: Reportage Cyclisme : comment le Rwanda se prépare à accueillir les premiers Mondiaux en Afrique
En septembre 2025, le Rwanda sera l'hôte des premiers championnats du monde de cyclisme organisés sur le continent africain. Le Tour du Rwanda, qui se termine dimanche, fait figure de répétition générale.
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Des hôtels de luxe qui poussent partout dans la ville, quelques grandes artères encore en travaux… Loin des conflits en cours à la frontière avec la République démocratique du Congo, le Rwanda et sa capitale Kigali se préparent à accueillir le monde, du 21 au 28 septembre, pour les premiers championnats du monde de cyclisme disputés en Afrique. La dernière étape du Tour du Rwanda, dimanche 2 mars, tracée en partie sur le parcours de ces Mondiaux, donnera déjà un avant-goût de l'événement, le plus important jamais accueilli par le Pays aux mille collines.
C'est donc un Tour du Rwanda "spécial" qui s'est élancé pour démontrer que le pays "a la capacité de recevoir les Mondiaux", assure Freddy Kamuzinzi, le directeur de la course, pour qui le pays et l'organisation "n'ont pas le droit à l'erreur". D'éminents membres de l'Union cycliste internationale (UCI) scrutent l'épreuve à sept mois des Mondiaux. David Lappartient, son président, était lui-même présent, dimanche 23 février, pour en donner le départ, au côté de Paul Kagame, le chef d'Etat, sous un soleil de plomb et devant le grand stade d'Amahoro (45 000 places), qui n'a rien à envier aux enceintes européennes.
"Ce pays est sécurisé", assure David Lappartient
Malgré le conflit qui fait rage à 100 kilomètres de Kigali, à la frontière avec la RDC, dans lequel le Rwanda est partie prenante puisqu'il soutient le groupe rebelle M23, David Lappartient a bien assuré que les championnats du monde seraient organisés dans la capitale rwandaise, où la vie suit son cours paisiblement. "Ce Tour du Rwanda donnera confirmation que ce pays est sécurisé, affirme-t-il, veste et cravate enlevées pour se rafraîchir alors que la fin du mois de février est anormalement chaude et sèche pour la région. C'est bien qu'il se déroule maintenant parce que ça va démontrer, au-delà des polémiques qu'ont pu lancer certains, que ce championnat du monde aura bien lieu ici en septembre. Nous y travaillons depuis très longtemps avec le gouvernement rwandais", assure-t-il.
Pour le côté éthique, celui d'organiser un tel évènement dans un pays qui soutient un groupe armé qui a pris le contrôle de grandes villes congolaises comme Goma ? "L'éthique est toujours un sujet majeur pour nous, répond David Lappartient. Je laisse le soin aux gouvernants de régler les sujets. L'UCI appelle naturellement à la paix et à la désescalade. Mais nous sommes politiquement neutres. Le sport n'est pas un outil de sanction, mais le sport est un outil au service de la paix." L'UCI avait, à l'époque, suspendu les équipes et les courses russes après l'invasion en Ukraine.
"On ne pourra pas avoir 10/10, mais il faut voir cela comme une fête"
Dans ce contexte géopolitique, le Tour du Rwanda a reçu "beaucoup de demandes d'accréditations de journalistes, mais malheureusement pas nécessairement pour les bonnes raisons", regrette Freddy Kamuzinzi, qui préfère se concentrer sur l'organisation de l'épreuve plutôt qu'évoquer les sujets politiques. "C'est une répétition générale, comme un test-event, parce que sur la dernière étape, on va mettre en place des infrastructures qui seront là en septembre. L'arche déployée à l'arrivée sera celle des Mondiaux, il y aura les barrières de sécurité, les barrières des sponsors, et la tente de l'espace VIP", décrit-il.
La capitale compte déjà de grandes artères goudronnées, propres et bordées de palmiers sans quasiment le moindre ralentisseur, ce qui devrait plaire aux coureurs. Quotidiennement, de très nombreux mototaxis empruntent ces boulevards, générant une pollution, accrue encore par les nombreux travaux en cours qui provoquent parfois des embouteillages, notamment aux abords du Kigali Convention Centre.
C'est ici que seront installés le centre névralgique et le lieu d'arrivée de toutes les courses des Mondiaux. Les ouvriers s'y activent malgré la chaleur. "A travers la ville, les routes sont bien entretenues. Il y en a une nouvelle entre Nyanza et Canal Olimpia [au sud de la capitale, où passeront les épreuves de contre-la-montre], et des modifications pourraient avoir lieu ailleurs, entre le Tour du Rwanda et les Mondiaux", affirme Freddy Kamuzinzi.
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Dans la capitale, de nouveaux hôtels de luxe sont en pleine construction. Le Rwanda mise énormément sur le tourisme pour se développer. Mais plusieurs fédérations, comme la Belgique et les Pays-Bas, ont annoncé qu'elles n'enverront pas toute leur délégation en raison du prix trop élevé des hôtels. "J'ai été très surpris, répond le directeur du Tour du Rwanda. En Australie [lors des Mondiaux 2023], les prix étaient exorbitants mais personne n'a fait de commentaire. Il faut que les gens donnent sa chance au Rwanda. C'est la première fois sur le continent africain, il faut soutenir cette organisation et cette page d'histoire. Je ne pense pas que cela pose vraiment problème, parce que la quasi-totalité des délégations sont en train de valider leurs hébergements." Comme constaté par franceinfo: sport, des chambres sont toujours disponibles dans des hôtels trois ou quatre étoiles de Kigali aux dates de l'évènement, pour un tarif compris entre 180 et 200 euros la nuit.
Le conflit toujours en arrière-plan
Pour organiser ces championnats du monde, la Fédération rwandaise de cyclisme (Ferwacy) fera aussi appel à ASO (Amaury sport organisation, organisateur notamment du Tour de France) et Golazo (une société belge d'organisation de courses cyclistes). "Nous ne maîtrisons pas totalement cette partie sportive et technique, c'est pour cela que nous faisons appel à des partenaires. On ne pourra pas avoir 10/10, mais il faut voir cela comme une fête historique", lance Freddy Kamuzinzi.
Des centaines de milliers de spectateurs sont attendus, et la ferveur populaire, déjà aperçue sur le Tour du Rwanda avec une foule très nombreuse sur le bord des routes, donne un avant-goût de ce qui attend les coureurs pour les Mondiaux. Mais le conflit n'est jamais loin. Les interrogations actuelles reposent sur la participation ou non des équipes de la RDC, que l'UCI et la confédération africaine souhaitent voir présentes, alors que l'équipe féminine est basée à Goma, au cœur de la zone de guerre.
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