: Reportage Paris-Roubaix 2025 : en immersion avec les assistants de la formation FDJ-Suez, indispensables soutiens des coureuses en course
Postés à la sortie de tous les secteurs pavés, les assistants ravitaillement, parfois accompagnés de mécaniciens, sont sur le qui-vive pour parer à tout problème des coureuses sur l'Enfer du Nord.
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"C'est la guerre sur la course, mais c'est aussi la guerre derrière !" Derrière ses lunettes de soleil mais devant ses frites et sa fricadelle prêtes à être dévorées en attendant les coureuses, Jules résume tout le Paris-Roubaix qu'on ne voit pas à la télévision. Mécanicien de la formation FDJ-Suez, il fait partie de la dizaine d'assistants de la troisième équipe mondiale (et première française), dispatchés à la sortie des secteurs pavés pour porter assistance aux coureuses.
Au total sur l'édition 2025, ils sont huit groupes et chacun a deux secteurs pavés à couvrir pour balayer les 17 prévus sur l'itinéraire (le dernier avant le Vélodrome n'étant qu'une formalité). La répartition est définie en amont par les directeurs sportifs. Chacun sait exactement où se positionner et peut vérifier en temps réel où chacun se trouve sur une application.
Une course dans la course
Jules est accompagné de Jeanne, dédiée au ravitaillement en bidons. Tous deux salariés de la FDJ, ces anciens coureurs amateurs, âgés d'une vingtaine d'années, sont les petites mains invisibles des coureuses. Toute l'année, ils les accompagnent pour être leurs anges gardiens quand la voiture suiveuse n'est pas disponible. Course mythique oblige, ils sont samedi renforcés de Jannick, bénévole retraité proche de l'équipe puisqu'il était présent à sa création en 2006, lorsqu'il s'occupait de la boutique sur son temps libre. "Ça a bien changé, ça a sacrément monté en gamme", souffle-t-il à l'arrière de la voiture, roues de rechange sur les genoux et casquette de vélo vintage sur le crâne.
Parti du départ, situé à Denain (Nord), trente minutes avant les coureuses, le trio vient se positionner au secteur 15, le troisième à franchir, entre Tilloy (Pas-de-Calais) et Sars-et-Rosières (Nord). Un secteur de difficulté quatre étoiles (sur cinq) où le mercure autour de 25 degrés aide à patienter. Pour l'instant, le calme préside avant la tempête. Sous les coups de 15h15, le peloton passe la tête dans le guidon.
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Jeanne, qui découvre Paris-Roubaix pour sa deuxième année dans l'équipe, tend les bidons pour que les coureuses les attrapent au vol. Trop concentrées, mal placées pour le saisir au vol, ou simplement pas dans le besoin, les coureuses FDJ-Suez fusent devant elle sans en attraper. Les assistants l'affirment : l'adrénaline monte dans ce moment-là, mais pas de stress. "Bon, la montre affiche quand même 120 pulsations", reconnaît en souriant la native du Nord.
Pas une minute à perdre
Jules, posté un peu plus loin, revient en trombe en voiture les récupérer. Leur course à eux s'enclenche alors : on monte tant bien que mal dans l'habitacle, quitte à démarrer une roue à la main pour Jules, et on fonce au secteur suivant. Pour cela, il faut serpenter dans les chemins cahoteux du Nord, braver les secteurs pavés, suivre le GPS tout en contournant les barrages de police qui jalonnent la course. "Soyez prêtes à suivre les attaques, allez, allez, allez", bourdonne à la radio le directeur sportif Nicolas Maire, qui donne ses instructions aux coureuses à l'oreillette.
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À leur arrivée autour de 16 heures au secteur numéro 8 de Templeuve, situé à 35 kilomètres de l'arrivée, la course s'est largement décantée, rendant leur travail plus lisible. Trois coureuses FDJ-Suez roulent dans le groupe des favorites : les Françaises Marie Le Net et Jade Wiel, et la Suissesse Elise Chabbey. Cette fois, le trio se répartit sur une centaine de mètres, au milieu d'une procession de dossards multicolores des différentes équipes, un bras tendu avec un bidon, et l'autre avec une roue de rechange. Jules, qui a fait une formation de mécanicien vélo après son baccalauréat, se tient prêt, notamment en cas de changement de dérailleur, une manipulation compliquée pour les coureuses en pleine course. "Mettre un coup de pied, souvent ça ne suffit pas", sourit-il.
Prêts à dépanner
En cas de dépannage, il faut aussi pour eux composer avec l'intensité de la course et la rapidité nécessaire. "Mais dans l'équipe, elles sont zen, parfois presque trop !", sourit Jules. "On peut attendre Dudu !", lance-t-il à sa collègue avant le passage d'Eugénie Duval, 4e de Paris-Roubaix en 2023. Une fois la cycliste passée, ils courent à la voiture. Direction l'arrivée. Car il faut absolument être à temps sur le Vélodrome pour accueillir les coureuses, épuisées et marquées par l'effort.
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Elise Chabbey, première FDJ-Suez à l'arrivée (7e), est récupérée par Jules avant de s'allonger par terre, le souffle court. La malheureuse Vittoria Guazzini, qui a crevé tôt dans la course, arrive quant à elle le visage bariolé de marron dû à la poussière, après avoir tenté en vain de rentrer sur les favorites.
Derrière le sacre de Pauline Ferrand-Prévôt, l'objectif d'un "top 5 minimum" selon le directeur sportif, n'est pas parfaitement atteint. Mais il avait prévenu : "Au minimum un top 5, oui, mais je reste humble face à Paris-Roubaix, il peut se passer tellement de choses". Et pour limiter au maximum les dégâts imprévus de toutes ces choses, les assistants sur le parcours en sont le rouage discret, mais essentiel.
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