Commotions : une action en justice de plus de soixante-dix joueurs contre World Rugby
Un groupe de plus de soixante-dix joueurs de rugby, anciens internationaux anglais et gallois pour la plupart, prépare une action en justice contre World Rugby et les Fédérations d'Angleterre et du Pays de Galles, pour mauvaise prise en charge des commotions subies pendant leur carrière.
C'est une action en justice qui pourrait avoir de grandes répercussions dans le monde du rugby. Selon le Telegraph, un groupe de plus de soixante-dix joueurs, majoritairement Anglais et Gallois, se retourne contre World Rugby (l'organisme international qui gère le rugby à XV et à sept) et les Fédérations anglaises et galloises de rugby. Parmi ces joueurs, quelques anciens internationaux qui souffrent de séquelles liées à des commotions répétées durant leur carrière. Des séquelles qui auraient pu être évitées selon eux, si les organes directeurs avaient mis en place de meilleurs protocoles commotion.
Cette action en justice n'est pas sans rappeler le recours collectif de 4 500 anciens joueurs de football américain contre leur fédération (la NFL) en 2012. Cette dernière avait été contrainte de verser un milliard de dollars de compensation aux plaignants.
Une blessure sur cinq est une commotion
Selon un rapport de 2018 de la RFU, la fédération anglaise de rugby à XV, la commotion est la blessure la plus courante en match sur sept années consécutives : elle représente une blessure sur cinq, soit 20 %. Selon ce même rapport, 16 % des joueurs professionnels anglais auraient subi au moins une commotion lors de la saison 2017-2018.
"Il y a encore énormément de choses qu'on ne connaît pas dans ce domaine, explique Jean-François Chermann, neurologue spécialiste des commotions dans le sport. Le traumatisme crânien sévère est un facteur de risque majeur dans le développement de pathologies type maladie d'Alzheimer. Mais est-ce que les traumatismes légers, comme des coups répétés à la tête, augmentent également le risque de développer ces pathologies ? On ne sait pas."
Un repos réduit et peu de neurologues
La quasi totalité des joueurs du groupe ont subi des chocs à la tête et souffrent de symptômes comme des insomnies, des migraines, de la perte de mémoire ou de la dépression depuis leur retraite sportive. Le groupe estime avoir été mal protégé par les instances de rugby, qui, bien qu'au courant des risques liés aux traumatismes crâniens, n'auraient pas agi pour les réduire. Pour le groupe de plaignants, la décision prise par World Rugby en 2011 d'abaisser la période de repos après un traumatisme crânien en est la preuve. Avec la professionnalisation du rugby dans les années 1990, les instances directrices ont développé un discours minimisant les risques des commotions : alors qu'en 1977, les joueurs ayant subi un traumatisme crânien devaient s'arrêter trois semaines, en mai 2011, cette période a été réduite à une semaine.
"Le problème en Angleterre, c'est qu'il n'y a pas assez de neurologues, estime Jean-François Chermann, à l'origine du protocole de prise en charge des commotions. Ce sont souvent des médecins du sport et non des neurologues qui autorisent les joueurs à reprendre après un traumatisme crânien. C'est problématique parce qu'un médecin trop proche du joueur ne va pas forcément prendre la bonne décision : il va avoir tendance à le faire rejouer plus vite parce que c'est très compliqué psychologiquement d'empêcher un professionnel de jouer."
Steve Thompson, Alix Popham et Carl Hayman dans le groupe des plaignants
Avec cette action en justice, les anciens joueurs souhaitent s'assurer une sécurité financière qui leur permettrait de payer leurs traitements médicaux conséquents, et faire passer un message de prévention à l'actuelle génération de joueurs professionnels.
Parmi les plaignants, Steve Thompson, vainqueur de la Coupe du monde avec l'Angleterre en 2003. L'ancien talonneur anglais, atteint d'un stade précoce de démence à 42 ans, a confié au Guardian ne plus se souvenir avoir remporté la Coupe du monde. Le groupe compte également Alix Popham, 41 ans, capitaine à 33 reprises pour le Pays de Galles et le troisième ligne Michael Lipman, 40 ans, dix fois titulaire avec le XV de la Rose. Carl Hayman, ancien All Black et pilier de Toulon a également été approché pour rejoindre cette action en justice, rejoindre cette action en justice, qui pourrait bien être "véritable bombe", selon le neurologue Jean-François Chermann, persuadé qu'une affaire similaire pourrait se développer dans le rugby français.
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