F1 : que peut vraiment changer le deuxième arrêt au stand obligatoire, instauré cette année au Grand Prix de Monaco ?

Pour le huitième Grand Prix de l'année dans les rues de la Principauté, dimanche, les pilotes auront pour obligation de passer deux fois par les stands.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La monoplace de Charles Leclerc (Ferrari) aux stands lors du Grand Prix de Miami (Etats-Unis), le 4 mai 2025. (MARK THOMPSON / AFP)
La monoplace de Charles Leclerc (Ferrari) aux stands lors du Grand Prix de Miami (Etats-Unis), le 4 mai 2025. (MARK THOMPSON / AFP)

Deux arrêts et quelques doutes. Lors du Grand Prix de Monaco, dimanche 25 mai dans les rues de la petite Principauté, les pilotes engagés devront réaliser non pas un, mais deux arrêts aux stands obligatoires, selon une nouvelle règle introduite par la Fédération internationale automobile (FIA) fin février spécifiquement pour l'épreuve monégasque. Une mesure pour tenter de forcer le spectacle, et qui laisse planer l'incertitude sur le paddock avant la course.

"C’est une décision qui intervient surtout en réaction à la course de Monaco de l’année dernière, où tout le monde avait effectué son changement obligatoire sous drapeau rouge, ce qui avait donné une très longue procession, où toutes les voitures avaient géré leur vitesse de sorte à ne pas dégrader leurs pneus et être capables de faire toute la course avec un seul train de pneus", détaille Cyril Abiteboul, ancien directeur de l'écurie Renault F1, et consultant franceinfo: sport. En 2024, le carambolage du premier tour avait permis aux pilotes de changer rapidement leurs pneus, ce qui avait atténué l'incertitude autour des passages aux stands.

Encourager les stratégies différenciées

Avec ce second arrêt forcé (la règle habituelle énonce qu'un seul arrêt pour un changement de pneus est obligatoire en course), la FIA espère ajouter un peu de piment dans une course souvent qualifiée d'ennuyeuse sur la piste ces dernières années. "L'idée d'avoir deux arrêts, c'est bien évidemment de forcer du chaos, c'est de forcer des stratégies qui peuvent être décalées [...] pour qu'il y ait du spectacle et du suspense jusqu'au dernier tour", résume Cyril Abiteboul. Car si toutes les équipes ne partent pas sur la même stratégie, le classement pourrait évoluer jusque dans les derniers tours, au rythme des 40 passages aux stands prévus.

Les stratégies pourraient notamment se retrouver décalées en fonction de la position de la voiture sur la grille de départ, anticipe Cyril Abiteboul : "Quand on sait qu'on n'est pas dans les points, on n'a pas grand-chose à perdre en adoptant une stratégie différenciée [...] On peut imaginer que le groupe de devant fasse la course la plus rapide possible, donc avec des arrêts un peu plus tôt, et que le groupe de derrière retarde au maximum ses arrêts dans l'espoir qu’il y ait une voiture de sécurité qui permet de réduire le coût d'un arrêt." La sortie d'une voiture de sécurité, dont le risque s'élève à 43% selon les statistiques de la F1, récompenserait ceux qui ont repoussé leur deuxième passage aux stands avec un arrêt moins coûteux en temps. Mais l'attendre relève du pari.

"Je ne suis pas sûr que grand monde sache ce que ça va faire"

Dans le paddock avant la course, il n'y avait encore aucune assurance sur les effets réels de cette contrainte lors du Grand Prix, mais beaucoup de questions et d'attentes. "Je crois que ça peut aller dans les deux sens, ça peut être très simple, ou ça peut devenir complètement fou, s'il y a des voitures de sécurité qui rentrent en jeu, s'il faut faire les bons choix", a commenté Max Verstappen (Red Bull) en conférence de presse, jeudi 22 mai. "Au final, je ne suis pas sûr que grand monde sache ce que cela va faire, ça pourrait même ne pas changer grand-chose. Je suis sûr que ça va ouvrir des stratégies qu'il faudra bien négocier", a également expliqué Pierre Gasly (Alpine).

Pour Cyril Abiteboul, pas de quoi non plus remettre en cause l'importance de la pole position, que l'on dit primordiale à Monaco, où il est difficile de dépasser, pour espérer la victoire le dimanche : "Je pense qu’on n'a pas suffisamment de certitudes sur l’effet des deux arrêts ou sur les événements de course qui peuvent survenir pour dire que tout à coup la qualification va être moins importante qu’auparavant." Mais cette incertitude peut tout de même donner de l'espoir, assure Fernando Alonso : "Normalement, à Monaco, après le samedi, les positions sont plus ou moins figées, mais je pense que grâce à ces deux arrêts, il y a de l'espoir et des possibilités pour le dimanche." Cette année, Monaco ne sera peut-être pas synonyme d'attente et d'ennui.

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