps, Quentin Fillon-Maillet décrochait une deuxième place, Simon Desthieux 3 tops 10. Le leader doit-il laisser un peu de lumière à ses coéquipiers?
"J'ai créé un monstre" La phrase est de Roger Federer. Mais également, depuis ce samedi, de Martin Fourcade. Coup de comm' réfléchi ou inspiration du champion, elle n'est pas à ignorer. Fourcade a atteint le plafond de verre que les grands sportifs du siècle ont également atteint avant lui.
Et soulève une question que seuls ces athlètes exceptionnels sont en droit de se poser. Peut-on trop gagner ? Nous ne reviendrons pas ici sur l'immense palmarès du Français. Quand on remporte 7 gros globes de cristal et 76 victoires, il devient dérisoire d'énumérer tous les exploits que cela implique. En revanche, ce dont on parle un peu moins, c'est du niveau d'exigence qui en découle.
Fourcade et le trop plein de lumière
Les spectateurs, les journalistes, les athlètes eux-mêmes s'habituent à l'exceptionnel. Or, tutoyer les sommets ne préserve pas des chutes, et ce même si celles-ci sont largement moindres que celles que connaissent les autres athlètes. Que Fourcade remonte 38 adversaires et fasse un Top 10 en un week-end n'empêche pas les trois quarts de la planète biathlon de s'inquiéter pour le champion français, alors que, dans le même temps, l'équipe de France dans son ensemble réalise un très bon début de saison.
Fourcade est-il fatigué ? Lassé de la compétition, même s'il affirme le contraire ? Peut-être ne s'en rend-il pas compte lui-même? Sa condition physique est-elle en train de baisser? Le temps fait-il, tout simplement, son oeuvre ? Rappelons que nous parlons d'un biathlète ayant décroché deux victoires et une deuxième place en 8 courses cette année. C'est entendu, c'est le fardeau des champions d'exception. Les journalistes (mea culpa) n'ont d'yeux que pour ce qui brille très fort et très vite, quitte à sous-exploiter les performances des autres.
Mais Fourcade lui-même n'a-t-il pas sa part de responsabilité? L'avez-vous déjà entendu réclamer que l'on se désintéresse un peu de lui ? Fourcade ne s'en est jamais caché. Il aime son sport. Il aime l'histoire de son sport. Et, par dessus tout, il aime écrire l'histoire de son sport, page par page, exploit après exploit. Plus que personne, il a su apprivoiser les codes médiatiques. Le "monstre" a les cartes en main pour se normaliser (même un peu).
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Le déclic pour les Français de l'ombre ?
La (toute relative) méforme de Martin Fourcade n'est pas la seule anomalie de ce début de saison. L'équipe de France est en pleine forme, la densité des rangs Bleus fait plaisir à voir ; et Martin Fourcade pourrait en profiter pour retrouver, tranquillement, les certitudes qu'il a perdues. Car la saison yo-yo de Fourcade est à analyser à l'aune de la très belle année des Français. Sans aller jusqu'à établir une douteuse relation de cause à effet, le constat s'impose : Fourcade moins bien, les Français se lâchent et montrent tout ce qu'ils savent faire.
Certes, leur carrière ne s'est pas lancée ces derniers mois. Chacun d'entre eux avait déjà glané quelques médailles en championnats du monde ou en coupe du monde. Mais cette année, leur régularité au plus haut niveau est considérable. Simon Desthieux est monstrueux sur les skis. Ce dimanche, il a terminé sixième de la Mass Start en commettant 4 fautes. Il reste sur quatre tops 10 d'affilée.
Antonin Guigonnat a, lui aussi, montré de belles choses en finissant six fois parmi les dix meilleurs. Et que dire de Quentin Fillon-Maillet? Superbe deuxième ce dimanche derrière Boe, ce n'est même pas son premier exploit puisqu'il avait déjà été deuxième cette année, à Pokljuka. Il reste irrégulier, mais peut à tout moment sortir une performance majuscule.
Cette régularité au plus haut niveau pour les Français n'est pas anodine. Il semble que chacun d'entre eux se dise aujourd'hui : "Pourquoi pas moi?". Les barrières mentales sont tombées. A la manière d'un Stanislas Wawrinka qui, terré dans l'ombre de Federer pendant une décennie, s'est nourri des miracles successifs de son aîné pour repousser ses propres limites, les biathlètes Français sortent de leur zone de confort. Et enchaînent les places d'honneur.
Bien sûr, ils n'égaleront jamais les prouesses de Fourcade. Ce n'est d'ailleurs pas leur objectif. Eux sont là pour briller un peu, prendre leur part de lumière, à leur tour. Et il appartient peut-être à Martin de laisser souffler le monstre Fourcade.
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